De l’honneur, de la fierté… et du stress post-traumatique

VICTORIAVILLE. Lors des cérémonies du Jour du Souvenir à Victoriaville samedi, Rollande Desrochers représentera la Mère canadienne. Contrairement à certaines de ses prédécesseures, elle ne pleure pas la perte d’un fils, mais est prête à témoigner du stress post-traumatique qui accable son époux, Jacques.

Il sera d’ailleurs à ses côtés au cénotaphe, comme il l’est au moment de l’entrevue.

Lui aussi, comme le Vétéran de l’année, René Sénéchal, s’était enrôlé dans l’aviation royale du Canada. C’était en 1968. Et lui aussi a dû renoncer, en raison d’un problème visuel, à piloter des avions.

Il ne s’est jamais remis de ce 9 août 1974 alors qu’un missile syrien a abattu un avion en plein vol. «Neuf Canadiens sont morts. Des militaires que je connaissais. J’aurais dû être dans cet avion.», dit-il, avec, encore de la détresse dans la voix et le regard.

Il a toutefois fallu des années pour mettre un nom et établir un lien entre la condition dépressive du sergent Desrochers et le choc vécu en 1974.

Sa carrière comme gestionnaire d’escadrille de la première division aérienne et qui l’a fait séjourner jusqu’en Allemagne et en Égypte a pris fin beaucoup plus tard, en 1995.

Dépressif, sans voix, sans tonus, M. Desrochers s’est retrouvé pendant un mois à l’Hôpital des vétérans de Sainte-Anne-de-Bellevue, là même où le général Dallaire a dû séjourner.

Son apparente jovialité, le sergent Desrochers dit la devoir à ses 23 pilules quotidiennes et à son psy qu’il continue de consulter régulièrement.

«Je ne voulais pas ça pour mes enfants!», dit Mme Desrochers, parlant de leurs deux garçons.

Reste que d’incarner la Mère Canadienne constitue un honneur pour elle, une façon de témoigner sa solidarité à l’égard des épouses, des mères de militaires disparus ou blessés. «Et puis, j’ai aimé cette vie», dit-elle, ayant toujours suivi son mari dans ses déplacements.

«On n’a jamais longtemps été séparés», dit M. Desrochers. Il fait l’éloge de sa «bonne épouse», disant qu’elle mérite bien l’honneur qui lui échoit cette année. «Elle a fait son shift!».

Elle-même dira que malgré ses «sautes d’humeur» son mari est foncièrement un «homme bon», s’estimant chanceuse d’avoir pu être toujours auprès de lui, contrairement à certaines épouses qui restent au pays lors de missions de plus en plus longues à l’étranger.