Des conférenciers qui ont plu aux militants conservateurs

L’ex-ministre québécois de la Justice, Me Marc Bellemare et le sénateur conservateur Léo Housakos se sont adressés, samedi, aux militants conservateurs du Québec réunis pour leur conseil général à Victoriaville. Leur discours a trouvé écho auprès de l’auditoire.

Marc Bellemare a proposé ses réflexions en matière de justice, un monde qui doit être accessible et public, en principe, mais qui, dans les faits, selon lui, est « un monde plutôt fermé et assez hermétique et il est bien de le questionner ».

L’avocat a tenu à partager certains exemples, certaines situations qu’il qualifie « d’aberrantes » et qui justifieraient, a-t-il dit, des changements pouvant venir de la scène fédérale et du côté provincial.

Qualifiant le premier ministre Justin Trudeau « d’ami des bandits », le conférencier s’en est pris à la loi C-5 adoptée en novembre 2022 et abrogeant certaines peines minimales obligatoires et encourageant, a-t-il noté, les peines dans la communauté, les peines à domiciles. « Ce sont les peines Netflix and chill. Le juge envoie le condamné à domicile. Tu pourras écouter Netflix, prendre une bière avec tes chums, manger de la pizza, travailler, gagner de l’argent, gérer tes finances. Une aberration », a exprimé l’ancien ministre de la Justice.

En 2023, un délinquant sur cinq a bénéficié d’une peine à domicile, à la suite de l’entrée en vigueur de la loi C-5, « une monstruosité », a souligné Marc Bellemare tout en prédisant, en 2024, une hausse d’environ 50% tellement la mesure est populaire.

Personne, dans la population en général, selon lui, ne croit qu’une peine dans la communauté équivaut à une peine d’emprisonnement. « Mais il y a toujours l’aile gauche de la justice, le lobby de la criminologie, les bien-pensants prêchant la réhabilitation et la réadaptation qui militent en faveur des peines à la maison. C’est un lobby extrêmement puissant. Dans les faits, je trouve que cela discrédite le système de justice. Ça banalise le crime et surtout en matière d’agression sexuelle, c’est un scandale », a-t-il soutenu.

Marc Bellemare n’en peut plus de constater la prolifération des peines à la maison. « Pourquoi y a-t-il autant de criminels qui demandent des peines à domicile?  Eh bien, c’est tellement plus facile, plus agréable. Je ne dis pas qu’ils sont en congé, qu’il n’y a pas une certaine restriction de liberté. Mais on est loin de la prison qui est une privation totale de liberté pendant un certain temps et qui permet une introspection, une certaine réflexion. Et en prison, on est traité, on est entouré de professionnels, on réfléchit sur notre crime et on a moins de chance de récidiver. Cet objectif est beaucoup moins atteint avec les peines à domicile, à mon avis. Abrogation au plus sacrant de C-05, les criminels en prison le temps fixé par le juge », a-t-il lancé, des propos accueillis par les applaudissements de l’auditoire.

Peines minimales obligatoires

Marc Bellemare a déploré l’abolition d’un nombre considérable de peines minimales par le gouvernement Trudeau estimant qu’elles étaient contraires à la Charte des droits et liberté.

« Les tribunaux depuis la Charte de1982 ont le droit de déclarer inconstitutionnelle une loi qu’ils estiment cruelle et inusitée, a-t-il expliqué. Or, pour avoir des peines minimales, il faut invoquer la clause dérogatoire au Code criminel pour éviter que les tribunaux se comportent comme des gouvernements et décident en lieu et place de la Chambre des communes de ce qui est bon pour le peuple canadien et de ce qui est cruel et inusité. M. Poilievre dans certains de ses discours a évoqué son intention d’y avoir recours. Espérons que ça soit le cas. »

Les peines minimales sont nécessaires, selon Me Bellemare pour empêcher les juges de prononcer des peines insuffisantes, des peines bonbons.  Il faut un plancher. « À un moment donné, au-delà de la prévention et des budgets de sensibilisation, une certaine répression s’impose. Il faut avoir des conséquences aux gestes qu’on pose. »

Par ailleurs, Marc Bellamare, en regard de l’arrêt Jordan concernant le droit pour un accusé d’être jugé dans un délai raisonnable, est d’avis que les délais prévus, 18 mois en Cour du Québec, et 30 mois pour les tribunaux supérieurs, doivent être allongés.

L’avocat milite aussi pour l’utilisation de la cause dérogatoire afin de réintroduire le cumul des peines dans les cas de meurtres multiples.

Il a dénoncé aussi, en matière de libération conditionnelle, qu’un condamné soit libéré d’office après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Celle-ci, estime-t-il devrait être purgée à 90%. « La libération des gens avant la fin de leur temps vient discréditer beaucoup le système de justice ».

Enfin, Me Bellemare a soutenu, en citant quelques cas, que les détenus fortunés, qui en ont les moyens, devraient payer une partie des coûts de leur détention.

Le sénateur Housakos

« Après des mois de porte à porte, je peux vous dire que notre message résonne », a souligné le sénateur conservateur Léo Housakos aux membres conservateurs québécois réunis. 

« Je suis notamment ici en tant que supporteur de longue date d’Éric Duhaime.

Je le connais depuis plusieurs années. Je lui donne mon appui à 100 milles à l’heure, tout comme au Parti conservateur du Québec », a-t-il dit, tout en remerciant l’ancien chef Adrien Pouliot. « Je le remercie d’avoir bâti une maison pour les nombreux Québécois qui veulent moins d’État et plus de liberté. Nous ne sommes plus des orphelins politiques maintenant. »

Pour le sénateur Housakos, Éric Duhaime et Pierre Poilievre ont plusieurs choses en commun. « Ils agissent par conviction, ils croient qu’il faut faire ce qui est juste et non seulement suivre les consensus politiques et médiatiques. »

S’il n’a pas toujours été facile d’être conservateur au Québec, a-t-il noté, certaines nouvelles donnent espoir.

Il se réjouit d’un sondage révélant que le Parti conservateur du Canada arrive premier avec 33% des voix chez les 18-34 ans contre 17% pour les libéraux et 15% chez les bloquistes. « Il ne faut pas s’étonner que les jeunes veuillent du changement. Après tout, ils sont la première génération de l’histoire du Canada à se trouver dans une situation pire que celle de leurs parents », a-t-il observé.

Le sénateur a pointé du doigt les politiques du gouvernement Trudeau. « Le prix des maisons et des loyers a doublé,  le prix de la nourriture a augmenté. Il a doublé notre dette nationale. Il a augmenté de 40% la taille de la bureaucratie fédérale et il continue d’accumuler les déficits. Tout coûte plus cher, mais les salaires ne suivent pas », a-t-il fait valoir tout en constatant que le rêve canadien est hors de portée pour la génération actuelle.

« Il nous faut des gouvernements de conviction, de liberté et de gros bon sens. On a besoin d’un gouvernement Poilievre à Ottawa et d’un gouvernement Duhaime à Québec », a-t-il lancé.