Fontaine de vie : le devoir de mémoire de Denis Luneau

Il ne l’a pas écrit, mais l’a déclaré lors du lancement de son livre de 422 pages retraçant, pas à pas, espoir après espoir, collecte après collecte, bien-cuit après bien-cuit, l’histoire de la Maison Renaud-Paris et de la fondation Maison Fontaine de vie. Denis Luneau espère que la maison de la rue Saint-Paul ne portera jamais le nom de «CIUSSS». Cela même s’il est heureux que l’institution y dispense ses services spécialisés à quelque 300 personnes handicapées, les deux tiers étant des enfants.

Devant une centaine d’invités réunis au Club de golf de Victoriaville, des «amis» des personnes handicapées, parents, bénévoles, usagers, membres du personnel, M. Luneau a présenté son ouvrage, publié par les Carnets de Dame Plume.

Président de Fontaine de vie depuis 1990, il rêvait de réaliser ce qu’on pourrait appeler un devoir de mémoire. Mémoire de toutes ces pressions, ces efforts, ces corvées, ces campagnes de financement qui ont fini par faire naître, en 1989, la Maison Fontaine de vie.

L’histoire commence bien avant. Avant que la ministre libérale du temps, Thérèse Lavoie-Roux, accepte d’octroyer un budget pour des services de réadaptation à Victoriaville afin d’éviter aux parents de devoir prendre la route vers Trois-Rivières et Sherbrooke.

Elle avait toutefois posé une condition à la décentralisation et à l’octroi d’un budget de fonctionnement, voulant que la communauté victoriavilloise s’occupe du financement de la construction de la Maison. «Pas certain qu’elle savait dans quoi elle s’embarquait quand elle a lancé le défi!», a dit Jean-Pierre Racette, le premier chef en réhabilitation ayant «habité» la Maison.

Le défi a été relevé haut la main, grâce, entre autres, au «quêteux professionnel», Renaud Paris (décédé en 1996). En 1989, la ministre venait finalement couper le ruban d’une maison bâtie avec les 400 000 $ amassés dans la communauté, assise sur un terrain cédé par la Commission scolaire.

La générosité de la communauté ne s’est pas essoufflée, puisque trois autres grands projets l’ont sollicité au fil du temps : l’aménagement d’un parc de motricité en 1991 pour un peu plus de 200 000 $; un premier agrandissement du bâtiment en 1997 pour 450 000 $ afin d’accueillir les adultes et un deuxième agrandissement en 2012 (ce qui a fait disparaître le parc), un autre chantier de 450 000 $.

L’ex-président de l’ex-Commission scolaire de Victoriaville a travaillé pendant près de deux ans, attablé à son sous-sol encombré d’archives, pour écrire son ouvrage… qui aurait pu compter 200 pages de plus.

Chapitre par chapitre, chronologiquement, son livre rassemble lettres, procès-verbaux, articles de journaux, photographies, témoignages. Le temps a passé et beaucoup d’acteurs ont disparu, ce qui rend l’album encore plus précieux.

En fait, cet ouvrage de quelque 400 pages clôt un premier chapitre de l’histoire.

Car, depuis quelques jours, c’est InterVal (fusionné au CIUSSS) qui est désormais propriétaire de la clinique de réadaptation, l’organisme Fontaine de vie la lui ayant vendue au coût de 500 000 $, bien en deçà de l’évaluation municipale (1,9 M $) souligne M. Luneau.

Des conditions ont été posées à la vente, comme celles de garder le nom de Renaud Paris à la façade ainsi que les plaques des donateurs. Pour ne jamais oublier qui ont été ses bâtisseurs.

Dans son ouvrage, Denis Luneau écrit qu’il est «soulagé» par la conclusion de cette transaction.

S’il a mis du cœur et de la tête à cette cause, M. Luneau était aussi celui qui y mettait les bras, a-t-on rappelé, lui qui la fréquente tous les jours depuis 27 ans. Les professionnels d’InterVal lui demandaient de construire un mur, de le déplacer, d’installer des tablettes.

Il appartiendra maintenant à l’institution de s’occuper du bâtiment.

Denis Luneau et la Maison Fontaine de vie se consacreront à leur mission de soutien et d’intégration des personnes handicapées maintenant le financement pour des équipements spécialisés, des camps de jour, des activités sportives.

On pourra se procurer le livre (25 $) à plusieurs endroits, à la Société d’histoire et de généalogie de Victoriaville (Édifice Alcide-Fleury), à la Légion canadienne (34, rue Sainte-Marie) et évidemment au Centre InterVal rue Saint-Paul.