Hydrocarbures : des inquiétudes au Centre-du-Québec
Plus de 200 citoyens et militants ont profité de la visite du ministre Pierre Arcand, hier, au Centre-du-Québec pour venir lui signifier leur opposition au projet de loi 106, qui encadrera l’industrie des hydrocarbures advenant son adoption prochaine.
Invité par la Chambre de commerce et d’Industrie de Drummondville, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles venait livrer un plaidoyer en faveur du Plan Nord. Interrogé sur l’étendue du pouvoir que laisserait l’éventuelle loi 106 aux gazières, le ministre a vivement défendu la transition nécessaire que doit prendre la société avant de pouvoir se passer des hydrocarbures.
Il affirme que son gouvernement souhaite baisser de 40% l’utilisation des produits pétroliers d’ici 2030.
Dehors, pendant ce temps, les dizaines de militants qui scandaient les slogans à répétition en brandissant des pancartes ne l’entendaient pas ainsi. «L’eau potable, c’est précieux. La loi 106, c’est vicieux», ont lancé des manifestants.
«Ce n’est pas vrai qu’on va laisser ces gens-là pourrir la terre des générations futures», a chahuté l’un d’eux, au micro. «Les politiciens ne sont pas élus pour représenter les intérêts des compagnies pétrolières, mais pour défendre ceux des gens qu’ils représentent», a rappelé l’un des opposants.
Effets pervers du projet de loi 106
«Accepter l’exploitation des hydrocarbures, c’est accepter de faire usage de techniques non conventionnelles, comme la fracturation hydraulique, qui sont dramatiquement dangereuses pour nos sources d’eau et qui entrainent des conséquences sur la santé publique. C’est ça que les gens refusent. Les Québécois, on n’est pas contre les hydrocarbures, mais quand on apprend comment ça se fait, là, ils disent non», a expliqué le juriste très impliqué Richard E. Langelier, en marge de la conférence de presse tenue par les organisateurs de la manifestation.
Celui-ci insiste sur la permissivité qu’entrainera le PL106. «Le projet de loi efface tous les droits acquis sur le sous-sol d’au moins 65 000 propriétaires québécois qui n’ont même pas été mis au courant de cette expropriation déguisée et sans compensation.
Ce dernier reproche au ministre Arcand d’y aller avec des demi-vérités, surtout lorsqu’il affirme avoir entendu les municipalités et avoir proposé des amendements récemment au PL106. Les élus municipaux n’auront pas le choix de respecter les droits acquis de ceux qui détiennent une licence d’exploitation.
Or, les licences accordées en ce moment s’étendent sur 56 000 kilomètres carrés, selon le biophysicien Marc Brullemans.
Le maire de Lanoraie Gérard Jean, venu appuyer les manifestants, a abondé dans le sens du juriste Langelier. Pour celui-ci, les amendements du ministre Arcand ne sont que de la poudre aux yeux. «Nos MRC ne seront qu’avisées plutôt que consultées et leurs capacités d’interdire des forages dans certaines zones ne sont que théoriques, puisque nous devons respecter les permis actuels qui couvrent la plus grande partie de nos territoires.»
M. Langelier affirme par ailleurs que les municipalités perdent aussi leurs compétences sur les puisements d’eau réalisés par les compagnies gazières.
Actuellement, 1000 puits sont exploités au Québec. De ce nombre, deux puits très profonds se trouvent à Drummondville et à Notre-Dame-du-Bon-Conseil.