Du patrimoine, des Pokémon… et en espagnol s’il vous plaît
TOURISME. Une clientèle encore plus diversifiée qu’à l’habitude devrait fréquenter l’église Saint-Christophe-d’Arthabaska. Les amateurs du nouveau jeu Pokémon Go s’attarderont dans son environnement pour y trouver une Arène ou repérer le Poké Stop dans le cimetière. La présence de ces «chasseurs» n’importunera pas la jeune Ana Nightingale Castillo. Elle les invitera à visiter l’église plus que centenaire. «En français, en anglais ou en espagnol?», pourra-t-elle leur proposer.
Il s’agit d’une grande nouveauté… et d’une exclusivité dans la région que cette possibilité d’une visite touristique dans l’une ou l’autre des trois langues que parle la jeune femme de 17 ans.
Particulièrement pour la communauté hispanophone et les gens voulant pratiquer leur espagnol, Ana animera une visite de l’église uniquement dans cette langue le dimanche 31 juillet, à 13 h 30.
Le marguillier Luc-André Verville rappelle que la Fabrique Saint-Christophe-d’Arthabaska offre des visites guidées de son lieu de culte depuis au moins vingt ans. Des gens comme Camille Piché, Raymond Pelchat, Jean-Léo Giguère ont eu à cœur de faire connaître ce monument du patrimoine datant de 1873, classé comme tel par le gouvernement du Québec en 2001. Parce qu’il était prof d’anglais, M. Piché avait pu ouvrir l’église à une clientèle anglophone.
«D’ailleurs, l’auberge Au fil des saisons (tout juste à côté du Musée Laurier) accueille énormément d’anglophones», indique M. Verville.
Il souligne que lors des entrevues pour allouer cet emploi étudiant (Emploi-Été Canada), la connaissance de plusieurs langues ne constituait pas un critère de sélection. Ana s’est démarquée par son curriculum vitae et par son attitude lors de l’entrevue.
Péruvienne d’origine, résidant au Québec depuis une dizaine d’années, la jeune femme vient de terminer ses études secondaires. Elle s’est inscrite au programme international au cégep Garneau, pour les «valeurs humanistes» qui y sont proposées.
Impressionnante église
Depuis le 3 juillet et jusqu’au 12 août, elle fait visiter l’église Saint-Christophe-d’Arthabaska, ravie d’avoir décroché un de ces rares emplois étudiants dans le domaine culturel.
Avec Luc-André Verville, elle a appris à connaître l’église – même les environs comme le Musée Laurier -, a lu livres et fiches d’information. Elle a découvert le monument sous tous ces angles, sa longue histoire, son ornementation riche de ses vitraux, de ses 76 toiles inspirées de grands peintres européens. L’artiste-peintre Marc-Aurèle Suzor-Côté qui habitait non loin de là y a mis ses premières touches.
Ana partage avec les visiteurs son admiration pour tous les efforts qu’a mis la communauté à restaurer l’église. Malgré tous les changements dans les rites, la pression de la modernité, la communauté a investi pour ramener l’église à son état d’origine, observe-t-elle. «Ce qui montre l’importance du patrimoine.»
Parmi ses groupes de visiteurs, elle a trouvé réponse à une question qui taraudait la Fabrique. Mais pourquoi donc dans ce tableau représentant Marie-Madeleine voit-on un crâne à ses pieds? Parce que, explique-t-elle, Marie-Madeleine a assisté à la crucifixion du Christ sur le mont Golgotha qui signifie crâne en hébreu. Une question en attire une autre… Pourquoi retrouve-t-on aussi un crâne au pied de saint François d’Assise dans le tableau placé en vis-à-vis de l’autre côté?
Des histoires, la jeune guide en aura plusieurs à raconter, comme celle du curé Buisson qui ne pouvait supporter l’idée que Joseph ne figure pas dans le tableau originel devant représenter la Sainte Famille.
Cinq jours par semaine
Jusqu’au 12 août, la jeune femme accueille les visiteurs de 11 heures à 17 heures, les dimanches, mardis, mercredis, jeudis et vendredis.
La visite guidée peut prendre une quarantaine de minutes, Ana adaptant sa présentation selon la constitution du groupe, l’âge des participants, le nombre de leurs questions.