«La reconnaissance ne réparera pas tout»

JUSTICE. «La reconnaissance ne réparera pas tout», a dit une des victimes alléguées dans l’affaire Guillot, à la suite des demandes de pardon formulées par l’Association d’églises baptistes évangéliques au Québec.

Au nom d’un regroupement de victimes, une jeune femme ayant fréquenté l’École La bonne semence a pris la parole, de même qu’Adrien, celui qui se présente comme la «cinquième victime» de l’ancien pasteur Claude Guillot.

Ce dernier a dit que cette reconnaissance publique constituait une autre étape dans son cheminement, lui qui dit avoir été battu «ici même dans le sous-sol de l’église» (de Victoriaville), «doublement blessé» parce que le geste était cautionné.

«On nous a méprisés et bafoués», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait tenté pendant vingt ans de se faire entendre de l’Association. «Je n’ai pas eu d’écoute de leur part», parlant des anciens administrateurs.

Il a remercié le pasteur retraité Gabriel Cotnoir d’avoir eu «l’humilité et le courage d’exprimer personnellement ses regrets» et de l’avoir encouragé, en 2015, à porter plainte.

Adrien a poursuivi en disant qu’il était content d’apprendre que l’Association sera «proactive» et qu’elle mettra tout en œuvre pour protéger l’intégrité des enfants… qui ne sont pas l’«incarnation du mal».

Il a enfin souligné que de mettre constamment le blâme sur ceux qui dénoncent, de les déprécier était une tactique pour les réduire au silence.

«L’amour du prochain doit passer avant l’organisation et la belle apparence.»

«Ce 19 juillet est une date importante», a renchéri une porte-parole d’un regroupement de victimes dont elle a recueilli les commentaires au cours des derniers jours.

Elle a dit qu’il avait fallu attendre la judiciarisation, la médiatisation et la pression d’autres églises pour obtenir cette reconnaissance publique.

La médiatisation de l’affaire Guillot a fait remonter des images enfouies, de l’humiliation, de la douleur, de la colère.

La jeune femme a parlé d’un «premier pas», espérant qu’un jour ceux qui sont absents aujourd’hui – pasteurs, directeurs, participants, témoins – reconnaîtront aussi qu’ils ont contribué à briser des vies.

Elle a dit que les victimes de Victoriaville étaient solidaires de celles de l’église de Québec, souhaitant qu’elles puissent retrouver un sens à leur vie.

Elle a remercié l’Association d’églises baptistes pour son changement de ton et Gabriel Cotnoir pour avoir pris ses responsabilités.