Il pourrait devoir quitter sa fille

Xavier Bouvé a débarqué d’un avion en provenance de la Belgique en 2008 à l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau, la tête pleine d’images grandioses et du fameux rêve américain. Huit ans plus tard, le rêve a fait naufrage : il est sur le point d’être obligé de retourner en Belgique et de vivre sans sa petite fille de trois ans et demi.

Xavier Bouvé vit à Drummondville depuis pratiquement huit ans. Il collectionne les permis de travail et les visas visiteurs et vit avec les déboires de l’immigration depuis plusieurs années. En 2012, un peu fatigué des démarches administratives, il avait même décidé de retourner en Belgique, son pays d’origine. Toutefois, les plans ont changé après l’annonce d’une grossesse imprévue faite par sa conjointe de l’époque.

«J’ai décidé de prendre mes responsabilités et de rester ici. On a donc entrepris des démarches de parrainage, pour que je puisse obtenir le statut de résident permanent et demander la citoyenneté par la suite. Finalement, je me suis séparé juste avant d’obtenir la résidence et le parrainage a été annulé.»

N’ayant pas le statut de résident permanent ni la citoyenneté canadienne et son permis de travail actuel arrivant à échéance en janvier 2017, Xavier Bouvé n’aurait d’autre choix pour rester auprès de sa fille et continuer à payer ses comptes que de demander un autre permis de travail au gouvernement du Canada. Toutefois, selon ses dires, ce n’est pas si simple : pour obtenir ce permis, il aurait besoin d’un certificat de Sélection Québec (CSQ), délivré par le gouvernement provincial. Un permis de travail serait cependant nécessaire à l’obtention de son certificat, ce qui le met dans une impasse.

«C’est bien normal que des vérifications soient faites quant à ma capacité à subvenir à mes besoins et à travailler. Je veux travailler, et je suis à 100% pour l’immigration utile».

Il est difficile de présenter une nouvelle demande de permis de travail, puisque Xavier Bouvé ne peut pas prouver qu’il pourra subvenir à ses besoins à long terme, son permis actuel venant à échéance en janvier 2017.

S’il ne trouve pas de solution, son départ pour l’Europe est imminent. À l’idée de se séparer de son enfant, Xavier Bouvé est bouleversé. «Pour la garde de ma fille, je voulais au départ avoir la garde partagée une semaine sur deux. J’ai finalement accepté de signer pour une fin de semaine sur deux, puisque ma situation est trop précaire.»

Qu’arrive-t-il si Xavier Bouvé n’arrive pas à trouver de solution avant le 8 janvier, la date fatidique de son retour en Belgique? «Je vais pouvoir revenir et refaire le processus, mais ça va être très long. Je m’attends à ce que ça prenne cinq ou six ans. Ce qui m’inquiète le plus, c’est de manquer la première journée d’école et tous les autres moments avec ma fille», avoue-t-il.

Une situation exceptionnelle

«Évidemment, c’est une situation fâcheuse, mais sur laquelle nous n’avons malheureusement aucun contrôle. S’il souhaite obtenir le droit de travailler temporairement au pays, il doit impérativement trouver un employeur prêt à l’embaucher et à présenter une demande dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET)», explique le responsable des relations avec les médias du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Jonathan Lavallée. Il ajoute que l’employeur peut parfois aider les démarches pour obtenir le statut de résident permanent.

Ayant de l’expérience dans le milieu social et communautaire, il s’agirait d’une porte de sortie possible pour Xavier Bouvé. Toutefois, l’organisme qui voudra bien l’accueillir doit prouver que l’embauche du Belge ne pénalise pas un Québécois à la recherche d’un emploi et accepter les délais reliés à la demande d’un permis de travail.

«Selon ce que vous dites, monsieur aurait toujours eu un statut de résident temporaire au pays et a tout de même décidé d’y fonder une famille. Nous suggérons fortement aux personnes qui souhaitent immigrer ici pour participer pleinement à notre société  qu’ils prennent le temps de se renseigner sur les programmes, les règles et les procédures avant de prendre une décision», a conclu Jonathan Lavallée.