De Victo à la Californie… à vélo!

ENTREVUE. Anthony Daigle l’a réalisé son rêve, celui de toucher l’océan. Et pas n’importe comment : à vélo! Le Victoriavillois a parcouru entre 5000 et 6000 km en deux mois, roulant en moyenne 150 km par jour. Un périple qui change de quoi, intérieurement. Rencontre avec un jeune homme qui n’a rien d’un athlète en particulier.

Ce projet de voyage remonte à l’époque où Anthony Daigle cueillait des petits fruits en Colombie-Britannique. Il avait alors mijoté l’idée de revenir au Québec à vélo avec un ami, Jérémie. Mais cette idée n’aboutira pas. «De retour au Québec, on s’est dit : allons travailler, puis nous irons en Californie à vélo», confie Anthony.

Le jeune Victoriavillois disposait de six mois pour réaliser son projet qu’il a finalement accompli en deux mois, entre le 27 juin et le 31 août.

Anthony Daigle a entrepris son périple, en duo, avec son ami Jérémie. Ils rouleront ainsi ensemble quelque 3000 km, la moitié du parcours. Après quoi, leur chemin se séparera. C’était au Nebraska.

«On a roulé ensemble un mois. À deux, c’est bien, on se motive au besoin. Mais seul, on roule plus vite, on s’arrête moins souvent», mentionne le jeune homme.

Qu’on se comprenne bien, Anthony Daigle n’est pas un athlète. Il n’a entrepris aucun entraînement particulier avant d’enfourcher son vélo pour son long voyage.

Ce qui ne l’a aucunement empêché de pédaler, pendant deux mois, à raison de sept à huit heures par jour. Parti de Victoriaville, le cycliste a pris la direction de l’Ontario pour ensuite filer vers sa destination finale, traversant, pour ce faire, le Michigan, l’Indiana, l’Illinois, l’Iowa, le Nebraska, le Wyoming, l’Idaho pour enfin parvenir à l’Oregon où il a senti l’océan, et à la Californie.

Pour Anthony Daigle, cette longue odyssée se voulait un rêve, un challenge personnel. «Je voulais en profiter pour faire une longue méditation pour la vie», affirme-t-il.

Et le jeune homme n’a pas opté pour le grand luxe, roulant sur un vélo sport de l’année 1982. Une bécane qui, au fil des semaines, a subi certaines transformations. «Les pièces ont été pratiquement changées de A à Z», souligne Anthony, victime, au total, de huit crevaisons sur la route.

Des anecdotes

Le Victoriavillois revient de son expédition la tête remplie de souvenirs et de certaines anecdotes. Comme ce jour-là, dans une bibliothèque au Nebraska, une dame vient avertir les gens de se diriger rapidement vers un abri contre les tornades. «J’ai quand même pris le temps de sortir et j’ai aperçu la tornade à proximité», raconte-t-il.

Tout au long de sa randonnée, Anthony Daigle créchait un peu partout avec sa tente, dormant parfois à la belle étoile, jamais dans les campings, sauf à deux occasions.

Un jour, en Idaho, entre deux villages, le cycliste, à bout de force, est contraint de s’arrêter. «Je n’avais plus d’énergie», se rappelle-t-il.

Il décide d’y passer la nuit. La noirceur venue, Anthony, campé dans sa tente, entend les coyotes hurler à proximité. Malgré tout, le sommeil a réussi à le gagner.

Les montagnes

La visite des villes, très peu pour lui. Anthony Daigle a particulièrement apprécié les décors montagneux du Wyoming. «C’est ce qui m’a le plus appelé, les montagnes», note-t-il.

S’accordant un jour de repos, il en a profité pour gravir à pied deux montagnes, passant même une nuit sur l’une d’elles.

Ces montagnes, par ailleurs, ne l’ont pas trop ralenti. «Ça montait tout de même lentement», précise-t-il.

Le Victoriavillois se considère aussi chanceux, ayant la météo de son côté. Il n’a connu que six jours de pluie durant son périple.

Par contre, parvenu en Oregon, le brouillard s’est mis de la partie. «Trois jours de beau temps sur une semaine», signale-t-il.

Au fil de ses différentes rencontres, Anthony Daigle a connu la générosité des gens qui, parfois, lui ont payé un repas ou offert l’hospitalité. «On apprend de chaque personne», souligne Anthony qui en était à son tout premier passage en sol américain.

Un être transformé

Anthony Daigle n’exprime aucun regret. Avec un peu de recul, peut-être aurait-il pu, avant le départ, effectuer quelques recherches et préparer un tant soit peu son itinéraire.

Mais, au fond, le jeune homme apprécie l’improvisation. «Je suis parti à l’aventure, sans rien. J’aime les imprévus», confie-t-il.

Questionné sur ce qu’il retire de son expérience, Anthony Daigle estime avoir acquis davantage de détermination. «Ça avait commencé d’ailleurs en Colombie-Britannique. Les voyages forgent le caractère, la personnalité. C’est difficile de décrire ce qui se passe en dedans, mais il y a quelque chose de changé», exprime-t-il.

Le jeune homme, en roulant près de 6000 km, a bénéficié de beaucoup de temps de réflexion. «On pense à beaucoup de choses. On vit toute une gamme d’émotions variées et intenses», dit-il.

Sandrine Hélie, la copine d’Anthony, à sa façon de voir les choses. «C’est comme s’il était sur pause pendant deux mois. Et maintenant, il appuie sur "play"», note-t-elle.

Ainsi, le Victoriavillois a repris le boulot au Carré 150. Il entend aussi effectuer un retour à l’école pour terminer ses études secondaires et compte poursuivre sur la voie de la massothérapie.

Mais déjà, à son programme, figure un autre voyage. Avec Sandrine, son amoureuse, qu’il devrait aller rejoindre au Maroc, l’été prochain, une fois qu’elle aura terminé son voyage humanitaire en Afrique. Un voyage en Europe sur le pouce avec leurs sacs à dos, prévoient-ils.

L’entrevue, Anthony Daigle la conclut par une invitation à réaliser ses rêves, qu’ils soient professionnels ou personnels. «Faut juste y croire. Et on apprend de quoi dans chaque petite chose de la vie», termine-t-il avec philosophie.