Découvrir le Népal et ses majestueuses montagnes

À l’emploi de Lactalis depuis 17 ans, Éric Chauvette avait besoin de changer d’air. Profitant d’une année sabbatique, il est parti seul, avec son sac, le 6 mars, à destination du Népal pour un périple de trois mois au cours duquel il a, non seulement gravi des montagnes, mais vécu un choc culturel.

Jamais il n’avait pensé se rendre, un jour, au Népal, considérant le mont Everest comme un truc inaccessible. Mais des vidéos visionnées sur YouTube ont changé sa vision des choses. « J’ai appris que des treks (randonnées d’aventure) étaient accessibles à monsieur et madame Tout-le-Monde, que même des personnes âgées en faisaient », note-t-il.

Cela le convainc qu’il peut le faire. Il s’envole donc pour la capitale du Népal, Katmandou. Il y parvient 26 heures plus tard. Le Victoriavillois de 42 ans avait en tête d’effectuer au moins trois treks. Il en fera cinq, au total.

Le choc culturel, il l’a rapidement vécu dans l’avion au moment de l’atterrissage. « Quand j’ai vu les édifices à perte de vue avec le smog, je me suis demandé ce que je venais faire ici. J’avais sous-estimé l’envergure de Katmandou », confie-t-il.

En partant, Éric Chauvette n’avait rien réservé d’autre que son hôtel. Mais une fois le pied posé à l’aéroport, un homme, bien au fait des procédures, l’a pris en charge et il a été mis en contact avec un guide de l’agence Himalaya Hub Adventure.

« On m’a expliqué qu’avant d’attaquer le circuit Annapurna, il valait mieux faire le circuit Manaslu, un trek moins populaire, plus rustique, vraiment plus près de la vie des Népalais. J’y ai vu beaucoup d’ânes, de yaks. Tout est transporté à dos d’ânes. C’est comme les années 50 et 60 », raconte le quadragénaire, dépaysé.

Le hasard a voulu qu’il rencontre un couple de Montréalais, Marc-André Richard et Valérie Jolicoeur, tous deux âgés de 30 ans. « Des gens expérimentés. Je suis tombé sur du bon monde. »

Ils ont passé 31 jours ensemble, parcourant 357 km, soumis à 15 630 m de montée et 13 480 m de descente. « Je n’avais jamais rien fait de tel », raconte Éric Chauvette qui s’est rendu au Népal sans aucun entraînement particulier.

Au total, le Victoriavillois a perdu 30 livres au cours de son expédition. « Je me suis rendu compte, au début, que je n’étais pas très en forme comparativement à mes compagnons. Je tirais de la patte, au début, mais ensuite, j’étais devant et mes compagnons suivaient mon rythme, car en haute altitude, il est préférable de marcher lentement pour éviter le mal des montagnes. Ils ont décidé d’adopter mon rythme. Oui, je marche lentement, mais je n’arrête jamais. Il vaut mieux y aller lentement que d’aller vite et de prendre des pauses », explique-t-il.

En aucun moment, Éric Chauvette n’a éprouvé le mal des montagnes, même qu’il a passé outre aux journées d’acclimatation prévues normalement à partir d’une altitude de 4000 m. « Puisque tout le monde se sentait bien, on ne prenait pas de pause. Et on a réussi à faire la passe à 5106 m », dit-il avec un sentiment de fierté. « Mon guide m’a dit, après m’avoir vu au début, qu’il ne pensait jamais que j’allais réussir tellement j’étais essoufflé. On a terminé le Manaslu en 11 jours au lieu de 12. » 

Le trio a ensuite entrepris et terminé l’Annapurna qui comporte une difficulté, une pointe à 5416 m. S’en est suivi un autre trek qui se fait habituellement en 10 jours, le Annapurna  base camp qui se situe à environ 4300 m. « Ce n’est pas le plus haut, mais il donne une vue sur l’ensemble des montagnes. Le fait que ce soit moins haut, on en profite plus, car c’est moins exigeant. Profitant d’un beau ciel dégagé, c’est là que j’ai eu la plus belle vue depuis mes débuts », souligne-t-il.

Une pause

Après trois treks consécutifs, Éric et les deux Montréalais se dirigent vers Pokhara, la deuxième plus grande ville du Népal, puis ils ont pris part à deux safaris, l’un à pied et l’autre en Jeep, au parc national Bardiya à la frontière de l’Inde. 

Avec un guide, ils y ont vu la jungle et ses animaux, tigres, rhinocéros, éléphants et autres. Belle expérience, mais il était temps qu’elle finisse. « Ça a duré trois jours, il faisait 42 degrés, relate le Victoriavillois. J’ai été malade trois fois. Je ne sais trop d’où ça venait, l’eau chaude ou la nourriture, mais après deux jours, j’étais remis sur pied. »

De retour à Katmandou, Éric Chauvette se retrouve seul alors que les Montréalais retournent en Thaïlande d’où ils arrivaient au moment de leur rencontre.

