Compteurs intelligents : la «Ville entre l’arbre et l’écorce»

VICTORIAVILLE. Même si Victoriaville avait adopté une résolution réclamant un moratoire sur l’installation des compteurs intelligents d’Hydro-Québec, cela n’aurait rien changé, affirme le maire Alain Rayes. «On le voit. Même dans les municipalités où un moratoire a été demandé, ça ne change pas le processus d’installation. C’est un peu comme dans le dossier des gaz de schiste. Comme ville, nous n’avons pas de pouvoir et comme maire, je respecte les champs de compétences.»

Pendant quelques mois, trois notaires et citoyennes de Victoriaville, Josée Morin, Ariane Lapointe et Nancy Bilodeau ont cru que la Ville répondrait favorablement à leur requête d’un moratoire sur les compteurs intelligents.

Elles avaient entrepris leurs démarches en mars dernier. En mai, elles recevaient un courriel de la conseillère France Auger leur apprenant que Victoriaville se joindrait aux autres villes demandant un moratoire. «Il était normal que la conseillère donne suite et à ce moment, nos études n’étaient pas finies», soutient le maire.

Puis, quelques mois plus tard, en juillet, c’est le directeur général de la Ville, Martin Lessard, qui annonçait finalement que, non, la Ville ne prendrait pas position dans ce dossier.

Un «revirement»?

«Nous avons notamment requis la présence d’un expert indépendant de la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, le docteur Marco Desjardins, accompagné de M. Pierre Pelletier, responsable du volet environnement à cette même direction, et ce, afin de nous expliquer en quoi consiste un compteur intelligent et des risques que ce dernier peut engendrer sur la santé de la population. Suite à cette rencontre la position du Conseil municipal de la Ville de Victoriaville est à l’effet que le déploiement des compteurs intelligents sur le territoire de Victoriaville ne présente aucune inquiétude de santé publique. Par le fait même, nous nous en remettons à la décision des autorités compétentes et notamment à la Régie de l’énergie, organisme chargé d’évaluer les décisions d’Hydro-Québec», écrivait M. Lessard.

Les notaires Morin, Lapointe et Bilodeau, d’abord déçues de ce qu’elles ont perçu comme un «revirement» sont revenues à la charge tout récemment. Cela à la suite d’une nouvelle diffusée par Radio-Canada (le 28 octobre) autour du scandale de compteurs intelligents ayant pris feu en Saskatchewan. Le gouvernement de cette province a ordonné à la société Saskpower de retirer les quelque 100 000 compteurs intelligents qu’elle avait installés.

Les trois citoyennes auraient souhaité qu’au moins, par mesure de précaution, le «berceau du développement durable» réclame un moratoire. Elles soutenaient même que Victoriaville se devait d’agir ainsi.

Elles reconnaissent que les villes n’ont pas de pouvoir sur Hydro-Québec, mais que, réunies et solidaires, elles en auraient un sur le gouvernement du Québec qui lui, pourrait stopper Hydro-Québec.

Les trois notaires du cabinet de la rue Laurier ne veulent pas s’en prendre à la Ville de Victoriaville, mais elles considèrent qu’on ne peut pas qualifier d’«experts indépendants» les gens de l’Agence de santé. Il était prévisible, selon elles, que des experts relevant du gouvernement du Québec défendent la position d’Hydro.

Là-dessus, le maire Rayes dit que la Ville a reconnu l’expertise de l’Agence, qu’il fallait lui faire confiance. La Ville se trouve entre l’arbre et l’écorce, a-t-il poursuivi. «On n’a pas le pouvoir d’intervenir. Si des citoyens estiment qu’il y a une problématique avec les compteurs, c’est à eux de dire non. Je les invite d’ailleurs à le faire.»

À l’étude des notaires Morin, Lapointe et Bilodeau, une pétition recueille les noms des gens réclamant un moratoire sur l’installation des compteurs de nouvelle génération, tant en raison de potentiels risques sur la santé des gens électrosensibles, que sur ses coûts et parce qu’Hydro-Québec n’aurait pas démontré la nécessité de remplacer la méthode actuelle de relève, peut-on lire dans le texte de la pétition.