Financement et autonomie réclamés par le communautaire
Près d’une centaine de personnes se sont réunies, mardi, à la Place Saint-Victoire de Victoriaville pour manifester leur appui aux organismes communautaires qui ont déclenché une grève d’une journée revendiquant ainsi la reconnaissance d’un financement adéquat, de leur autonomie et d’un réinvestissement importants dans les services publics et les programmes sociaux.
Les participants ont répondu ainsi à l’appel de la Corporation de développement communautaire des Bois-Francs, de celle de L’Érable et de l’Association des groupes d’éducation populaire autonome (AGÉPA) Centre-du-Québec. Trois des candidats à l’élection partielle dans Arthabaska et le maire de Victoriaville étaient aussi du nombre.
Les manifestants s’étaient vêtus de noir. «Cette couleur désigne un horizon bouché, les mesures d’austérité et un côté sombre. Mais le noir marque aussi la sobriété. Qui dit sobre, dit aussi dignité», a fait valoir l’animateur François Melançon, coordonnateur de l’AGÉPA Centre-du-Québec, qui a aussi pris les participants de dos.
«Pour montrer au gouvernement qu’on fait dos à l’austérité tout en étant digne en regardant vers l’avenir, vers une société plus juste, plus égalitaire», a-t-il dit.
Cette manifestation s’inscrivait dans la campagne triennale «Engagez-vous pour le communautaire» lancée à la grandeur du Québec.
«Oui, nous voulons des gains rapides. Mais nous sommes réalistes, a précisé M. Melançon. C’est le début d’un travail à long terme. Mais aujourd’hui, on cible le gouvernement. On veut se faire entendre.»
Le milieu communautaire a rappelé ses quatre revendications qui s’articulent autour de trois axes, la justice sociale, le financement et l’autonomie.
Les groupes communautaires réclament la hausse du financement pour leur mission globale, la reconnaissance des organismes comme moteur du progrès social et de leur autonomie, de même qu’une révision du financement des services publics et des programmes sociaux.
Prises de parole
Des représentants de quatre organismes communautaires ont pris la parole, dénonçant les politiques néolibérales du gouvernement actuel.
«Les coupures ont un impact désastreux. Il est grand temps de réinvestir dans les programmes sociaux et les groupes communautaires», a confié Alexis Gagnon du Restaurant populaire qui compte sur une centaine de bénévoles pour répondre aux besoins grandissants. «L’an dernier, on a servi 14 544 dîners chauds servis avec dignité, amour et accueil, c’est 700 dîners de plus que l’année précédente», a-t-il précisé, ajoutant que l’organisme s’essouffle à trouver du financement.
Les groupes communautaires, a exposé Marie-Josée Lapointe de l’organisme Droits Devant Érable, attendent toujours des retombées concrètes de la politique de reconnaissance des organismes adoptée en 2001. «On se trouve toujours en sous-financement chronique. Ce sous-financement nuit pleinement à la réalisation de notre mission, mine la capacité des organismes à répondre aux besoins», a-t-elle noté, soulignant au passage les conditions de travail difficiles qui mènent à la surcharge de travail, au sentiment d’impuissance et à l’épuisement professionnel.
«L’austérité nous garde dans une situation précaire», a aussi décrié Louise Tardif de l’ACEF Bois-Francs. «Nous réalisons nos activités à bout de bras. On consacre trop de temps à la recherche de financement. Les groupes s’appauvrissement et s’essoufflent. On en a assez du sous-financement. L’austérité laisse de profondes cicatrices. On exige la fin des compressions et un réinvestissement majeur dans les services publics et dans les programmes sociaux», a-t-elle lancé.
Depuis la politique de 2001, le gouvernement n’a rien fait pour la respecter, a soutenu Josée Binette de la Maison des jeunes de Saint-Ferdinand. «Il y a 15 délinquants, 15 ministères et organismes qui ne l’appliquent pas. On attend toujours un financement adéquat», a-t-elle mentionné, disant espérer, des candidats à l’élection qu’ils iront au front. «On croit en nous. Il faut maintenant que le politique croit en nous et passe de la parole aux gestes», a-t-elle ajouté.
La situation est critique, a conclu François Melançon. «On n’en peut plus. On est rendu là, à la limite, a-t-il exprimé en utilisant un élastique. La situation est critique pour les groupes et pour les familles, les hommes et les femmes qui se retrouvent de plus en plus dans des situations complexes au niveau financier et psychologique. Nous sommes un levier important. Il est temps que le Québec fasse quelque chose. Tous méritent qu’on s’occupe d’eux de façon équitable.»