Crise des liquidités et endettement massif : les principales inquiétudes des PME
Les factures mensuelles à payer et les dettes qui s’accumulent sont à la tête des nombreuses préoccupations actuelles des propriétaires de PME. C’est ce que révèle un nouveau sondage réalisé par la Fédération Canadienne de l’Entreprise Indépendante (FCEI).
«Les subventions tardent à arriver alors que 30% des PME n’ont pas de liquidités pour payer leurs factures d’avril. Les propriétaires d’entreprise ne sont pas tous admissibles aux programmes de soutien financier et plusieurs mesures mises en place reposent essentiellement sur des reports ou des prêts. Tout cela s’ajoute à la crainte de se retrouver, au sortir de la crise, avec une montagne de dettes difficiles ou impossibles à rembourser. La situation est très inquiétante. Il faut trouver des solutions rapidement. Tout le monde s’inquiète que les restrictions quant aux fermetures d’entreprises qui se poursuivent, soient économiquement insoutenables», déclare Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.
Les résultats du sondage montrent que de nombreux propriétaires de PME (44 %) prévoient faire une demande de prêt via le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes. Le cinquième (20 %) ne sont pas admissibles et seulement 11 % pensent ne pas en avoir besoin. Pour rappel, ce programme est offert aux entreprises dont la masse salariale est comprise entre 50 000 $ et 1 million $ et doit leur permettre d’accéder à des prêts sans intérêt d’une valeur maximale de 40 000 $. Le quart du prêt (10 000 $) pourrait être gracié plus tard.
«Ces prêts ne sont pas octroyés assez vite. Nous recommandons fortement que le critère de la masse salariale soit aboli et que la première tranche de 10 000 $ du prêt soit remplacée par une subvention qui soit disponible rapidement. Cela pourrait donner des liquidités maintenant à des entreprises qui en ont un criant besoin pour survivre», ajoute M. Guénette.
Il est aussi important de noter que le loyer est l’un des principaux coûts mensuels des entreprises. Parmi celles qui paient un loyer, soit près du deux tiers des sondées, 61 % s’en sont acquittées ou prévoient en payer la totalité au cours du mois d’avril. Notons que près d’une PME sur quatre s’est entendue avec son propriétaire pour reporter ce paiement. Mais la plupart des autres (7 %) indiquent ne pas être en mesure de payer la totalité de leur loyer et n’ont pas d’entente avec leur propriétaire.
«Les chefs de PME ont fait des pieds et des mains pour réussir à payer leur loyer d’avril, précise M. François Vincent, vice-président Québec à la FCEI. Si rien ne change, ils seront nombreux à vivre un véritable cauchemar en mai. Les provinces peuvent faire une différence en réduisant l’impôt foncier et en offrant une subvention locative aux entreprises durement touchées, surtout que plusieurs sont contraintes d’être fermées par les règles provinciales. Aujourd’hui, 20 % des entreprises canadiennes demeurent complètement ouvertes et ce sont 12 % seulement qui le sont aussi au Québec.»
Les résultats du sondage démontrent aussi que :
- 50 % des PME canadiennes pensent que leur gouvernement n’en fait pas assez pour aider les entreprises (32 % pensent que oui et 16 % n’ont pas d’opinion).
- 63 % des entreprises au Canada et au Québec estiment qu’elles ne pourront pas compenser leurs pertes de revenus une fois la crise de la COVID-19 passée.
- 42 % des chefs d’entreprise canadiens disent que c’est facile en ce moment pour leur entreprise de traiter avec leur institution financière et 26 % sont d’avis contraire.
Compte tenu des réponses recueillies auprès de ses membres, la FCEI fait les recommandations suivantes :
- S’assurer que les prêts du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes soient disponibles le plus rapidement possible, éliminer le critère de la masse salariale et transformer la tranche de 10 000 $ remboursables en une simple subvention disponible rapidement
- Les provinces devraient offrir aux entreprises des subventions locatives qui leur permettraient de couvrir leurs coûts fixes. La FCEI continue de recommander des subventions provinciales de 5 000 $ par mois à ceux qui sont forcés par leur gouvernement provincial de fermer complètement ou partiellement leur entreprise et à ceux qui sont les plus touchés par les pertes de revenus.
- Les propriétaires d’entreprise et les travailleurs autonomes devraient pouvoir être en mesure de gagner des revenus limités tout en demeurant admissibles à la Prestation canadienne d’urgence (PCU).
- Les provinces devraient réduire immédiatement de 25 % l’impôt foncier commercial en exigeant que cet allègement soit transmis aux locataires commerciaux.
«Si les gouvernements ne prennent pas maintenant les mesures qu’il faut pour assurer la survie des petites et moyennes entreprises, les effets néfastes se feront ressentir pendant des années. Les PME créent des emplois pour des millions de Canadiens et de Québécois. Ce sont elles qui composent le tissu de nos communautés. Beaucoup de PME ont besoin de notre support, espérons qu’on ne les abandonne pas à leur sort», conclut M. Vincent.
Pour en savoir plus, consultez les résultats du sondage.
À propos de la FCEI
La FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante) est le plus grand regroupement de PME au pays, comptant 110 000 membres dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Elle vise à augmenter les chances de succès des PME en défendant leurs intérêts auprès des gouvernements, en leur fournissant des ressources personnalisées et en leur offrant des économies exclusives. Visitez fcei.ca pour en savoir plus.