Dix ans de bénévolat et de persévérance

La Semaine de l’action bénévole se tient au mois d’avril chaque année. C’est en avril 2013 qu’a débuté le bénévolat que le comité de protection du lac à la Truite de Verte Irlande, devenu par la suite, en juillet 2015, l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI), amorçait une campagne médiatique de sensibilisation sur l’état de santé lamentable de leur lac. 

Grâce aux bénévoles, en janvier 2015, un Mémoire intitulé « Le lac à la Truite d’Irlande – En voie de disparition » a été déposé par le regroupement des quatre lacs (avec la collaboration du GROBEC) auprès de plusieurs instances, tel que MELCC, la MRC des Appalaches, la Municipalité d’Irlande et le député Laurent Lessard.

Dès juin 2016, l’APLTI obtient une importante subvention du ministère de l’Environnement du Canada pour la restauration du barrage de l’étang Stater en collaboration avec Canards Illimités du Canada (CIC). Cette dernière organisation en a fait une importante campagne médiatique « Making a dam difference at the Étang Stater ou Faire barrage à la toxicité » qui a fait rayonner l’APLTI à travers le pays. Dans la même période, l’APLTI a initié la plus importante étude paléolimnologique en Amérique du Nord « Les lacs du bassin versant de la rivière Bécancour – Mai 2022 » avec le professeur Reinhard Pienitz et le doctorant Olivier Jacques.

En juin 2019, lors de la quatrième Assemblée générale annuelle (AGA), une résolution est adoptée à l’unanimité déclarant l’état d’urgence de la rivière Bécancour. Dès octobre, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette, confie au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) le mandat de tenir une enquête et une audience publique portant sur l’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés. Les nombreuses études et les rapports de suivi de la qualité de l’eau effectués par l’APLTI ont tous été déposés au BAPE et bien souvent par des organismes gouvernementaux.

En juin 2022, à la suite du dépôt du rapport des commissaires du BAPE en juillet 2020, le ministre Benoit Charrette dépose son plan d’action 2022-2025 sur l’amiante et les résidus miniers amiantés au Québec vers la transformation d’un passif en un actif durable au coût de 38,5 M $. Avec déception, aucune action de son plan d’action n’a été accordée à la décontamination de la rivière Bécancour, pourtant jugée prioritaire par les commissaires du BAPE et de la science par l’Université Laval. 

L’APLTI a déposé une plainte officielle le 14 août 2020 en vertu de l’application des articles 34 à 36 de la Loi sur les Pêches et, le cas échéant, en vertu de l’article 5.1 de la LCOM qui prohibe le rejet de substances nocives dans l’habitat des oiseaux migrateurs. Le 16 octobre 2019, l’APLTI les avait avisés concernant les sédiments apportés par l’érosion des haldes situées aux abords de la Bécancour et les surverses de la station d’épuration qui contribuent à la détérioration des milieux humides de Chaudière-Appalaches. Le 22 mars dernier, la direction de l’application de la loi en environnement (DALE) répondait qu’il leur faut des motifs pour inspecter ou enquêter. Donc, la DALE ne poursuivra pas ses démarches pour répondre à la plainte.

Malgré certaines déceptions des gouvernements, après dix ans de bénévolat et de persévérance, les administrateurs de l’APLTI poursuivent leur mission afin de cesser la pollution de la rivière Bécancour et de ses lacs fluviaux. Ils sont à la recherche de financement afin de réaliser une étude hydrogéomorphologique sur la restauration du lac Noir. Une solution qui est très bien vue et recommandée par la science. « Aménager un bassin de rétention des nutriments et des sédiments sur le parcours de la rivière Bécancour, entre le secteur de Thetford Mines et l’étang Stater. Par exemple, la rivière Bécancour pourrait être détournée vers le puits minier de la mine Lac d’Amiante. Voir analyses et propositions de Chum (2020) et le « Plan de contrôle des sédiments amiantés du secteur minier de la Haute-Bécancour 2022-2027″ (GROBEC, 2022) ». 

Le cadre réglementaire québécois en matière d’aménagement de cours d’eau a évolué récemment et encourage l’intégration du savoir hydrogéomorphologique avant de réaliser une intervention. Cette science est particulièrement bien adaptée au contexte fluvial complexe du secteur qui nous concerne. Des recommandations quant à la conception du chenal de déviation pourront être faites afin d’assurer ultimement l’atteinte d’un état d’équilibre. Également, un aperçu du bilan sédimentaire sera proposé et permettra, entre autres, d’évaluer le temps que prendrait le lac Noir à se remplir de sédiments. Cette étude permettra une meilleure compréhension pour l’obtention d’un certificat d’autorisation et aidera ultérieurement à la conception de plans et devis.

D’ailleurs, pour cette étude, l’APLTI vient de recevoir une bourse américaine de 4000 $ du programme IEN-WMAN Mining Mini Grant. Cet organisme américain reconnaît que l’activité minière a souvent des effets néfastes sur tous les aspects du bien-être communautaire et culturel et ils encouragent les projets qui visent à protéger l’environnement, les écosystèmes, les ressources culturelles et la santé communautaire contre les impacts miniers. Ce programme est d’une valeur inestimable pour les organismes communautaires, dont beaucoup ont très peu de possibilités d’obtenir un soutien financier à l’extérieur de leurs poches. 

Cette année, le thème de la Semaine de l’action bénévole est « Le bénévolat permet de tisser des liens ». Devenir membre de l’APLTI serait une excellente démarche en ce sens, soutenir le bénévolat et la protection de l’environnement.