Des gens meurent… de la chimio

Colette Bibeau a vu son mari, Paul Allard, mourir, «brûlé de l’intérieur», 28 jours après avoir ingéré le premier de trois comprimés contenant le 5-FU, ingrédient faisant fréquemment partie des traitements de chimiothérapie. C’était en 2011.

Or, a-t-elle appris, son mari n’aurait jamais dû recevoir ce type de traitement étant donné qu’il avait un déficit génétique en DPD (dihydropymidine déshydrogénase), que seul un test peut détecter.

Dans les cas où cette enzyme n’est pas ou peu présente dans l’organisme, le 5-FU s’attaque aux cellules saines et provoque des souffrances nécessitant une hospitalisation immédiate… même le décès.

Ce qui s’est produit dans le cas de M. Allard. «Un médecin m’a dit que c’est comme s’il avait eu, à l’intérieur, la bactérie mangeuse de chair.»

M. Allard avait été opéré pour un cancer du côlon, de stade 2. «On avait enlevé 17 ganglions de part et d’autre et d’autres tous sains, sans métastases. Le Xéloda lui a été donné à titre préventif et, selon son médecin, cette chimiothérapie était légère!», raconte Mme Bibeau.

À la veille de la diffusion de son entrevue avec Denis Lévesque (vendredi 7 avril), la Sherbrookoise était présente à Victoriaville, pour assister à la conférence de Josée Blanchette, cette dernière appuyant sa lutte, disant elle-même avoir vu sa mort de près après deux séances de chimio.

Mme Bibeau a pris la parole pour résumer la bataille qu’elle mène depuis six ans pour renseigner le public, réclamer qu’avant d’administrer le 5-FU à un patient, les médecins effectuent le test.

«Pourquoi fallait-il que ce soit moi qui doive mener la bataille?», s’est-elle demandé tout haut, alors que plusieurs études avaient déjà démontré que le médicament pouvait tuer.

Elle a expliqué que, finalement, c’est en réponse à une demande du ministre Gaétan Barrette que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux recommande que l’on fasse passer un test à toute personne devant recevoir le 5-FU. «C’est un rapport de 150 pages que personne ne lira ou ne comprendra!», s’exclame Mme Bibeau.

Le 21 mars dernier, la journaliste Marie-Claude Malboeuf de La Presse annonçait en exclusivité que le ministre était sur le point d’introduire le test génétique pour mettre fin aux tragédies inutiles. Selon les informations que Mme Bibeau a obtenues, le test ne serait accessible qu’en décembre prochain, ce qu’elle décrie haut et fort alors que le 5-FU est encore prescrit sans aucune vérification.

«Ça ne ramènera pas mon mari, mais ça épargnera des souffrances et sauvera des vies!», affirme Mme Bibeau.