Démolition annoncée… et sous haute surveillance

S’il existe un chantier sous surveillance, c’est bien celui de la restauration du Grand Union au centre-ville de Victoriaville. Sous haute surveillance!

Encore cette semaine, il risque de s’attirer une foule de curieux alors que, annoncée deux fois plutôt qu’une, la démolition de la partie arrière doit commencer. Un contretemps a reporté au lendemain les travaux prévus pour lundi, comme l’avait annoncé, dimanche soir, Max Sévégny, copropriétaire du bâtiment centenaire avec Guy Aubert. Il fallait d’abord ériger un mur temporaire afin d’éviter que l’édifice se retrouve à découvert.

M. Sévégny estime à trois ou quatre jours le chantier de démolition de cette aile arrière, laquelle représente environ le tiers de la superficie de l’ancien hôtel.

Il reprendra ainsi ses dimensions originelles. La démolition de cette portion de l’édifice permettra à la Ville d’agrandir son stationnement De Bigarré, elle qui a acquis 8000 pieds carrés de ce qui était le terrain de l’hôtel.

Les propriétaires ont prévu ajouter un ascenseur à l’arrière de l’édifice de trois étages. Il y a quelques semaines, des internautes s’étaient inquiétés du démantèlement de la marquise. Les propriétaires en reconstruiront une autre au printemps, le style de la nouvelle s’inspirant de l’ancienne. L’enlèvement de la marquise avait attiré une foule de curieux.

Des fenêtres en PVC?

«Nous n’avons remplacé aucune fenêtre!», s’est exclamé Max Sévégny. Il a ainsi répliqué à celui qui s’est adressé, indigné, à la Ville de Victoriaville pour lui reprocher d’avoir autorisé les propriétaires à installer des fenêtres en PVC sur un bâtiment historique.

Ces fenêtres en PVC étaient déjà là, installées depuis au moins une dizaine d’années, estime M. Sévégny. C’est que le revêtement de brique passé du blanc au rouge a eu pour effet de faire ressortir le blanc de ces fenêtres, poursuit-il. Les fenêtres qu’on changera, dans les lucarnes, seront d’un tout autre matériau.

Plainte à la CCQ?

Guy Aubert, également propriétaire du 3, rue de la Gare, avait déjà dit, à l’occasion d’une entrevue avec le www.lanouvelle.net, que cet ouvrage de restauration tout aussi monumental que le Grand Union suscitait énormément de commentaires. «Je constate que c’est la bâtisse la plus aimée de Victoriaville», avait-il alors déclaré.

Et c’est peut-être parce que le bâtiment est tant chéri et que l’ouvrage à y faire est énorme qu’il attire autant d’attention. «La CSST débarque à tout bout de champ», admet Max Sévégny.

Encore le mois dernier, la Ville de Victoriaville recevait une lettre anonyme signée par «un entrepreneur furieux» qui déplorait que la Ville ait subventionné une partie des travaux alors qu’y travaillaient des ouvriers «sans carte de compétence», prétendait-il.

«En tant que citoyen de Victoriaville, je paie une partie de cette subvention de 200 000 $ et en tant qu’entrepreneur, je me fais (sic) voler mon travail par des individus sans scrupule», écrivait-il dans cette lettre dont le www.lanouvelle.net a reçu copie. L’entrepreneur «furieux» souhaitait que la Ville mène des vérifications et disait avoir acheminé une plainte à la Commission de la construction du Québec (CCQ).

Interpellé sur ces questions, le maire Bellavance aurait voulu s’adresser directement à l’entrepreneur. «Mais il est resté anonyme.» La Ville tient pour acquis que les propriétaires se conforment à la Loi, soutient le maire. «Ce n’est pas à nous d’aller vérifier sur les chantiers si les ouvriers ont la compétence pour le faire. Nous administrons un programme de subventions doté de conditions et là-dessus, celle versée au Grand Union correspondait à nos conditions.»

Le maire poursuit en disant que si, effectivement, l’entrepreneur avait déposé une plainte la CCQ, il avait eu le bon réflexe. «C’est l’instance à laquelle il lui fallait s’adresser.» À la CCQ, impossible de savoir si l’entrepreneur est effectivement passé de la parole aux actes.

«Afin de ne pas nuire au travail qu’elle effectue pour assurer la conformité sur les chantiers de construction du Québec, la CCQ ne confirme ni n’infirme l’existence de dossiers d’enquête. La CCQ peut toutefois vous assurer que, lorsqu’elle reçoit de l’information concernant une situation jugée non conforme, elle analyse toujours sérieusement cette dernière et détermine ensuite la meilleure stratégie d’intervention à déployer», nous a-t-on répondu.

Ayant eu vent de cette «plainte», Max Sévégny riposte en disant qu’il serait bien difficile de faire quelque chose d’illégal dans un chantier comme le Grand Union, «en plein centre-ville» et si hautement surveillé. La plainte provient peut-être d’un entrepreneur jaloux de n’avoir pas obtenu le contrat, selon lui.