«Je veux revoir mes enfants» – Blandine Modime

En juin dernier, Blandine Modime est venue s’installer à Victoriaville. Avec elle, sa fille Chloé. Elle a également deux autres enfants, mais ceux-là, ils sont restés au Congo et elle ignore s’ils sont encore en vie.

La femme de 43 ans n’était pas la seule personne présente à la Fête de la diversité culturelle de Victoriaville et sa région qui avait un lourd secret d’enfoui.

Au départ, elle ne voulait pas raconter son histoire. Elle disait être une personne timide et que si elle dévoilait une partie de sa vie, une partie triste, elle ne pourrait s’empêcher de verser quelques larmes.

Or, elle s’est montrée forte et courageuse lors de son entrevue, espérant que son histoire puisse aider à avancer les choses. Elle n’est pas la seule à se retrouver dans cette triste et ô combien pénible situation.

Ses deux parents ont été tués en raison de leurs idées politiques. Elle, elle a été violée et laissée pour morte par les soldats de son pays. Des soldats qui devaient assurer la paix…

Elle a passé trois semaines à l’hôpital et lorsqu’elle est revenue chez elle, il n’avait plus rien. «J’ai quitté le Congo parce que je ne savais pas si les soldats allaient revenir et me tuer», dit-elle avec peur et déception.

Blandine a fui avec sa fille Chloé, mais ses deux autres enfants, eux, sont restés là-bas. «J’ignore s’ils sont morts…»

Habitant un certain temps à Kampala, en Ouganda, elle a continué ses recherches pour retrouver ses enfants. Lorsqu’on lui a demandé leur âge, elle a eu besoin de quelques secondes pour s’en souvenir, car elle ne les a pas vus depuis longtemps. Trop longtemps.

Le premier a maintenant 23 ans et le second, 12 ans.

«Pour les retrouver, il faut des papiers d’identifications, des photos et faire des examens. Lorsque j’ai fui, je n’avais pas le temps d’apporter tout ça avec moi», a-t-elle relaté.

«Je demande au gouvernement de m’aider pour que mes enfants me rejoignent. Ils ne sont que deux», a-t-elle imploré.

Une cousine à Victoriaville

Malgré sa douleur, elle continue de s’occuper de sa petite Chloé, 4 ans.

«Si mes enfants étaient tous avec moi, je pourrais avoir de l’aide. Ses frères pourraient s’occuper d’elle pendant que je gagne ma vie», a souhaité la mère.

À Victoriaville, elle a découvert que l’une de ses cousines avait aussi choisi cette ville comme terre d’adoption. «C’est rassurant d’avoir un membre de ma famille puisqu’elle peut m’aider», était heureuse de dire Blandine, qui voit sa cousine deux ou trois fois par semaine. Cette dernière comprend bien son chagrin, car elle est  aussi est à la recherche de ses enfants qu’elle a dû laisser derrière elle.

Chaleur, froid et poutine

Lorsqu’on lui a demandé de nous parler de sa nouvelle ville d’adoption, elle a affirmé se sentir en sécurité et que la région était très belle et calme. «Je ne sais pas si tous les Québécois sont comme ça, mais ici, on ressent  l’hospitalité des gens de la ville. J’ai bien l’intention de passer ma vie ici.»

«Je n’ai jamais reçu un accueil comme celui-là», a-t-elle ajouté à propos de la Fête de la diversité culturelle de Victoriaville et sa région.

En pleine découverte de la gastronomie d’ici, elle a déjà mangé de la poutine, qu’elle a d’ailleurs beaucoup aimée. Pour d’autres mets québécois, elle ajoutera sa petite touche personnelle. «Certaines recettes sont un peu sucrées et je vais devoir les apprêter à ma manière.»

Quant à son travail, elle aimerait bien débuter ses études pour devenir préposée aux bénéficiaires. Sans oublier que d’ici quelques mois, elle vivra son premier hiver québécois. «Ma cousine m’a dit de ne pas avoir peur, mais je sais que ce ne sera pas facile», a-t-elle conclu après avoir retrouvé son chaleureux sourire.