H20 Innovation explore une nouvelle avenue

Présente à Ham-Nord, l’entreprise H20 Innovation ne cesse de se démarquer et surtout d’innover. Elle a obtenu, en juillet dernier, son brevet canadien pour un système à osmose inverse à haut brix, fruit d’un travail amorcé il y a cinq ans. Plus d’une centaine de milliers de dollars ont été investis en recherche et développement et pour l’obtention des brevets.

«L’eau d’érable a un taux de sucre de 2%. Les acériculteurs, normalement, vont la concentrer jusqu’à 16% ou 20% pour ensuite utiliser l’évaporateur afin d’évaporer et de cuire le sirop pour un produit fini avec un degré brix de 66», explique Rock Gaulin, vice-président fabrication et division acéricole.

Cette façon de faire implique une importante consommation d’énergie avec l’évaporateur.

Le procédé développé par H2O Innovation permet, pour la fabrication du sirop d’érable, de faire grimper le brix entre 35% et 45% sans évaporation. «On n’a plus besoin d’évaporer l’eau, mais on utilise l’évaporateur pour cuire le produit, faire passer le degré brix de 45 à 66, donc jusqu’au produit fini. Pour développer le goût, en fait», souligne M. Gaulin.

Cette innovation, réduisant l’utilisation de l’évaporateur, peut représenter d’intéressantes économies pour les acériculteurs. «L’acériculteur peut réduire du tiers, voire de la moitié, sa facture pour l’huile utilisée. Pour certains, la facture s’élève à 10 000 $ et même 20 000 $ par année», souligne Pierre Courtois, directeur technique de la division acéricole.

Les acériculteurs voient en ce procédé une belle opportunité, note Rock Gaulin. «Ils peuvent même bénéficier d’une subvention gouvernementale en raison de la réduction des gaz à effet de serre que permet notre technologie», dit-il.

H2O Innovation a développé, avec son procédé, un évaporateur nouvelle génération pour palier à l’appareil conventionnel.

«Un équipement Haut Brix peut valoir environ 20 000$  de plus qu’un appareil osmose inverse traditionnel, mais on en a aussi de plus gros modèles plus dispendieux pour les très gros producteurs de 100 000 entailles, mais on n’en retrouve pas vraiment dans la région», fait savoir Matthieu Fortier, directeur des ventes Canada des produits érablières.

L’entreprise, qui était alors en instance de brevet, a entrepris, en 2012, la commercialisation de son procédé. «Ça se vend bien. Pour le moment, on en vend environ cinq par année. La qualité du sirop est hors pair. Le goût est au rendez-vous», signale Matthieu Fortier.

Pour s’assurer de la qualité de sirop, l’Université du Vermont a effectué plusieurs tests à l’aveugle. «Les résultats démontrent que le goût ne change pas. Les gens ne voient pas la différence, ne disent pas que le sirop est moins bon avec notre procédé», fait valoir Rock Gaulin.

Des mentalités à changer

Si on constate un engouement pour le système, les producteurs demandent à être éduqués.

«Il s’agit d’un milieu assez traditionnel qui nécessite de l’éducation. On travaille en ce sens», indiqué M. Fortier.

D’ailleurs, l’entreprise organise des séances d’information. «Le défi consiste à convaincre les gens que le goût demeure inchangé, précise Rock Gaulin. Aucune preuve à faire au niveau de la rentabilité, c’est clair. Mais il faut convaincre les acériculteurs qu’ils vont conserver un bon produit fini avec nos équipements.»

Un vaste marché

La production acéricole canadienne représente 73% de la production mondiale comparativement à 27% pour les États-Unis.

H2O Innovation dessert l’Est du Canada (Ontario, Québec, Maritimes) et une partie des États-Unis, du Wisconsin jusqu’à la Nouvelle-Anglerre.

L’entreprise, qui œuvre principalement dans le traitement des eaux et le domaine acéricole, connaît, depuis 2006, une croissance de 25%.

D’un chiffre d’affaires de 1,5 million $ en 2000, H2O Innovation franchira le cap cette année de 100 millions de dollars. Sans compter des honneurs prestigieux remportés par l’entreprise.

«Nous avons une équipe extraordinaire composée de gens enthousiastes, passionnés. C’est une partie de notre succès. Tout repose aussi par des produits d’innovation», commente Pierre Courtois.

Comme le système Smartrek/H2O de contrôle et d’automatisation, dont le www.lanouvelle.net a fait état en novembre 2014.

Un appareil qui,  grâce à des capteurs et des contrôleurs modulaires branchés sur le réseau sans fil, permet aux acériculteurs, avec une tablette électronique ou un téléphone intelligent de savoir ce qui se passe dans l’érablière, comme la détection d’une fuite, par exemple.

Depuis sa mise en marché, l’appareil connaît un franc succès. «Les ventes ne font qu’augmenter. Après en avoir vendu 1500 il y a deux ans, on prévoit en écouler 5000 cette année», confie Rock Gaulin.

On estime que d’ici 10 ans, tous les producteurs posséderont un système de capteurs pour les aider dans leurs opérations.
Quant à H2O Innovation, elle mijote bien d’autres projets. «Le domaine acéricole évolue rapidement depuis cinq ans au niveau technologique. De nouvelles technologies sont apparues pour aider les acériculteurs à accroître leur rentabilité», conclut Matthieu Fortier.