Démystifier le travail social

Souligner l’importance de la profession, faire connaître leur rôle, démystifier le soutien qu’ils peuvent apporter aux gens dans certains moments de leur vie, c’est notamment ce que vise la Semaine des travailleuses sociales et travailleurs sociaux (TS) du 24 au 30 mars, une semaine placée sous le thème « TS : au cœur de toutes les transitions ».

Ils sont plus de 16 000 TS au Québec, comme Sylvie Bernier et Véronique Vincent qui pratiquent toutes deux à Victoriaville, chacune de leur côté, en bureau privé. Le travail social, notent-elles, demeure méconnu dans la province. « Au Canada les travailleurs sociaux sont vraiment davantage reconnus. Au Québec cependant, on en entend moins parler, constate Véronique Vincent. S’il y a quelque chose à apprendre aux gens, c’est que les travailleurs sociaux peuvent vraiment les aider. »

On les retrouve un peu partout, les TS, comme dans les écoles, les CLSC, les hôpitaux, les organismes communautaires, les CPE (centres de la petite enfance) et dans le milieu militaire aussi.

Sylvie Bernier et Véronique Vincent trouvent des avantages à leur pratique autonome. « La pratique privée procure la liberté d’apporter notre propre couleur, d’être cohérente avec nos valeurs d’intervention, de nous respecter comme personne, sans compter les possibilités d’innovation. Personnellement, c’est ce qui me convient le mieux, la pratique autonome. Un choix que je ne regrette pas, j’ai développé ma niche », fait remarquer Véronique.

« C’est différent pour chaque personne, ajoute Sylvie Bernier. En ce qui me concerne, j’adore la pratique privée. On peut déterminer le nombre de clients qu’on va recevoir, le nombre de rencontres à tenir avec la personne, entre autres. »

Le travail social

La consultation en travail social, expliquent les deux TS, offre aux gens un espace pour qu’ils puissent se déposer et s’exprimer sans jugement. Un temps d’arrêt dans un quotidien souvent effréné permettant un recul pour trouver des solutions dans une période de vie souvent remplie d’obstacles ou de remises en question.

Le TS, tout en respectant le rythme du client, l’accompagne, l’aide à traverser les transitions de la vie en faisant de l’enseignement, en proposant des outils pour favoriser la recherche de solutions adaptées face aux différentes problématiques vécus, que ce soit en santé mentale, en gestion de conflits, en communication ou autres.

Un TS évalue les différentes sphères de vie d’une personne et les interactions qu’elle vit avec chacune d’elles. Véronique Vincent l’illustre en prenant l’exemple de la poupée russe. « On va aller voir toutes les sphères de vie de la personne. On déboîte tout comme avec une poupée russe pour voir comment ça se passe au travail, dans la famille, pour connaître l’histoire de vie, le vécu en couple, par exemple. On regarde tout pour que dans l’ensemble de la vie de la personne, on voit tout ce qui vient l’influencer dans ce qu’elle nous présente », explique-t-elle.

Par son travail, le TS veut amener la personne à trouver un équilibre dans sa vie. « On peut aider les gens à trouver un équilibre dans leur vie, dans leurs sphères de vie. On veut faire en sorte que toutes les petites poupées mises ensemble viennent créer un équilibre. C’est ce qu’on cherche », précise Véronique.

On le disait, le TS s’adapte au rythme de la personne. La durée des consultations demeure donc variable. « La beauté du travail social, mentionne Véronique Vincent, c’est que nous suivons beaucoup le rythme de notre client. On prend en compte toutes les petites poupées. Il n’y a pas de pression quant au nombre de rencontres. Avec des mandats de l’IVAC (indemnisation des victimes d’actes criminels), certains clients peuvent nécessiter, par exemple, plus de 50 rencontres. »

Sylvie Bernier se fait parfois demander par des clients le nombre de rencontres prévues. « Je dis toujours que je ne détermine pas de temps. On le voit ensemble, à la fin de chaque rencontre, souligne-t-elle. Cela dépend ce que la personne veut travailler. On décide ensemble pour être vraiment au rythme du client , mais aussi pour répondre à ses besoins. »

Les TS ont notamment ceci en commun : ils croient beaucoup au potentiel de leurs clients. « Ils arrivent déjà avec des forces, on appelle cela leur résilience. C’est avec ça qu’on va travailler parce que je leur dis toujours que je ne réinventerai pas la roue. Le travail social est une approche très proactive dans le sens où on responsabilise nos clients, on leur donne des outils. Ils ont ainsi l’impression de cheminer. Et c’est ce qui se passe. On chemine, on les prend où ils sont et on les amène où ils veulent aller », fait valoir Véronique.

« On vient mettre des mots sur leurs qualités, leurs forces, leurs compétences, renchérit Sylvie Bernier. Et on vient renforcer leurs compétences, leurs valeurs. »

Vaste clientèle et champ d’action

Les travailleuses sociales et travailleurs sociaux interviennent auprès d’une très large clientèle, des enfants jusqu’aux aînés, en passant par les adolescents, les adultes, les employés avec les programmes d’aide dans les entreprises, les premiers répondants et les militaires.

Les TS obtiennent aussi des mandats provenant de l’IVAC, de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et des mandats de protection (inaptitude).

Les consultations peuvent se faire individuellement, en couple, en famille et en groupe. Elles peuvent se tenir en présence, par visioconférence ou par téléphone.

Quant aux motifs de consultation, ils sont fort nombreux, de la gestion des émotions et des conflits en passant par l’anxiété et le stress. Les gens consultent aussi en matière de compétences parentales, pour apprendre à mettre leurs limites ou pour se préparer à la retraite.

D’autres le font pour les deuils, les relations de couple, l’estime et la confiance de soi, les comportements violents, le harcèlement psychologique, la dépression, les idées suicidaires et la perte d’autonomie.

Un encadrement sécuritaire

Pour porter le titre officiel, un TS doit obligatoirement faire partie de l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ). De quoi rassurer la clientèle.  « Nous avons des critères à respecter dans notre code de déontologie. Faire partie d’un ordre assure une qualité de service »,  assure Sylvie Bernier.

« Le code de déontologie, auquel on doit se soumettre, prévoit notamment la tenue de dossiers, le consentement des clients, enchaîne Véronique Vincent.

Au fond, ça assure une certaine protection pour le public. Au besoin, s’il survient quelque chose, des mesures disciplinaires peuvent être imposées. » La formation continue et les inspections font aussi partie de la vie des TS.

Un travail valorisant

Sylvie et Véronique partagent ce même sentiment devant le progrès, le cheminement de leurs clients.

« C’est toujours touchant, commente Véronique. En trauma, en actes criminels, de voir tout le cheminement réalisé, wow ! Le privilège d’aider ces personnes à devenir des adultes accomplis et que tout s’aligne mieux, ça vaut plus cher que le salaire. »

Des mercis exprimés, Sylvie en entend de ses clients.  « Mais je leur dis que c’est surtout  grâce à eux. Oui, je vais prendre ma part, mais je leur ai offert des outils. Ils avaient des choses à faire et devaient se mettre en action. La volonté de la personne est nécessaire », signale-t-elle.

En fait, résume Véronique, les TS visent l’autonomie des personnes. « Le travail d’un TS n’est pas de rendre le client dépendant du service, mais bien de le rendre autonome pour que dans la vie, ils soient capables de ne pas avoir besoin de nous. »

Si le besoin s’en fait sentir, on peut contacter Véronique Vincent au 819 604-0963 et Sylvie Bernier au 819 740-4811.