En milieu sportif, le déficit de l’attention pose problème

Ce n’est jamais facile pour un enfant ayant un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA ou TDAH). Pas facile sur les bancs d’école. Pas facile dans les activités sportives non plus.

Le premier s’appelle Nicolas (nom fictif). Il a 14 ans et il a un TDAH avec trouble anxieux et opposition. Le second, François (nom fictif également) a lui aussi 14 ans et il a un TDAH sévère avec opposition. Tous les deux ont pratiqué et pratiquent toujours des sports au Centre-du-Québec.

Leurs parents savent qu’ils demandent du temps et de la patience. Beaucoup de patience.

«Au baseball, j’ai souvent crié le nom de mon gars durant les entraînements pour qu’il arrête de jouer dans la pelouse ou le sable», a raconté la mère de François.

«Lorsqu’il était plus jeune, lors des entraînements de hockey, il fallait toujours qu’une personne de notre famille soit avec lui, car il n’écoutait pas les consignes. Il n’avait pas la notion du temps, s’habiller pour lui en cinq minutes était une heure pour nous», a expliqué la mère de Nicolas

Le psychoéducateur Charles Lefebvre affirme qu’il est important de bien encadrer ces enfants. «Casser un enfant ne fonctionnera pas», a-t-il fait savoir.

«Si les entraîneurs ne sont pas capables de créer un bon lien avec les jeunes, ils ne pourront pas faire grand-chose, a-t-il ajouté. C’est un manque de connaissances et des techniques d’intervention efficaces qui font en sorte que les entraîneurs voient les comportements des jeunes TDAH comme problématiques.»

Au moment de l’entrevue avec la mère de Nicolas il y a quelques semaines, elle expliquait à quel point son fils aimait aller à l’aréna et jouer au hockey. Trois semaines plus tard, il a finalement décidé d’arrêter de s’y présenter, fatigué de l’engagement exigé pour ce sport.

Être positif

Selon M. Lefebvre, il est primordial, voire capital, que l’entraîneur crée un lien positif avec le jeune. «Il est important de leur montrer ce qu’on attend d’eux et si on agit de manière punitive, ça ne pourra pas fonctionner», a-t-il insisté.

Il a fait un parallèle avec les enfants TDAH que l’on prive de récréations. «On ne peut pas leur enlever ces moments puisqu’ils en ont besoin.»

La mère de Nicolas a remarqué que lorsque son enfant ne dépense pas suffisamment d’énergie dans une journée, il devient incontrôlable.

Chercher l’estime de soi et la perdre

À travers le sport, les enfants atteints du trouble déficitaire de l’attention espèrent souvent trouver l’estime de soi qu’ils ne peuvent obtenir assis sur les bancs d’école.

«Ce sont des enfants qui ont beaucoup de problèmes d’estime de soi, mais si l’entraîneur est en mesure de créer un lien avec l’enfant, alors c’est positif», a souligné M. Lefebvre. Et si l’enfant réussit à bien se développer à travers le sport, cela ne sera que bénéfique.

Le médecin spécialisé dans le traitement du TDAH, Martin Gignac, a déjà mentionné à la journaliste Isabelle Audet de La Presse + que «faire de l’exercice, ça ne touchera pas seulement les fonctions scolaires. Ça va probablement engager ces jeunes avec d’autres jeunes (…) travailler leurs habiletés sociales, leur estime personnelle, parce que s’ils performent bien, ils vont se valoriser.»