Électrification des transports : Autobus Victoriaville investit trois millions $

L’entreprise Autobus Victoriaville a investi pas moins de trois millions de dollars pour déménager dans un bâtiment flambant neuf de quelque 5600 pieds carrés dans le parc industriel Fidèle-Édouard-Alain sur la rue Archibald-Campbell, à l’intersection de la rue René-Laroche.

L’entreprise a pris possession de ses nouvelles installations au début du mois de novembre, quittant ainsi la rue ­Cartier. Les propriétaires d’Autobus ­Victoriaville, ­Steeve ­Nadeau et son fils ­Brian, ont d’ailleurs vendu le terrain à un promoteur qui y construira deux immeubles pour un total de 28 logements. «  ­Cela faisait partie d’ailleurs des conditions qu’on avait pour pouvoir avoir un terrain dans le parc. C’est du donnant donnant  », indique ­Brian ­Nadeau. «  C’est une bonne affaire, ajoute ­Steeve. On était installé, on opérait et ça faisait notre affaire, tout en sachant cependant que ce n’était pas la meilleure place dans un quartier résidentiel. Avec les logements à venir, ce sera parfait pour tous.  » D’ailleurs, l’édifice qui abritait ­Autobus ­Victoriaville a été démoli la semaine dernière.

Aboutissement d’une longue démarche

Depuis deux ans, ­Autobus ­Victoriaville avait entrepris les démarches avec ­Richard ­Croteau, spécialiste en maximisation industrielle pour ­Destination ­Entreprise (l’ancienne ­CDEVR), pour trouver un terrain adéquat. «  ­Ce qui a bousculé les affaires, explique ­Steeve ­Nadeau, c’est l’électrification des transports. Sinon, on serait probablement toujours sur la rue ­Cartier. On n’était pas mal, tout était fonctionnel. Mais avec la loi de 2021 sur l’électrification des transports, il était clair qu’il nous fallait déménager. La capacité électrique pour recevoir un grand nombre d’autobus ne suffisait pas.  » ­Autobus ­Victoriaville a été la première entreprise du territoire du ­Centre de services scolaire des ­Bois-Francs à se doter d’un premier véhicule électrique. C’était en 2017.

Pour l’entreprise, l’électrification constitue une priorité. Non seulement le projet permet de réduire son empreinte écologique, mais il améliorera l’efficacité des opérations en regroupant le plus possible sur le même site l’ensemble de la flotte de véhicules. Parce qu’en plus de l’entreprise ­Autobus ­Victoriaville, les ­Nadeau, père et fils, possèdent deux autres entreprises, ­Transport ­GN de ­Sainte-Sophie-d’Halifax et ­Transport scolaire ­André ­Demers de ­Danville. Leur flotte compte une quarantaine de véhicules et ils emploient 45 personnes. De l’investissement total de trois millions de dollars, le tiers, environ un million de dollars, sert à électrifier la cour pour le stationnement des autobus. «  ­La première phase est terminée. Au printemps, ce sera la phase 2 pour le parc électrique  », précise ­Brian ­Nadeau. À terme, il est prévu que la cour accueille 30 autobus électriques. «  ­Lorsque nous y serons, on sera alors l’un des plus grands parcs électrifiés au ­Centre-du-Québec  », fait remarquer ­Brian. «  À chaque renouvellement d’autobus, renchérit le paternel, la loi impose de le remplacer par un véhicule électrique. Dans une dizaine d’années, tous nos véhicules seront électriques, si rien ne change dans les normes. Annuellement, on change trois véhicules, parfois quatre.  »

Jeu de dominos

Cela n’a pas été chose facile de dénicher un terrain pour ­Autobus ­Victoriaville. «  ­Les terrains sont de plus en plus rares partout au ­Québec, on n’y échappe pas non plus. Avec la ­Commission de protection du territoire agricole du ­Québec (CPTAQ) et les normes en vigueur, il devient très difficile d’aménager une nouvelle rue. Chaque pied carré est super important  », expose ­Richard ­Croteau. La rareté des terrains exige donc des solutions innovantes. «  ­Il faut être imaginatif  », note l’expert en maximisation industrielle. Le terrain sur lequel ­Autobus ­Victoriaville a pu s’implanter était plutôt destiné à une autre entreprise. «  J’avais déjà une offre pour une partie du terrain. Il était divisé en deux et j’avais déjà une offre signée. Il a fallu que je négocie avec l’acheteur pour le déplacer afin de pouvoir fournir un terrain assez grand à ­Autobus ­Victoriaville  », souligne ­Richard ­Croteau.

Cette seule démarche a nécessité un an de discussions. «  ­Finalement, on a trouvé une belle solution pour l’autre qui faisait son affaire. Tel un jeu de dominos, pour trouver une solution pour l’autre, il a fallu en tasser un autre. Quand les terrains sont plus rares, c’est beaucoup plus compliqué de faire entrer tout le monde dans son espace. Mais on y est arrivé  », se réjouit le spécialiste. Autobus ­Victoriaville a trouvé le terrain idéal. «  ­Avoir accès à deux rues, c’est excellent pour une compagnie de transport, observe ­Brian ­Nadeau. C’est une des raisons pour lesquelles on voulait ce terrain. C’est vraiment une chance qu’on a eue de pouvoir s’installer ici.  »

Un maire heureux

La réalisation de ce projet a de quoi réjouir le maire de ­Victoriaville et président de ­Destination ­Entreprise, ­Antoine ­Tardif. «  ­Les installations sont belles. Je suis bien content. Il s’agit d’un fort beau projet. Et c’est d’autant plus plaisant du fait qu’il s’agit d’une entreprise familiale  », ­a-t-il commenté. Le premier magistrat fait aussi valoir que la vocation du projet, l’électrification de la flotte, s’inscrit dans les orientations de la ­Ville. «  ­Non seulement c’est un investissement pour le parc industriel et pour la ­Ville, mais le projet vient aussi libérer le terrain de la rue ­Cartier, un terrain pour la construction de logements. Voilà un bel exemple du travail de ­Destination ­Entreprise qui a travaillé avec ­Autobus ­Victoriaville pour trouver un terrain répondant à ses besoins  », observe le maire ­Tardif. Victoriaville, ­a-t-il ajouté, connaît une belle séquence. «  ­Les entreprises poursuivent leur croissance et construisent de nouvelles installations dans le parc, comme le fait aussi ­Fromagerie ­Victoria.  »

Mais un défi se pose pour les autorités municipales. La demande est forte, mais les terrains se font rares. La ­Ville souhaite ainsi pouvoir dézoner, dans le secteur, une terre agricole adjacente pour y aménager de nouveaux terrains et ainsi répondre aux besoins des entreprises. Or, le gouvernement, note le maire, a récemment déposé une loi sur la protection du territoire agricole avec de nouveaux critères. «  ­Nous allons travailler notre dossier en fonction de ­ceux-ci, travailler avec la ­MRC et tous les intervenants afin qu’on puisse, avec le dépôt de notre prochaine demande, obtenir le feu vert. Sinon, affirme le maire, des entreprises locales qui veulent croître devront freiner leur projet faute de terrains disponibles. Pour nous, dénouer l’impasse dans ce dossier constitue une priorité en 2025  », conclut le maire ­Tardif.