Élevage 5.0 à la ferme Desnette

On peut dire qu’on fait de l’élevage 5.0 à la ferme Desnette de Warwick. Premièrement parce que Marianne Desrochers représente la cinquième génération à s’investir dans l’entreprise familiale (et la première fille), mais aussi parce qu’avec les investissements réalisés au cours des dernières années, la ferme est à la fine pointe de la technologie.

Rencontrée dans la nouvelle étable où les vaches bénéficient de conditions idéales notamment avec la mise en place de deux robots de traite, Marianne, du haut de ses 23 ans et avec son beau grand sourire, explique pourquoi elle a choisi, avec son conjoint Mikaël Dumas, de prendre la relève de la ferme familiale dans laquelle son père Carl est toujours actionnaire. 

Marianne est très fière et reconnaissante envers ceux qui sont passés avant elle, d’avoir l’opportunité de faire grandir l’entreprise. Elle explique qu’elle a fait ses études à l’Institut des technologies agroalimentaires de Saint-Hyacinthe, un DEC en gestion d’entreprise agricole, et c’est là qu’elle a choisi officiellement ce métier. « Tout ce qui est gestion et finances, c’est intéressant. Je viens à l’étable depuis que j’ai 10 ans et je fais la traite. J’ai toujours aimé les animaux et le mode de vie », résume-t-elle. Alors à sa sortie de l’école, elle est revenue à Warwick et c’est tout naturellement qu’elle a joint l’entreprise familiale. 

Ainsi, après Édouard, Cyril, Jean et Carl, voilà que Marianne prend en main les destinées de la ferme, bien appuyée par son père qui, âgé seulement de 50 ans, restera encore à ses côtés plusieurs années. Même Jean, son grand-père, est toujours dans les parages à donner un coup de main apprécié. Quant à la maman de Marianne, Sandra Verville, elle s’occupe toujours de la comptabilité, mais ne manque jamais de venir faire un tour à l’étable.

Complexe laitier robotisé

Avec l’arrivée de Marianne, le projet de complexe laitier robotisé a fait son chemin et après trois ans de réflexion et de construction, il est désormais complété. Les vaches sont passées d’attachées à libres et bénéficient d’un circuit guidé pour la traite. Même s’il y a toujours du travail à faire, les robots permettent une certaine flexibilité. « Avant, nous étions deux à traire deux fois par jour, sept jours par semaine », rappelle-t-elle. 

Ces robots, en fonction depuis décembre 2022, permettent également une indépendance et une autonomie face au manque de main-d’œuvre qui sévit dans tous les domaines. Ils sont également de bons outils de gestions permettant de meilleures décisions et une qualité de lait. « Cette technologie permet, je trouve, de mieux analyser et de savoir que telle vache a donné tant de lait, etc. », apprécie-t-elle. En plus de réduire le travail physique, les robots (et les données qu’ils recueillent) permettent de mieux connaître le troupeau. En plus, la ferme Desnette est la première au Québec à proposer le circuit guidé avec les barrières de sélection pour accéder à la traite robotisée, comme le souligne Marianne en expliquant les différentes étapes par lesquelles les vaches en lactation sont désormais habituées à passer. « Nous ne sommes pas à pleine capacité puisqu’un robot peut traire 55 vaches en moyenne », ajoute-t-elle. Il y a donc place à augmenter le troupeau. Une amélioration qui a un coût, mais qui rend le travail moins physique et donne du temps pour faire autre chose.

Le nouveau bâtiment, qui abrite notamment les 80 vaches Holstein en lactation, est divisé en différents parcs, mais les animaux y sont en liberté. « Avec la relève, il y a environ 180 animaux en tout », lance Marianne. L’entreprise agricole exploite aussi 320 acres de terre (maïs, soya, foin, blé) avec un quota de lait. Chacun a ses fonctions précises. « Je suis davantage dans l’étable avec le troupeau, alors que Mikaël s’occupe des champs et de la machinerie. Mon père est aussi souvent dans l’étable », explique-t-elle.

Cela a nécessité, on le devine, un important investissement que Carl (son père) n’aurait peut-être pas envisagé sans avoir de relève. Mais il est bien heureux que sa plus jeune fille ait choisi de suivre ses pas dans ce domaine qu’il apprécie encore. « On pense à long terme et ce sera plus productif. On voulait aussi améliorer le confort des animaux et avoir une meilleure qualité de vie », résume-t-il. Carl est également bien fier et même soulagé de voir Marianne assurer la suite de l’entreprise. Il n’a pas de craintes pour l’avenir. « L’avantage aussi, c’est que Mikaël aime le domaine. Ils se complètent bien », mentionne-t-il.

Pour ce qui est d’être la première fille de la famille qui prend la relève, Marianne insiste pour dire que les femmes ont toujours été partie prenante de la ferme, mais plus discrètement. Celui lui met une certaine pression sur les épaules, mais elle se sent bien entourée. « L’important, c’est de croire en soi, mais c’est toujours en développement. Aussi, il ne faut pas avoir peur de poser des questions », insiste-t-elle. Mais dans l’ensemble, elle est très reconnaissante de l’opportunité qu’on lui offre de faire ses preuves. Marianne est consciente que certains producteurs hésitent à vendre à leurs enfants à cause du mode de vie exigeant, où on ne compte pas les heures de travail. Mais tous ensemble, trois générations quand même, ils forment une belle famille, heureuse et travaillante et qui n’a pas peur de relever des défis pour améliorer la ferme et la qualité de vie de chacun. 

Un bel exemple qu’ils vont montrer à d’autres agriculteurs puisqu’ils proposent une journée portes ouvertes le 20 octobre. À ce moment, ils pourront présenter la nouvelle construction ainsi que les équipements et, pourquoi pas, inspirer à faire de même.