Économie circulaire : le CIMEC en opération en 2028?
Le Centre d’innovation mutualisé en économie circulaire (CIMEC), cet important projet de quelque 50 M $, pourrait être en fonction quelque part en 2028 à Victoriaville, estime Israël Poulin, directeur général de la Cité de l’innovation circulaire et durable (CICD).
Les démarches se poursuivent à Québec avec le comité de pertinence et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE). « On a des signaux positifs. À ce jour, tout est favorable », souligne M. Poulin.
Le projet du CIMEC, rappelle-t-il, vise à mettre à l’échelle des technologies circulaires. « Avec ce projet, le Québec pourra poser les bases d’un pôle où chercheurs et industriels uniront leurs forces pour bâtir un modèle québécois de circularité », explique-t-il.
Le CIMEC doit être construit sur le terrain situé entre l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie et le Centre intégré de formation et d’innovation technologique (CIFIT). « Ce qui sera construit ici, à Victoriaville, bénéficiera à tout le Québec en offrant des solutions concrètes aux entreprises manufacturières et en créant des emplois durables », précise le directeur général de la CICD.
Le milieu s’est mobilisé. Le Cégep de Victoriaville, son centre collégial de transfert de technologie Inovem et Destination Entreprise sont partenaires avec la Cité dans le projet. Le secteur privé y collabore aussi. « On a rencontré plusieurs entreprises au Québec, des moyennes et des grandes, et plusieurs partenariats sont en train de se dessiner. Ça va bon train », affirme Israël Poulin.
Le CIMEC, ajoute-t-il, nécessite une volonté politique pour pousser le projet. « Nos élus, nos politiciens doivent comprendre que ce n’est pas juste un projet pour l’environnement, c’est un projet pour l’économie et un projet ayant aussi un impact social, note-t-il. Il est rare qu’on soit capable de toucher tous ces aspects avec un projet qui rassemble beaucoup de gens, des organismes, des entreprises. Un projet qui permettra de pousser l’économie circulaire, de développer des produits qui vont être davantage vendus localement, d’optimiser la matière utilisée, de même que le développement, l’embauche et l’attraction de talents. »
Mission
La Cité de l’innovation circulaire et durable se veut un joueur de premier plan dans la transformation circulaire et situe son action vers les secteurs de la construction, du meuble et du bois. « On ne se limite pas cependant à ces secteurs pour la valorisation des matières résiduelles. En fait, par exemple, on pourrait réutiliser des résidus du domaine agricole pour en arriver à un produit pour la construction, expose-t-il. Nous sommes ouverts à valoriser la matière qui existe et à mettre beaucoup l’accent sur les débouchés dans les secteurs du bois, du meuble et de la construction. »
Les secteurs auxquels s’intéresse la Cité, observe-t-il, représentent beaucoup de PME (petites et moyennes entreprises) et d’emplois au Québec. « On s’aligne sur la feuille de route en économie circulaire du Québec. Le but est de faire croître l’économie sans augmenter la consommation des ressources naturelles. »
Le Québec, souligne Israël Poulin, chiffres à l’appui, a encore du chemin à parcourir pour augmenter son taux de circularité qui se situe à 3,5%, bien en deçà de ce qui se passe au Canada (6,1%) et dans le monde (8,6%).
« Ça fait partie des objectifs du CIMEC d’accélérer cette transition. On sera capable, par exemple, de donner un nouveau souffle à des innovations, à de belles découvertes qui dorment sur les tablettes des universités, n’ayant pas abouti pour diverses raisons », fait valoir le DG de la Cité.
« Les partenariats du CIMEC nous permettront d’amener des opportunités à d’autres étapes. Nous sommes tous des partenaires connectés à des réseaux. Inovem, par exemple, est en lien avec 2000 chercheurs environ », précise-t-il.
Le CIMEC proposera différents services pour aider les entreprises avec le financement pour leurs projets de recherche et développement, pour les études de marché, la mise en place d’entreprise pilote et transfert d’entreprise. « On va accompagner les entreprises ayant des buts, des objectifs d’innovation et de valorisation. On va les soutenir dans leur cheminement afin de diminuer les risques liés, notamment, à la recherche et au développement, au démarrage et à la commercialisation. »
En certaines occasions, poursuit Israël Poulin, la Cité pourrait établir une entreprise pilote et démarrer un projet pour en faire un modèle d’affaires ou une vitrine technologique et ensuite transférer le tout vers une autre entreprise.
« Nous allons travailler en équipe pour identifier des projets, générer des idées, pour connecter avec des universités et toutes sortes de gens et tenter de voir s’il y a des idées qui émergent. Des idées qu’on veut transformer en opportunités. »
Par ailleurs, en établissant un pont avec l’enseignement, le CIMEC s’assurera d’une main-d’œuvre formée qui saura comprendre les méthodes et façons de faire pour augmenter le taux de circularité. « Les gens arriveront dans les entreprises en ayant déjà la mentalité pour effectuer un changement », observe M. Poulin.
La recherche et développement, un secteur riche en créativité, représente un élément important. « Le défi consiste à s’assurer que les idées qui émergent correspondent aux besoins du marché. Il leur faut des débouchés. Tout doit être cohérent économiquement », fait remarquer Israël Poulin.
Financement et positionnement
Le montage financier de ce projet totalisant 50 M $ a été défini. Environ 75% du financement proviendrait du MEIE.
La contribution du gouvernement fédéral représente quelque 15% de l’investissement tandis que l’apport des partenaires privés se situe à 10%.
Le projet se trouve inscrit dans le Plan québécois des infrastructures (PQI).
Par ailleurs, l’implantation du CIMEC à Victoriaville constitue un positionnement stratégique au Centre-du-Québec. « Être central au Québec nous positionne bien pour ce genre de travail », estime Israël Poulin.
Une Cité active
La Cité de l’innovation circulaire et durable, en plus du CIMEC, s’active dans d’autres projets, comme la formation et l’accompagnement aux entreprises avec la démarche D2+. Cette année, six nouvelles cohortes y prendront part.
L’équipe de la Cité, composée maintenant de neuf personnes, une dixième pourrait bientôt joindre les rangs, planche aussi sur des projets de valorisation de résidus de placage et de plastiques agricoles. « On regarde aussi pour travailler avec de nouvelles filières dans des domaines comme le textile et l’agriculture. Nous collaborons aussi avec la Vallée de la transition énergétique dans la valorisation de matière sur leur territoire », mentionne le DG.
La Cité prépare aussi l’inauguration de La Serre + prévue pour le début du mois de mai.
Des discussions se font aussi avec d’autres municipalités intéressées par le modèle de la Cité qu’elles pourraient adapter sur leur territoire. « Bref, on ne tourne pas en rond en économie circulaire », conclut Israël Poulin avec humour.