La Cloche des Alpes s’ouvre aux WWOOFeurs

TOURISME. Parmi les différentes manières de voyager, la carte du tourisme alternatif offre le WWOOFing… ou le WWOOFage pour qui préfère la graphie francisée. S’il a été créé en 1971 au Royaume-Uni, implanté en 1985 au Canada, le réseau mondial WWOOF est plus connu du monde agricole, particulièrement des producteurs biologiques. WWOOF est l’acronyme de Work Exchange on Organic and Sustainable Properties.

Par ce réseau, présent dans une centaine de pays, les fermes hôtesses offrent aux WWOOFers (WWOOFeurs), souvent des jeunes, un toit et de la nourriture en échange de leur travail.

WWOOF Canada se donne la mission de développer une communauté de personnes soucieuses de la pratique biologique et durable de l’agriculture, comme on peut le lire sur son site Internet.

À la Cloche des Alpes de Sainte-Sophie-d’Halifax, la bergère Luzia Imhof a accueilli ses premiers WWOOFeurs cet été. Elle est l’une des six membres du réseau au Centre-du-Québec.

Le réseau québécois en compterait 135, alors que dans tout le Canada, les WWOOFeurs auraient le choix parmi 842 fermes hôtes.

Mme Imhof connaissait le concept pour avoir lu un reportage dans La Terre de chez nous.

Sa maison devenue plus grande à la suite du départ de deux de ses trois enfants, sa bergerie comptant 500 têtes (dont 450 brebis), les difficultés d’accueillir des stagiaires comme elle le faisait auparavant constituent quelques-unes des raisons l’ayant incitée à ouvrir sa maison… et son frigo à des jeunes WWOOFeurs.

«J’avais besoin d’un coup de main», dit-elle. Sa ferme ne détient pas la certification biologique, mais son approche et ses méthodes (élevage, jardins, serre) s’inscrivent dans le courant écologique et durable.

En se joignant au réseau, elle voulait casser sa routine. «Et puis, ces jeunes ont l’âge des miens!»

Pour la bergère originaire de Suisse, installée au Québec depuis 1981, le WWOOFing constitue une autre forme d’échange culturel, elle qui a vécu quelques expériences de ce genre, par ses enfants, ayant participé à des stages en Allemagne et au Mexique alors qu’ils fréquentaient la Polyvalente La Samare.

Arrivés chez elle le 1er août, Virginie Lebeau et Kilian Combey, un jeune couple d’étudiants français tous deux de 21 ans, ont permis à Mme Imhof de vivre sa deuxième expérience de WWOOFing. Quelques semaines plus tôt, elle avait accueilli un premier volontaire, un autre jeune Français de 25 ans, qui lui a prêté main-forte pendant trois semaines.

Virginie et Kilian en étaient, eux, à leur troisième séjour de WWOOFing, ayant quitté leurs Alpes le 23 juin dernier. Ils se sont d’abord attardés à deux fermes ontariennes.

Les deux jeunes Français ne se destinent pas à vivre d’agriculture, Virginie caressant l’idée de travailler dans la commercialisation et la vente de produits sportifs alors que son copain, dans le même domaine, vise une carrière dans l’événementiel.

Leur séjour en sol canadien, ils l’avaient soigneusement planifié, séduits par le concept du WWOOFing qui tout en «ménageant le portefeuille», leur a offert toute une variété de travaux, leur a permis d’améliorer leur anglais et de connaître, de l’intérieur, les us et coutumes de leurs hôtes. «C’est plus qu’une façon de voyager!»

Un «partage»

En un mot, Kilian résume leur expérience, en disant qu’il s’agit d’un «partage».

Avec Virginie, ils ont œuvré à toutes sortes de tâches, maraîchage, récolte de foin, peinture de clôtures. Ils ont, pour la première fois, goûté avec ravissement au sirop d’érable. «Rien à voir avec ce qu’on a en France. Et on a aussi cuisiné des crêpes à la française, ce que notre hôte ontarien n’avait pas mangé depuis des années!»

Les deux étudiants à la fac avaient choisi de séjourner à la Cloche des Alpes pour découvrir des animaux, parce que la bergerie se trouvait à mi-chemin entre Québec et Montréal, accessible en bus. Le coin leur plaisait et on y parle français.

Virginie souligne qu’avant leur départ, il leur importait de lire attentivement la description des entreprises, et, pour certaines, les commentaires d’appréciation des WWOOFeurs sur leur séjour.

Avant de vivre l’expérience, le jeune couple pensait que le travail imparti était plus «structuré». «On a réalisé que nous n’étions pas considérés comme des employés avec des horaires fixes.»

L’entente est un peu tacite entre les volontaires et les hôtes, soutient Mme Imhof. «On s’entend pour un quatre heures de travail par jour en échange de l’hébergement et de la nourriture. En fait, je les embarque dans mon quotidien», dit-elle, laissant entendre que le boulot n’est pas chronométré.

Chez elle, le temps était à rentrer le bois de chauffage, à récolter des haricots dans le jardin, à nourrir les moutons et à assister la bergère pour la tonte des bêtes.