«Fini le temps des belles histoires des pays d’en haut»

Le maire de Victoriaville salue comme un «bon coup» du gouvernement du Québec son projet de loi 122 qui reconnaît les municipalités comme des gouvernements de proximité. «Fini le temps des belles histoires des pays d’en haut où les municipalités étaient considérées comme des «créatures» du gouvernement», s’exclame André Bellavance.

Le projet de loi 122 ayant été déposé mardi, le maire n’avait pas eu le temps de l’éplucher et de l’analyser, le document comportant 80 pages.

Ce qu’il en retient, pour l’instant, c’est qu’il paraît donner plus d’autonomie, de pouvoirs et de marges de manœuvre aux municipalités dans leurs champs de compétences, comme l’aménagement du territoire, le développement économique, la fiscalité et la gouvernance.

Le maire Bellavance soutient que, par exemple, les municipalités disposeront de plus de «flexibilité» pour ce qui concerne les appels d’offres. Jusqu’à présent, elles peuvent négocier de gré à gré pour des contrats de moins de 25 000 $. «Cela devrait passer à 100 000 $.»

S’il faut rendre des comptes, concède le maire Bellavance, le projet de loi annonce une diminution de la paperasse et des tracasseries, selon lui.

Ce ne sont pas, dit-il, les nouvelles dispositions concernant la rémunération des élus (les municipalités gagneraient de la latitude pour la fixer) qui a le plus retenu son attention, répond-il. À Victoriaville, sous la mairie d’Alain Rayes, la rémunération avait été haussée, mais devant se maintenir à 90% du maximum autorisé par Québec.

Le maire Bellavance se réjouit de la création du Fonds au rayonnement des régions, lequel devrait injecter 30 millions $ en 2017-2018 et progresser jusqu’à atteindre 100 millions $ en 2021. Il rappelle qu’avec la disparition de la Conférence régionale des élus et du Centre local de développement, ce nouveau Fonds apparaît comme une sorte de retour du financement régional.

Que le gouvernement mette aussi en place une table Québec-Municipalités où annuellement les municipalités pourront discuter de leurs enjeux constitue également une bonne nouvelle, aux yeux du maire de Victoriaville, qui y voient la création d’une «ligne directe» de communications entre municipalités et le gouvernement.

Le projet de loi veut favoriser la «fiscalité verte et la création de richesse durable», des mots qui ont une forte résonance à Victoriaville, soutient le maire, admettant ne pas trop savoir ce que la Ville pourrait retirer de ses efforts en ces matières.

Saluer les bons coups, dénoncer les mauvais

Le projet de loi 122 manifeste une volonté de décentralisation du gouvernement Couillard… ce qui n’est pourtant pas le cas dans le réseau de santé, reconnaît le maire. «Ce n’est pas trop cohérent», affirme-t-il.

Évoquant particulièrement le projet Optilab qui projette centraliser les analyses de laboratoire vers Trois-Rivières, le maire dit que s’il peut saluer les bons coups du gouvernement, il peut aussi dénoncer ses mauvais.

Il a rappelé que le caucus des 27 cités régionales, dont fait partie Victoriaville, a aussi réclamé un moratoire. «Quand on parle d’une seule voix, ça peut faire réfléchir.» «Oui, le ministre Barrette semble ferme dans ce dossier. Mais si on ne dit et ne fait rien, il ne changera pas d’idée.»

Le maire Bellavance rappelle que le gouvernement du Parti québécois, instigateur de ce projet, avait reculé sous la pression. «Il ne faut pas baisser les bras», conclut le maire, croyant toujours pouvoir faire reculer le ministre Barrette.