La laine des alpagas… c’est Annick Picard qui la «tondaine»

TOURISME. Quiconque circule dans le rang Nault à Victoriaville aura jeté un œil curieux sur un troupeau d’alpagas, dont le nombre de têtes ne cesse de croître depuis 2010. On pourra désormais s’y attarder puisque sa jeune propriétaire Annick Picard ouvre au public sa boutique et son enclos.

Depuis le 24 juin, du jeudi au dimanche, deux fois par jour, elle anime des visites d’une heure.

Elle y parle de son élevage d’une vingtaine d’alpagas, de leur toison qu’elle tond elle-même, qu’elle sait carder, filer et tricoter. Et elle ouvre l’enclos afin que parents et enfants puissent s’approcher des petits camélidés.

Biologiste de formation, Annick Picard est originaire de Saint-Rémi-de-Tingwick où ses parents, Gaétane Champoux et André Picard exploitaient une ferme laitière.

Ces derniers sont maintenant installés à Notre-Dame-de-Ham et c’est avec eux que la jeune femme a acquis, en 2010, ses deux premiers alpagas, des femelles gestantes. De là le nom de son entreprise Alpagas d’Ham Nature.

L’idée de se lancer dans ce type d’élevage lui a été inspirée par un reportage à la Semaine verte.

En fait, ce troupeau qu’elle s’applique à faire grandir conjugue son amour de la nature, son attirance pour l’animal d’une «irrésistible beauté» et le plaisir qu’elle a à en tricoter la laine.

La jeune femme de 30 ans tricote depuis qu’elle est toute petite. C’est la mère d’une de ses voisines qui lui a montré ses premières mailles alors qu’elle était fillette.

Des jupes pour ses Barbie, des petites sacoches, des foulards, elle s’est enhardie peu à peu à confectionner mitaines, tuques, chaussettes, jouets. Dans sa boutique, elle offre à voir… et surtout à toucher la laine des alpagas.

Tout doux

Car c’est la nature de la fibre qui lui a fait préférer l’alpaga au mouton. Et qui lui a fait choisir la race Huacaya.

«La laine de l’alpaga est plus chaude, plus douce, plus résistante que celle du mouton. Et elle est hypoallergénique.» Il faut l’entendre parler du poil tout doux du cria (le nom du bébé alpaga), de toutes les variantes de la fibre selon la partie du corps de l’animal, de son âge, du fait que la femelle soit ou non gestante. La toison d’un sujet vieillissant se transformera en pièce feutrée.

Il y a la laine, mais il y a aussi l’élevage qui plaît à Annick Picard… et à son conjoint, Kevin Boucher, qui lui donne un solide coup de main.

L’alpaga est calme, facile à manipuler, peut vivre dehors hiver comme été, explique-t-elle. Elle circonscrit la période des naissances pour faire en sorte que les bébés viennent au monde entre mai et septembre, la gestation durant onze mois et demi.

La jeune femme ne croit pas que le troupeau de la fermette puisse faire vivre le couple. «Avec l’espace dont on dispose, on ne pourra pas dépasser une trentaine de têtes.»

Productrice et maman

Elle a troqué son travail à l’Agence forestière des Bois-Francs contre celui qui nécessite l’élevage de son troupeau et lui permet de s’occuper de son petit Édouard.

Bien malgré lui, il a fait les manchettes l’an dernier. Né bébé-bleu à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, il a été sauvé in extremis par l’équipe du Centre mère enfant du CHU de Québec qui est venu le chercher. Après une septostomie ballon d’urgence, il a subi une chirurgie cardiaque alors qu’il n’avait que sept jours. Il va bien… et, comme ses parents, adore les alpagas.

De donner une vocation agrotouristique à sa fermette ajoute un volet à l’exploitation d’Annick Picard, elle qui mise sur la vente d’animaux, de leur laine, de produits tricotés et tissés. Et, oui, répond-elle, on pourrait aussi manger de la viande de cet animal originaire d’Amérique du Sud.

«On pourrait évaluer la possibilité de commercialiser la viande. Elle est maigre, rouge, s’apparente à celle du gibier. Mais il faut savoir l’apprêter.»

Son emplacement en milieu urbain comporte à la fois des avantages et des inconvénients, une proximité pour des groupes scolaires des environs de Victoriaville, par exemple. Son potentiel de développement reste toutefois circonscrit.

Reste que la jeune productrice a bien l’intention de meubler son aire de nouvelles installations. La construction de la boutique en bordure du rang Nault constituait une première étape.

On trouvera des informations sur l’entreprise, les heures d’ouverture de la boutique et l’horaire des visites sur son site Internet (http://alpagasdhamnature.jimdo.com/).