Fermières : coudre, tisser, tricoter… des liens
VICTORIAVILLE. On entend beaucoup parler des Cercles de Fermières ces temps-ci. Et pour cause, elles soulignent cette année, de maintes manières, le centième anniversaire de leur fondation. Tous les cercles n’ont pas le même âge. Celui de Victoriaville est de création plus récente, le 14 décembre 1943.
Reste qu’il sera à l’honneur cette année, alors que c’est dans sa cour, les 10, 11 et 12 juillet, que se tiendra le congrès provincial, une fin de semaine où l’on espère accueillir 2000 participantes des 25 fédérations.
L’association a beau avoir 100 ans, elle demeure méconnue, déplore Jacynthe Lord-Michaud, vice-présidente du Cercle de Fermières de Victoriaville. Elle mise d’ailleurs sur la visibilité qu’offrent l’anniversaire et ses activités pour la faire mieux connaître, la valoriser, lui attirer relève et, du coup, assurer son avenir.
Elle, la présidente Carmen Lambert, la communicatrice et «historienne» Céline Lainesse et Lucille Champigny parlent avec enthousiasme de l’organisme, précieux lieu de partage et de transmission du savoir-faire en couture, tricot, tissage, même peinture. «Il y a un regain pour l’artisanat et pour la récupération, les deux nécessitant patience et persévérance», soutiennent-elles.
Plus encore, dira Mme Champigny, pour plusieurs retraitées, le Cercle de Fermières devient un lieu pour tisser des liens d’amitié. «Le Cercle est dynamique, ses activités sont diversifiées et originales», souligne-t-elle.
Il le prouvera en créant, en avril, une sorte de chemin tricoté, partant de la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot jusqu’à son local situé au sous-sol de l’édifice municipal Robert-Caron rue De Bigarré. Une douzaine de membres du Cercle ont tricoté ce qu’il fallait pour baliser le segment de la piste cyclable et orner certains lieux au passage. On promet de nous donner l’envie de croquer un de ces cornets de crème glacée… tricotés. Ce «chemin» servira à témoigner de la présence du Cercle des Fermières à Victoriaville d’avril à juillet, moment de la rencontre provinciale.
Rien de fermé
Carmen Lambert, qui achève son mandat de six ans à la présidence du cercle victoriavillois, fait remarquer que de plus en plus, l’organisme s’ouvre au milieu. Il n’est pas un cercle fermé sur lui-même. Les membres cuisinent au Restaurant populaire le vendredi. Elles vont aussi à la rencontre des écoliers, leur apprenant les rudiments du tricot. «Et les petits garçons adorent», s’épate-t-elle, mimant leurs gestes prompts et habiles. «Avec les écoliers, c’est un peu comme si on avait une relation de grand-maman.»
Un peu d’histoire
Nouvelle recrue du cercle victoriavillois, Cécile Lainesse a relu les 71 ans d’histoire de l’organisme présidé par 15 femmes depuis sa fondation.
L’histoire retient que l’association a été fondée par Madame Joseph Hubert qui venant de s’installer à Victoriaville, en importait le concept, après avoir été «fermière» à Saint-Scolastique. La Victoriavilloise, Madame Thomas Levasseur lui avait prêté main-forte.
Le cercle victoriavillois avait la particularité de regrouper des citadines, ce qui était rare à l’époque. Le Cercle compte quelque 130 membres; il en a déjà regroupé un peu plus de 200 au début des années 1980, se souvient Mme Lord-Michaud.
En 1943, il en coûtait 1 $ annuellement pour être membre… 30 $ aujourd’hui. Ce qui reste bien peu cher pour tout ce qu’on peut y apprendre, note Carmen Lambert.
Le cercle victoriavillois a rayonné à l’extérieur grâce aux doigts de fée d’artisanes comme Clémence Levasseur, Paule Garneau, Monique Hamel, Lucille Hamel, sœur Marie-Ange Magnan, Mme Germain Croteau, Françoise Lemieux, France Houle et Madeleine Blier. Aujourd’hui, c’est Lucie Moreau-Giguère, responsable des arts textiles, qui cultive les mentions.
Lorsqu’on leur demande à quel avenir sont voués les Cercles, les Fermières victoriavilloises ne savent trop que répondre. Elles reconnaissent toutefois qu’il leur faudra, entre autres, moderniser leur vitrine et leurs moyens de communication.