Élizabeth Gouin bientôt prête à prendre la relève sur la ferme familiale

La population agricole se fait vieillissante au Québec et la relève est donc précaire. Les dettes anticipées et les horaires très exigeants représentent pour plusieurs potentiels jeunes agriculteurs des obstacles majeurs. Mais Élizabeth Gouin, du haut de ses 19 ans, voit plutôt la possibilité de reprendre la ferme de ses parents, à Saint-Norbert, comme un formidable défi. 

Simon Gouin, qui a acquis en 2011 la ferme Redanlyne – fondée par ses parents André et Charlyne il y a 44 ans -, adore la vie agricole. Mais il a tout de même manifesté son intérêt à laisser les rênes à moyen terme si les enfants ont le désir de poursuivre sur ses traces dans l’entreprise familiale.Et Élizabeth a démontré un vif intérêt. 

« Je compte beaucoup sur l’aide de mon père. Et ma conjointe Sandra, qui a son propre emploi, m’appuie bien sûr beaucoup. Mais je souhaite tourner une nouvelle page, tout en étant pas très loin lorsque Élizabeth sera prête à prendre le relais. Mais je souhaite tourner une nouvelle page, tout en étant pas très loin lorsque Élizabeth sera prête à prendre le relais. Je pourrai d’ailleurs continuer à m’impliquer avec elle au sein de l’entreprise, si elle le désire », explique-t-il. 

Élizabeth se dirigeait vers une tout autre vie, s’étant inscrite en techniques policières au Cégep Garneau. Elle devait même passer des tests physiques, mais à la dernière minute, les plans ont changé. « J’ai toujours aimé donner un coup de main à la ferme et c’est un domaine qui m’intéressait vraiment beaucoup. Mais à quelques heures des tests physiques et alors que je me préparais à une excursion en ski, j’ai écouté ma petite voix intérieure », raconte-t-elle.

C’est donc à l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) qu’Élizabeth a poursuivi son parcours académique. Elle entamera à l’automne sa dernière année au Cégep.

« Je ne sais pas encore ce que je ferai par la suite. Mais je vais probablement suivre l’exemple de mon père, qui avait voyagé et vécu de belles expériences au niveau professionnel avant de diriger la ferme familiale. J’ai encore beaucoup de temps devant moi et lorsque je déciderai de prendre la relève, j’aurai à mon tour appris plein de choses qui m’aideront dans ma nouvelle vie », dit-elle.

Élizabeth est très consciente que le milieu agricole implique des journées bien remplies et une grande somme de travail. Mais son caractère fonceur lui permettra, selon elle, de réussir dans ce domaine. Elle se donne jusqu’à cinq ans avant de prendre les rênes de la ferme pour de bon. 

« Bien des gens croient que les femmes sont désavantagées physiquement pour certaines tâches, mais je ne m’en fais pas. Je saurai m’adapter et bien m’entourer au besoin. Ce n’est d’ailleurs pas impossible que ma jeune sœur Bénédicte soit à mes côtés. Et mon père sera bien sûr encore présent. Je ne suis pas du tout inquiète, au contraire », déclare-t-elle.

Sa mère, Sandra Carrier, est convaincue qu’Élizabeth a tout ce qu’il faut pour assurer l’avenir de cette ferme laitière qui opère à l’ancienne, avec un troupeau de 60 vaches. « Élizabeth est vraiment très dynamique et elle est à son affaire. Et tout comme moi, elle a un grand sens de l’organisation », soutient-elle.

Simon Gouin reconnaît que ce n’est pas facile de se lancer en agriculture à un si jeune âge, mais il est persuadé que sa fille aînée saura faire sa place. « Les jeunes d’aujourd’hui voient sur les médias sociaux leurs amis parler de leurs loisirs et leurs vacances. Quand on se lance en agriculture, on doit en faire un deuil. Mais Élizabeth aime vraiment beaucoup la vie agricole et tout ça ne la dérangera pas trop », confie-t-il.

Élizabeth, qui suit actuellement un stage à la ferme Les Moutons du large aux Îles-de-la-Madeleine, soutient que bien des élèves à l’INAB ont vécu dans une famille faisant carrière en agriculture. Elle a bon espoir que la relève est prometteuse.

« Quand on est bien préparé, tout se passe en général très bien. J’ai été élevée dans ce milieu et je ne me vois pas faire autre chose, tellement c’est enrichissant et génial comme vie », conclut-elle.