Des coupes plus «scandaleuses» qu’un seul bain par semaine

La suppression de sept postes d’infirmières auxiliaires dans trois ressources intermédiaires (RI) de Victoriaville et de Plessisville constitue un «plus gros scandale» que cette question de l’unique bain par semaine donné aux personnes âgées dans les centres d’hébergement, prétend Claude Audy, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN.

En présence d’une infirmière auxiliaire Chantale Vallée (RI de l’Amitié de Plessisville) et de l’infirmier auxiliaire Serge Lemieux (Résidence Le Verger de Victoriaville) dont les postes seront abolis, M. Audy a dénoncé ces coupes.

Il dit le faire non seulement pour défendre les travailleurs, mais pour prévenir les familles que, le soir, dans ces trois RI (le Pavillon Marchand est également concerné) regroupant quelque 150 lits, les résidents ne seraient plus soignés par des professionnels, mais par des préposés aux bénéficiaires ne possédant qu’une formation de base.

Sans dénigrer le travail des préposés, il a expliqué que les établissements privés n’étaient pas tenus d’embaucher des détenteurs d’un diplôme d’études professionnelles. Les postes supprimés par le CIUSSS seraient remplacés par des postes de préposés, non syndiqués, payés par le privé au salaire de 12 $ l’heure.

Lui-même préposé aux bénéficiaires depuis trente ans, Claude Audy se verrait mal assumer des tâches comme d’administrer des médicaments, des narcotiques, même de la morphine, prendre la pression, mesurer le taux de saturation d’un résident. «Pour nous, ces suppressions représentent un danger pour la population», a-t-il souligné, ajoutant que, déjà la nuit, des erreurs se produisent.

Directement touchés par ces suppressions, Chantal Vallée et Serge Lemieux ont expliqué que souvent, le soir, les préposés aux bénéficiaires recourent à leurs services, leur servant de référence.

Ils ont ajouté que dans les RI, la clientèle était, dans certains cas, aussi lourde que dans les établissements publics que sont les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), particulièrement dans des unités où résident des gens ayant des troubles cognitifs majeurs ou des problèmes de santé mentale.

Agente de griefs et infirmière à l’urgence, Patricia Mailhot se demande quelles économies le CIUSSS entend faire avec ces coupes. «On nous parle d’une économie de 334 000 $. Elle sera où l’économie lorsque, le soir, sans pouvoir référer à une infirmière auxiliaire, les préposés aux prises avec un résident mal en point n’auront d’autre choix que de l’envoyer à l’urgence?»

«Va-t-on finir par avoir un système stable?», se demande l’infirmière Patricia Willard, présidente du Syndicat local, elle qui prédit que la suppression de ces postes d’infirmière auxiliaire alourdira la tâche du personnel de jour, altérera le climat le travail, créera davantage de stress et d’angoisse.