Hydrocarbures : l’information manque aux citoyens
ENVIRONNEMENT. Le projet de loi 106 sur les hydrocarbures continue d’alimenter les discussions. Les opposants poursuivent le combat, soulignant la nécessité de bien informer les citoyens.
«Ce qui manque le plus, c’est l’information aux citoyens, aux élus des plus petites municipalités. Il faut savoir que les agriculteurs sont directement concernés par le projet de loi 106. Ils devraient garder l’œil ouvert et s’informer», insiste Alain Guillon, président du Comité citoyens sur les gaz de schiste de Victoriaville et coordonnateur régional Centre-du-Québec pour le Regroupement vigilance hydrocarbure Québec.
M. Guillon réitère l’invitation d’organiser des soirées d’information dans les municipalités, ce qu’il avait fait lors de la séance du conseil municipal de Victoriaville et de la séance du Conseil des maires de la MRC d’Arthabaska. «Nous n’avons encore aucune demande. Nous allons relancer les invitations. Il faut que l’information circule», indique Alain Guillon en entrevue dans les locaux du www.lanouvelle.net, aux côtés de Johanne Allard, une autre membre du comité.
Par ailleurs, le Comité citoyens a pu rencontrer, comme prévu, le maire de Victoriaville, André Bellavance. «Une rencontre sympathique, fructueuse. On a pu partager et exprimer nos opinions. Il nous a fait savoir que le conseil y réfléchissait, qu’il allait en discuter», signale M. Guillon.
Pour les comités de citoyens répartis à travers la province, la mobilisation des municipalités est nécessaire. «C’est le nombre de municipalités qui fera un poids», fait valoir Alain Guillon.
«On dit que Victoriaville est le berceau du développement durable. Si Victo embarque, les autres autour feront de même», renchérit Johanne Allard invitant le maire et les élus à jouer leur rôle. «Il est important que les élus comprennent leur rôle, que les municipalités fassent pression sur le gouvernement. Le maire a un rôle à jouer, poursuit Mme Allard. Il est plus qu’un citoyen et plus qu’un écolo, il a un pouvoir d’influence.»
Les dangers
Certains qualifient les opposants aux hydrocarbures «d’écolos», ce que réfute M. Guillon. «Nous ne sommes pas des écologistes, mais bien des citoyens sensibilisés à un danger. Les premiers citoyens qui ont bougé, d’ailleurs, c’est qu’ils avaient des pétrolières dans leur cour. Et le mouvement a grandi jusqu’à 130 comités de citoyens aujourd’hui», souligne-t-il.
Le projet de loi 106, préviennent Alain Guillon et Johanne Allard, ouvre la porte, selon eux, aux compagnies. «Et par la suite, ils peuvent faire ce qu’ils veulent et même exproprier pour venir chercher le pétrole», affirme Mme Allard.
«Jusqu’où leur permettra-t-on de ruiner le territoire?, ajoute-t-elle. On parle de survie, ici. C’est notre bouffe, notre eau. Si, par exemple, on effectuait la fracturation hydraulique, les compagnies auraient besoin d’eau. Ils pourraient venir la chercher dans le réservoir Beaudet et personne ne pourrait les en empêcher. Ils pourraient épuiser notre réserve d’eau potable.»
Le passé américain, dans ce domaine, a de quoi susciter des inquiétudes, a observé Alain Guillon, rappelant la pollution des nappes phréatiques. «Des gens et des animaux ont été malades. C’est du concret, fait-il remarquer. On nous dit que ce n’est pas dangereux, mais ils n’ont aucun contrôle sur ce qui se passe dans le sous-sol une fois la fracturation effectuée, prend-il soin de rappeler.
Le président du Comité citoyens sur les gaz de schiste de Victoriaville s’inquiète aussi d’un délai de plusieurs années imposé à la suite de la fermeture d’un puits. «Un délai concernant un secret professionnel faisant en sorte qu’on ne peut savoir ce qui s’est réellement passé avec le puits, si des incidents sont survenus. Si on demande de l’information, ils peuvent biffer ce qu’ils veulent pour ne pas que l’on sache», avance-t-il.
Enfin, afin que le message passe, un forum social, proposant diverses conférences et conférenciers, s’organise pour le début d’octobre à Victoriaville, question d’informer les citoyens et de répondre à leurs interrogations.
Les organisateurs feront connaître au moment opportun les détails de cet événement.