Éduc’alcool : la consommation responsable a bien meilleur goût
Festivals, activités nautiques, BBQ, rencontres autour de la piscine, la saison estivale demeure propice à la consommation d’alcool. D’où l’importance pour l’organisme Éduc’alcool de poursuivre sa mission d’informer, d’outiller et de sensibiliser afin de favoriser une consommation responsable.
« Nous existons depuis maintenant près de 35 ans. C’est notre rôle d’informer, de sensibiliser, d’éduquer. Et l’été, il y a plusieurs prétextes pour que, sans être moralisateur et casseux de party, on donne de bons conseils pour qu’on se rappelle justement des beaux moments de l’été plutôt que des moins beaux », exprime, en entrevue téléphonique, la directrice générale de l’organisme, Geneviève Desautels.
Au début de l’été, Éduc’alcool, conjointement avec la Société de sauvetage du Québec, a mené une campagne pour sensibiliser les gens à l’alcool sur l’eau et autour des piscines. « Parce qu’à un moment donné, avec le soleil et la déshydratation, l’effet ressenti de la consommation d’alcool augmente, c’est du trois pour un. Ça va quand même assez vite, merci », observe Mme Desautels.
La tenue de nombreux festivals amène aussi l’organisme à poursuivre sa sensibilisation. La directrice générale d’Éduc’alcool se réjouit de voir les gens fréquenter les festivals pour y déguster et consommer de bons produits québécois. « Maintenant, comment fait-on pour demeurer dans une consommation qui est responsable? Comment y va-t-on à ce festival? Et comment on revient? Peut-on planifier avant d’y aller? C’est la base, c’est important de le rappeler », fait-elle remarquer, en suggérant notamment les services de raccompagnement, les taxis, le transport en commun s’il y a lieu, de même que le chauffeur désigné.
De plus, le festivalier peut opter pour autre chose qu’un produit alcoolisé. « Dans les festivals, de plus en plus de producteurs proposent des produits sans alcool et très intéressants », note Geneviève Desautels.
Mais bien au-delà des festivals, l’option des sans alcool demeure toujours disponible dans les dépanneurs, les épiceries et dans les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ).
Le site Internet d’Éduc’alcool dans sa section Alternalcool propose aussi plus de 150 recettes de cocktails sans alcool ou à faible teneur d’alcool. « Il n’y a donc pas de raison, lorsque vous faites un party de piscine, par exemple, que vous n’ayez pas aussi une option sans alcool pour vos invités afin qu’ils puissent alterner entre boissons alcoolisées et non alcoolisées. Et s’ils ont vraiment soif après une activité extérieure, l’eau est de mise », indique la DG d’Éduc’alcool.
Qu’est-ce qu’une consommation responsable?
L’organisme, de plus en plus, tend à s’éloigner de la prescription de quantité en matière de consommation responsable. « On va arrêter de mettre des chiffres parce que nous ne sommes pas tous égaux face à l’alcool », signale la directrice générale.
Différents facteurs peuvent influencer, dont l’âge, l’historique médical et familial. « Voilà pourquoi on s’affaire de plus en plus à vouloir éduquer les gens à faire leur propre évaluation en lien avec le risque et leur relation à l’alcool », fait valoir Mme Desautels.
Educ’alcool invite plutôt à la réflexion autour d’un concept à trois éléments : les motivations, le contexte et les effets. « Quelles sont vos motivations pour boire? Est-ce quelque chose de positif ou est-ce plutôt pour vous désinhiber, pour chasser le stress ou pour combler un manque? Et le contexte : est-il positif? Vais-je à un festival ou est-ce que je consomme seul à la maison parce que je m’ennuie? Ce n’est pas le même contexte de consommation », souligne Mme Desautels, sans compter les effets à court, moyen ou long terme.
« Si j’arrive avec une motivation positive, avec un contexte positif et pratiquement pas d’effets à court, moyen, long terme, que je ne regrette pas ma soirée, que je n’ai pas fait des choses non désirées, que je n’ai pas conduit en prenant une chance et que je ne recommence pas nécessairement demain, après-demain et ainsi de suite… alors, j’ai alors une consommation responsable et consciente », fait-elle valoir.
Les campagnes et les actions menées au fil des ans par l’organisme portent fruit, avance la DG. « On la voit la différence au Québec, mais aussi par rapport au reste du Canada où on ne retrouve pas un organisme comme Educ’alcool. Ce n’est pas juste grâce à nous, mais les Québécois consomment davantage de façon responsable et consciente qu’ailleurs au pays, selon ce que révèlent Statistique Canada et l’INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) dans leurs différentes études chaque année. »
Oui, les plus récentes statistiques montrent que plus de gens boivent au Québec que dans les autres provinces canadiennes, mais ils consomment davantage de façon modérée. « C’est rassurant, les gens consomment, mais on le fait davantage de façon consciente et responsable », souligne Geneviève Desautels.
Les jeunes
Comme les jeunes constituent une clientèle qui se renouvelle, Éduc’alcool se doit de répéter le message.
L’organisme constate que les jeunes d’aujourd’hui, qui ont été sensibilisés à l’alcool et à ses risques, consomment peut-être un peu moins d’alcool. « Mais ils sont moins sensibilisés aux autres substances. On constate une interaction entre l’alcool et les autres types de substances, comme le cannabis, fait savoir Geneviève Desautels. Ils veulent aller chercher l’effet. S’ils ne l’ont pas avec l’alcool, l’ont-ils avec le cannabis? Ou avec les médicaments ou d’autres types de drogues légales ou illégales? C’est ce qui nous préoccupe actuellement. »
La directrice générale d’Éduc’alcool invite les intéressés à consulter le site Web de l’organisme qui fournit différents outils. Outre l’Alternalcool, on y retrouve le calcoolateur qui permet le calcul de l’alcoolémie.
À savoir si elle avait un message à livrer, en conclusion, Geneviève Desautels a dit ceci : « Ça vaut la peine de se dire qu’il vaut mieux se rappeler du party avec le grand plaisir qu’on a eu d’y être ensemble que d’être en train de s’excuser le lendemain à cause de choses qu’on a dites parce qu’on en a pris un petit peu trop. »