Fermeture du Loblaws : une «décision irrévocable»

COMMERCE. Après avoir recueilli près de 7000 signatures à sa pétition pour contrer la fermeture du Loblaws, Claude Leahey a fini par baisser les bras, apprenant de la direction de la chaîne que la décision était irrévocable.

La directrice principale, affaires corporatives et communications, Johanne Héroux a confirmé La Nouvelle Union qu’il était «à toutes fins utiles impossible de revenir en arrière».

«Nous sommes profondément touchés par les efforts de M. Leahey et par cette démarche qui témoigne de l’attachement de la communauté envers le magasin. Cette décision fut longuement mûrie et est le fruit d’un long processus de réflexion où tous les scénarios possibles ont été envisagés», a-t-elle fait savoir.

Une décision «choquante»

«Je ne suis pas que désolé, je suis choqué», a déclaré le conseiller municipal Marc Morin.

Il avait signé la pétition de M. Leahey et avait même, dès l’annonce de la fermeture, livré son commentaire sur le www.lanouvelle.net.

«Même s’il n’a pas changé la décision de Loblaws, M. Leahey a fait du bon travail. Je le félicite. Il était important que l’on manifeste une réaction plutôt que de rester amorphe. Je suis convaincu que la pétition aura eu son impact.»

Le conseiller Morin estime que la Société de développement commercial (SDC) aurait pu «s’impliquer» en portant la pétition. «Elle a pris pour acquis qu’il n’y avait rien à faire.»

Même s’il est le conseiller du centre-ville, Marc Morin estime que ce qui se trouve en périphérie a une influence sur l’achalandage. «Faut regarder la rue Notre-Dame et son périmètre. La revitalisation du centre-ville ne repose pas que sur la rue Notre-Dame.»

Le conseiller dit encore que la fermeture du Loblaws «dérange», comme cela a été le cas lorsque Buropro a quitté le boulevard des Bois-Francs Nord il y a quelques années. «Même si l’immeuble est occupé par divers commerces, je ne suis pas certain qu’il y a le même achalandage dans ce coin qu’au temps du Buropro», note encore M. Morin.

Il dit que le travail de M. Leahey et la pétition n’auront pas été inutiles. Il croit que cela mettra de la pression sur la chaîne, l’invitant à trouver vite comment occuper l’immeuble.

«Je souhaite que cet emplacement soit revitalisé au plus vite», espère le conseiller Morin, ayant une préférence pour le maintien d’une vocation commerciale, regrettant la perte d’un service de proximité. «On aurait espéré tout au moins que se réinstalle une bannière Provigo.»

Chez Loblaw, Mme Héroux répond que «nos équipes de l’immobilier déploient tous les efforts afin de lui trouver un nouvel occupant ou une nouvelle vocation», parlant du bâtiment.

Pas question pour la Ville d’acquérir l’immeuble, Victoriaville étant déjà propriétaire de l’église Saints-Martyrs et de l’ex-terrain de Sel Warwick, souligne encore l’élu municipal. Le seul pouvoir que détient la Ville dans ce cas, c’est de réglementer les usages et rien, pour l’instant, ne laisse présager quoi que ce soit.

Marc Morin fonde beaucoup d’espoir sur ce (ou cette) commissaire au développement commercial, fonction qui sera créée avec la nouvelle structure que mettra en place la MRC d’Arthabaska au début de l’année 2016. «Cette personne aura la responsabilité de faire du démarchage, d’être aussi une antenne sur le monde commercial qui a de gros défis à relever ces années-ci.»

Il mise tellement sur cette fonction qu’il croit qu’un commissaire au développement commercial aurait pu prévenir la fermeture du Loblaws parce que ses «antennes» lui auraient permis de voir venir le coup et de discuter de solutions avec la direction de l’entreprise.

Retour en arrière

Il y a tout juste quinze ans (en 2000), Provigo procédait à la démolition de l’ex-marché de Gédéon Grenier et de quinze bâtiments voisins, dont le Terminus de Victoriaville. Les lieux avaient été inoccupés pendant un an et demi jusqu’en 2002, moment de la construction du Loblaws.

La chaîne avait investi 12 millions $ pour bâtir un supermarché presque trois fois plus grand que le précédent. Au moment de la pelletée de terre, le directeur immobilier et développement de Provigo, Sylvain Forté avait déclaré que le géant de l’alimentation avait décidé d’installer une bannière Loblaws à Victo parce qu’une «étude de marché révélait qu’il y avait d’importantes fuites commerciales chez nous».