COVID-19 : collecte d’urgence de La guignolée des médias

Avec la crise actuelle, les demandes aux comptoirs d’aide alimentaire ont fortement augmenté du jour au lendemain; des hausses de 30% jusqu’à 300% ont été observées dès les premiers jours de la pandémie partout au Québec.

«C’est une situation jamais vue, dit Daniel Tremblay, président du conseil d’administration de l’organisme Banques alimentaires du Québec. Dans une crise locale qui affecte la sécurité alimentaire, les autres régions, provinces ou pays peuvent aider. Or, comme la pandémie a ses effets partout, l’entraide entre nous prend donc encore plus de sens.»

La pression subie par ces comptoirs ne diminuera pas avec la fin du confinement. «Elle persistera de 12 à 24 mois après coup. De fait, chaque jour depuis mars, on voit parmi ceux qui nous sollicitent de nouveaux visages, des gens qui n’auraient jamais pensé recourir à ce service dont ils constatent l’importance aujourd’hui.»

«Cette situation est attribuable aux centaines de milliers de pertes soudaines d’emploi causant des baisses radicales des revenus, indique pour sa part Geneviève Mercille, chercheure au Centre de recherche en santé publique et professeure adjointe au département de nutrition de l’Université de Montréal. En parallèle, il ne faut pas oublier l’arrêt forcé des services des groupes d’aide aux repas, soupes populaires, repas communautaires, popotes roulantes et cuisines collectives.»

Selon elle, d’autres hausses majeures marqueront les prochaines semaines. «Pour plusieurs, le comptoir d’aide alimentaire constitue une ressource ultime. Donc, actuellement, ils pigent dans leurs économies ou sollicitent la famille afin de se nourrir. Une fois ces options épuisées, ils vont recourir aux comptoirs. Toutefois, les réserves de ces derniers sont déjà nettement insuffisantes.»

Urgence actuelle et future

Devant cette précarité qui s’amplifiera chaque jour, La guignolée des médias déploie une collecte d’urgence visant à nourrir des milliers de Québécois.

Jusqu’au 31 mai, tous les dons en argent (même les plus petits) sont acceptés sur le microsite guignolee.ca créé par l’agence numérique Riposte (reçus fiscaux émis à compter de 20 $). On peut aussi texter JEMANGE au 20222 pour un don de 10 $.

Les dernières semaines nous ont clairement montré que personne n’est à l’abri d’une perte immédiate d’emploi ou de revenu. Par conséquent, l’initiative s’inscrit dans un contexte jamais vu de solidarité et dans le respect des moyens financiers de chacun. Les gens épargnés ou moins frappés par la crise sont donc invités à contribuer à ce nécessaire élan collectif d’entraide.

Neuf personnalités en renfort

L’opération est soutenue par une campagne publicitaire intitulée Le confinement, ça donne faim, conçue par Tam-Tam\TBWA. Elle comprend notamment des exécutions télé et radio au son de la chanson Moi j’mange d’Angèle Arsenault, chantée par Guylaine Tanguay, en compagnie du comédien Vincent Graton et de Jennifer Seguin à la narration. De récents porte-parole de La guignolée des médias viennent aussi en renfort pour stimuler la générosité. Il s’agit de Mélissa Bédard, Bob le chef, Jean-Philippe Dion, Stéphane Fallu, Danièle Henkel, Bianca Longpré et Patricia Paquin.

Sur le plan créatif, l’enjeu consistait à avoir une résonnance dans le climat actuel et un impact sur les plus privilégiés qui ont encore un emploi ou de quoi manger aujourd’hui, indique Geneviève Dussault, directrice-conseil de Tam-Tam\TBWA.

On a remarqué dans les médias sociaux les statuts des gens qui, à la blague ou pas, craignent de sortir du confinement avec 15 livres en trop ou ceux qui étalent de nouvelles recettes. On a mis cet engouement pour la cuisine et les autres activités de confinement en opposition avec la détresse des familles qui se demandent ce qu’elles mangeront ce soir ou demain. Donc, on souligne l’importance d’unir nos voix sous La guignolée des médias afin de donner les moyens aux comptoirs d’aide alimentaire du Québec, qui seront encore là pour soutenir les plus démunis après la crise.