Beaucoup de temps s’offraient encore à Éric, deux mois. Mais après trois treks consécutifs, tanné de la marche, il s’accorde neuf jours de congé, visitant Katmandou. « Mais on essaie de ne pas rester trop longtemps, c’est très pollué, il y a beaucoup de bruit, de circulation, beaucoup de chiens errants qui jappent la nuit », fait-il remarquer.

Deux autres treks

Tant qu’à avoir fait le voyage et disposant du temps nécessaire, Éric Chauvette décide de s’attaquer au camp de base de l’Everest à quelque 5364 m. « Habituellement c’est nuageux, dit-on, ce qui fait qu’on ne peut y voir l’Everest. J’ai été chanceux, c’était dégagé et j’ai pu y voir le sommet », se réjouit-il.

Il savoure aussi sa chance d’avoir pu rencontrer, au cours de cette expédition, l’alpiniste victoriavilloise Marie-Pier Desharnais, première Québécoise à gravir le K2. « J’ai pris une photo avec elle. On a jasé un peu, mais pas tant, elle est très populaire là-bas, elle se fait beaucoup interpellée. Tout le monde la connaît », relate-t-il.

Éric Chauvette a grimpé plus haut que le camp de base de l’Everest, parvenant au sommet du Kala Patthar à 5555 m d’altitude, le plus haut qu’il ait fait.

Comme dernier circuit, il a emprunté la trek Lang Tang Valley. « Ce n’est pas tant les hautes altitudes, c’est comme marcher dans la vallée où en 2015, un village entier a été enseveli à la suite d’un séisme qui a fait plus de 200 morts. Les Népalais nous y amènent pour relancer l’économie dans cette région très touchée. »

Conditions

L’aventurier a connu des conditions très variables durant son périple. Les températures variant d’une vingtaine de degrés au départ d’un trek jusqu’à environ -6°C. « Le plus froid que j’ai connu, c’est -10°C. Dans ma chambre, je voyais dehors. Pour me réchauffer, je me suis fait une ponce avec du rhum, de l’eau chaude et du miel », fait-il savoir.

Lors de ses randonnées, Éric Chauvette se levait vers 6 h 30, prenait le petit déjeuner à 7 h et prenait la route à 7 h 30. Les randonnées prenaient fin vers 14 h. « Il n’y avait pas grand-chose à faire. On jouait aux cartes. Je buvais de la bière, au moins une par jour. Puis on se couchait vers 20 h », signale-t-il.

Le randonneur avait toujours un toit pour coucher, des hôtels de différentes qualités. Le guide inspectait les oreillers, vérifiant la présence d’insectes. « On prend les chambres qu’on nous donne à 4 ou 6 $ la nuit, avec des matelas très minces, un lieu pas très isolé », note-t-il.

À quelques occasions, il a trouvé refuge chez des guides. Il y a vu la pauvreté, des lits sans matelas, des souris, des lézards… « À un endroit, c’était comme si je couchais dans une grange. »

Malgré cette pauvreté, Éric Chauvette retient particulièrement de son séjour là-bas que les Népalais sont heureux. « Ce sont de bons travaillants. Des gens aux bonnes valeurs, ayant une bonne philosophie. Un Népalais m’a dit que peu importe ce qui va arriver dans le monde, ils allaient toujours survivre puisqu’ils sont toujours en mode survie. Ils sont très résilients. Peu importe ce qui arrive, ils s’entraident. »

Ils les a vus enseigner aux enfants comment peindre et sculpter à la manière ancestrale pour éviter que ne se perdre la tradition. Le grand trafic, les longs voyages en autobus avec la musique à tue-tête l’ont aussi marqué.

Sur place, le Victoriavillois a beaucoup mangé le dal bhat (riz aux lentilles), se risquant une fois de manger avec ses mains comme le font les Népalais. Il a aussi vécu l’expérience de se faire couper les cheveux à deux occasions.

Avant son retour au bercail, il a visité les musées, s’arrêtant aussi dans les boutiques d’art pour ramener des souvenirs, toiles peintes à la main, couteau typique des agriculteurs népalais, tout en s’assurant de payer suffisamment pour que les artisans reçoivent une juste rétribution pour leur travail.

Son périple n’a pas été de tout repos. À bout de ses ressources, il a parfois songé à abandonner.  « Au final, tu continues, tu réussis et tu es content. Et le lendemain commence une autre journée, un autre défi. Ce n’est jamais acquis. Il n’y a jamais rien gagné d’avance », a-t-il pu constater.

Pas si facile non plus son retour à Victo. « Ici, on est dans l’abondance. Ça a été un choc de revenir », conclut celui qui, maintenant, envisage bientôt le défi des cinq sommets dans Charlevoix.