«C’est une bombe dans nos organisations»

La décision du gouvernement Legault de stopper net toute l’économie du Québec, hormis les entreprises ayant des liens avec les services essentiels, a causé une commotion chez les membres du réseau des Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec (MMCQ).

«Il n’y a personne qui était prêt à ça», s’alarme Cyrille Morvan, président de l’association qui regroupe plus d’un millier de membres. Le conseil d’administration était en mode de contrôle des dommages lundi après-midi.

«En tant qu’organisation, on essaie de réunir les informations pertinentes et de les transmettre à nos membres. Mercredi, on va donner par exemple une conférence Web avec Investissement  Québec qui va expliquer ses programmes. Jeudi, c’est un représentant de Raymond Chabot Grant Thornton qui va venir expliquer les choses à faire pour assurer la pérennité de l’entreprise, le maintien du cash flow, les aspects légaux, les ressources humaines, etc.»

Cyrille Morvan comprend la décision du gouvernement du Québec, mais trouvait irréaliste de l’appliquer dans les délais prévus puisqu’à minuit hier soir, ces entreprises dites non essentielles devaient cesser leurs opérations. «Je comprends l’efficacité de la mesure. Même que je suis prêt à dire que cela aurait dû être fait il y a deux semaines.»

Le président du MCCQ note également que même les services gouvernementaux ne pourront répondre à l’arrivée massive de chômeurs. «Il  y a eu 900 000 demandes la semaine dernière et ils n’arrivaient pas à les traiter. Imagine maintenant avec 500 000 de plus dans les prochains jours? C’est impensable de tout faire dans un si court laps de temps.»

Cyrille Morvan note que les gouvernements du Québec et du Canada ont multiplié les programmes et secours financiers ces deux dernières semaines, mais personne, autant les employés que les employeurs, ne sait comment avoir accès à ces aides.

Pour le président du MMCQ, il est clair cependant que cet électrochoc ne signifie pas la mise au neutre de l’activité manufacturière. «Il y a un minimum qui va continuer à être assuré. L’ABI par exemple ne peut fermer ses cuves qu’elle vient à peine de rouvrir. Les érables vont continuer à couler, les vaches vont continuer à donner du lait, le soleil va se lever tous les matins, philosophe-t-il. Y’a juste les trains qui sont capables d’arrêter d’un coup sec au Canada… »