De maire à député, Alain Rayes a fait jaser

RÉTROSPECTIVE. Pour dix de nos 17 répondants, la décision d’Alain Rayes de quitter la mairie de Victoriaville afin de briguer les suffrages à l’élection fédérale du 19 octobre s’inscrit parmi les événements marquants de l’actualité régionale.

Pour trois d’entre eux, c’est d’ailleurs l’événement le plus marquant.

Qu’on l’ait inscrit en première, en deuxième, en troisième position, même en quatrième parce que l’on s’est permis, dans certains cas de soumettre quatre options, il y a toutes sortes de manières d’aborder le sujet.

Coordonnatrice du Festival de la paix, Anne Beaumier parle de la «perte de notre maire», dont elle dit qu’il a été un maire exceptionnel, apprécié par une majorité de personnes, «toujours prêt à rencontrer les organismes, les citoyens et entreprises».

Elle a accueilli avec une «immense tristesse» la nouvelle qu’il allait rejoindre les rangs de Stephen Harper. «Je lui souhaite d’avoir autant d’impact qu’il désirait en avoir dans ses nouvelles fonctions et une superbe expérience au Parlement d’Ottawa. Je fais le vœu, pour 2016, que son successeur soit une personne de vision, d’ouverture et d’inclusion.»

Isabelle Voyer, directrice de la Sécurité alimentaire, a aussi choisi le départ d’Alain Rayes comme étant l’événement le plus marquant. Il a créé une «double commotion» dans la population, lui qui était considéré comme une «star» et qui brillait depuis six ans, a-t-elle dit. En choisissant le parti de Stephen Harper, il a suscité des réactions très critiques à son endroit, souligne encore Mme Voyer.

«Tout a été dit de cette décision qui a créé beaucoup d’«impact» dans la communauté, affirme l’industriel Alain Dumont, président de Fournitures funéraires Victoriaville. Parlant de cette décision, il dit encore qu’«elle va permettre à la municipalité d’avoir un nouveau maire… malheureusement pas une mairesse!!!», s’exclame M. Dumont qui avait soutenu la dernière campagne électorale de la conseillère municipale Caroline Pilon. Mme Pilon a annoncé il y a quelques jours qu’elle ne briguerait pas la mairie.

Le directeur du Club de golf de Victoriaville, Alain Danault, résume les faits en rappelant qu’Alain Rayes a récolté près du tiers des votes des électeurs, après avoir, pendant six ans, «abattu un travail colossal à la tête de la Ville de Victoriaville. Il était très près des citoyens autant physiquement que virtuellement».

M. Danault fait aussi allusion aux «sentiments partagés» qu’a dû éprouver Alain Rayes le soir de l’élection, son parti ayant été victime du raz-de-marée des libéraux de Justin Trudeau. «Un mal pour un bien», poursuit M. Danault, dans l’opposition, M. Rayes pourra se familiariser avec l’appareil gouvernemental.

Le directeur conservateur du Musée Laurier, Richard Pedneault, dit qu’il a adoré voir comment, dans les journaux et les médias sociaux, la population a réagi face à l’annonce de M. Rayes de porter la bannière du Parti conservateur. «On disait que la population n’est pas politisée. Alors je crois aujourd’hui que cela n’est pas vrai.»

Comédienne et humoriste, Brigitte Charpentier a fait de cette annonce son deuxième choix d’événement marquant. Elle était contente que M. Rayes se lance en politique fédérale, parce qu’elle croit en ses capacités. Elle n’était pas surprise de son choix, puisqu’elle se souvenait qu’il avait porté la bannière de l’Action démocratique du Québec au scrutin provincial de 2003. Elle croit toutefois qu’il n’a pas fait le bon choix. Allumé, sportif, père de trois enfants, provenant du monde de l’éducation, «très ministrable», il aurait mieux cadré avec le libéral Justin Trudeau, dit-elle.

La femme d’affaires Vicky Côté et l’abbé Gérard Marier placent respectivement au troisième et au deuxième rang de leur liste le départ de la mairie d’Alain Rayes. La propriétaire du Caméléon observe que même si M. Rayes avait la faveur du public, quelques-uns de ces gestes ont été controversés durant la campagne.

L’abbé Marier rappelle que son choix de couleur politique a semé scepticisme et controverse. «Le maire pensait mieux servir ainsi la population, en se voyant vraisemblablement ministrable. «J’apporte avec moi mes convictions», disait-il. Mais la vie politique est ainsi faite qu’elle est attirante, voire fascinante avant le jour des élections, comme celui du 19 octobre, mais souvent douloureuse le lendemain», écrit le prêtre.

Le principal intéressé Alain Rayes inscrit son élection à sa liste d’événements marquants de l’année 2015 – son deuxième après le Carré 150 – le premier de sa feuille de route personnelle.

«Ce sera un immense défi et un grand honneur pour moi de porter les enjeux de notre région au plus niveau gouvernemental afin de prendre la place qui nous revient», dit-il, remerciant les gens de lui avoir confié le mandat de les représenter et de s’engager dans une zone d’influence régionale plus grande voire nationale.

L’entrepreneur Étienne Bergeron, également président de l’Association provinciale des constructeurs d’habitation, dit que les élections fédérales ont privé Victoriaville d’un bon maire, mais que le député Rayes l’assure d’une représentation forte à Ottawa malgré le fait qu’il soit dans l’opposition.