De l’Hôtel-Dieu à Trois-Rivières : Victo craint les pertes

SANTÉ. À l’instar des technologistes médicaux, la Ville de Victoriaville réclame aussi un moratoire sur le projet Optilab du ministre Barrette visant à centraliser dans un laboratoire serveur de Trois-Rivières une grande partie des analyses actuellement effectuées au neuvième étage de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

La Ville partage les appréhensions de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux formulées par Véronique Neth, présidente de l’exécutif local de ce syndicat.

Mme Neth, présente à la séance du conseil, avait auparavant convaincu les élus d’appuyer une pétition réclamant le moratoire lors d’une rencontre privée le 1er septembre.

Le maire Bellavance a indiqué que la Ville craignait aussi que cette réorganisation menace la santé de la population et l’économie de la région.

Il a expliqué que selon le projet Optilab (Optimisation des laboratoires de biologie médicale du Québec), quelque 60% des prélèvements des patients d’ici prennent le chemin du serveur central situé au pavillon Sainte-Marie à Trois-Rivières.

Actuellement 55 technologistes médicaux travaillent à l’établissement de l’ancien CSSS d’Arthabaska-et-de-L’Érable pour effectuer les analyses.

Le syndicat croit qu’il serait plausible que 60% de ces techniciens se retrouvent sans emploi ou soient déplacés, même si ce n’est pas l’information véhiculée par les dirigeants, précise-t-il.

Au-delà des pertes d’emploi, Mme Neth fait état de ses inquiétudes quant à la qualité des services, parlant des coûts et des inconvénients de transporter des prélèvements vers Trois-Rivières.

«Le transport d’échantillons, parfois sur de longues distances, occasionne des pertes de spécimens et des retards dans les résultats des analyses, ce qui oblige plusieurs patients à reprendre leurs examens (prise de sang, ponction lombaire, biopsie)», constitue l’une des considérations que fait sienne la Ville de Victoriaville dans la résolution adoptée au conseil municipal. Des cas gênants commencent à surgir dans les médias, note-t-elle encore, des prélèvements ayant été égarés ou entreposés dans de mauvaises conditions.

Ce projet du ministère de la Santé et de Services sociaux suscite de la grogne un peu partout au Québec, puisque tous les établissements sont concernés. Selon la proposition ministérielle, 34 laboratoires serveurs desserviraient une centaine d’établissements. Il n’y aurait qu’un seul laboratoire serveur pour la «grappe» des établissements de tout le Centre-du-Québec et de la Mauricie.

Une pétition réclame un moratoire afin que du temps soit pris pour consulter et informer, pour s’assurer que le nouveau système soit sécuritaire et pour démontrer qu’il générera vraiment des économies.

La démarche Optilab viserait effectivement à économiser de l’argent, les technologies étant de plus en plus coûteuses, soutient-on. La proposition de regrouper les services de biologie médicale dans une trentaine de serveurs centraux aurait pour effet d’amortir les investissements, peut-on lire dans les documents gouvernementaux.

La centralisation permettrait aussi d’augmenter l’efficience du service, certains actuels laboratoires peinant à répondre aux exigences de l’agrément, lit-on également. Enfin, le ministère fait état d’un grand nombre de départs à la retraite parmi les technologistes médicaux au cours des prochaines années. Il précise que les préoccupations quant aux ressources et au fonctionnement des laboratoires ne datent pas d’hier, ayant été soulevées dès 1999 par le Vérificateur général.

Quoi qu’il en soit, la Ville de Victoriaville ne fait pas exception quant à sa prise de position, les technologistes médicaux ayant aussi obtenu l’appui d’autres municipalités comme Amqui, Rivière-du-Loup, Gaspé, Sept-Îles, Sorel-Tracy, Havre-Saint-Pierre et Port-Cartier, notamment.