La culture du viol perdurera «tant qu’on dira qu’elle l’a cherché» – Lauréanne Cauchy-Richer

Sans vouloir faire le procès du procès, celui, actuel, des trois hommes accusés d’agression sexuelle sur une jeune fille de 15 ans, des collégiennes du Cégep ont organisé un «rassemblement pacifique» devant le palais de justice de Victoriaville. «On veut rappeler ce que sont les notions de consentement libre et éclairé, affirmer notre soutien à toutes les victimes, qu’elles dénoncent ou pas, qu’elles soient des femmes ou des hommes», a expliqué Lauréanne Cauchy-Richer, coordonnatrice de la vie étudiante à l’Association générale des étudiantes et étudiants du cégep de Victoriaville (AGEECV).

Une quinzaine de personnes se sont réunies pour une heure devant le palais de justice mercredi matin, des collégiennes (et deux collégiens), des enseignantes membres du Syndicat des enseignants et enseignants du cégep de Victoriaville, de la Maison des femmes des Bois-Francs et du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

Lauréanne Cauchy-Richer, d’ailleurs à l’origine de l’implantation de la campagne «Sans oui, c’est non» au cégep de Victoriaville, a expliqué qu’elle avait eu l’idée de ce rassemblement après avoir été choquée par le titre d’un article que le Journal de Montréal a finalement modifié sur son site Web. Le titre original «Une présumée victime d’un viol collectif avait beaucoup consommé» coiffait l’article traitant de cette affaire d’agression qui serait survenue lors d’une soirée rave au Complexe Sacré-Cœur en octobre 2014.

«Est-ce qu’avoir bu, c’est être coupable?», s’est-elle d’abord demandé avant d’aller vérifier, notamment sur des sites gouvernementaux, ce qu’est le consentement. «Il doit être libre et éclairé. Consentir à consommer de l’alcool n’est jamais une invitation à avoir des contacts sexuels (…) La devise «Qui ne dit mot, consent» ne s’applique jamais en matière de consentement», a-t-elle noté.

La jeune femme a  poursuivi en disant que ne seront pas suffisantes toutes ces initiatives pour prévenir et sensibiliser à la culture du viol tant et aussi longtemps qu’il faudra expliquer ce que veut dire «Sans oui, c’est non». La culture du viol perdurera tant qu’on entendra et lira des commentaires du genre : «Elle était saoule, elle l’a cherché.»

La présidente de l’AGEECV, Claudie Leroux-Levasseur, a également pris la parole, dénonçant les commentaires de cette nature. Par sa présence au rassemblement, l’Association voulait rappeler à la population l’importance du consentement sexuel et sensibiliser la communauté collégiale à la culture du viol.

Présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants, Silvie Lemelin a indiqué que certains allaient jusqu’à remettre en question l’existence de la culture du viol, la banalisaient. «Il faut lutter contre la culture du viol et cesser de dire : «elle l’a bien cherché». Une victime n’est jamais responsable de son viol.

Mme Lemelin a ajouté sa «note politique», en réclamant que des cours d’éducation sexuelle soient donnés au primaire comme au secondaire.

Chaque fois qu’une affaire d’agression est traitée par les médias, le téléphone sonne au CALACS, a indiqué sa directrice générale, Lise Setlakwe. Elle a remercié les étudiants d’avoir organisé cette activité. Elle a rappelé que dans plus de 90% des cas, une victime d’agression sexuelle l’avait été par quelqu’un qu’elle connaît en qui elle avait confiance.