«C’est des peanuts» – Jean Morin
À la suite de l’accord de libre-échange récemment signé entre le Canada et l’Union européenne, Ottawa allouera 100 millions $ sur quatre ans pour aider les fromagers. Un montant dérisoire selon le propriétaire de la Fromagerie du Presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, Jean Morin.
Tout en restant calme et posé, le fromager n’est pas passé par quatre chemins pour dire ce qu’il pensait de l’aide du gouvernement canadien. «C’est des peanuts», dit-il à propos des 100 millions $ offerts.
À la suite de cet accord, le Québec devrait voir apparaître sur les tablettes des épiceries davantage de produits européens, ce qui devrait faire mal à plusieurs fromageries artisanales. À noter que ces produits européens bénéficient également d’un coup de pouce financier de la part de leur gouvernement, ce qui n’est pas le cas au Canada.
«Le volume d’aide sera réparti à tous ceux qui produisent du fromage et cette aide est mal ciblée», a estimé M. Morin. Il a mentionné que la plupart des fromages fins produits au pays proviennent du Québec.
«La dernière chose qu’on veut, c’est de devenir des assistés sociaux de ce milieu et de demander de l’aide toutes les années. Ce n’est pas ça qu’on veut, mais c’est là qu’on est rendu», a-t-il illustré.
Les 100 millions $ devraient être injectés en 2017, une fois que l’Accord économique commercial et global Canada-UE sera en vigueur. En plus de cette somme, un programme d’investissements de 250 millions $ sur cinq ans pour les fermes laitières a aussi été annoncé. Au total, l’aide gouvernementale atteindra donc les 350 millions $.
Un combat difficile
«C’est comme si on entrait dans une arène de boxe. On connaît l’adversaire et on sait qu’il est fort. Par conséquent, on ne sait pas dans quel état on va sortir du ring», a imagé Jean Morin.
Lorsqu’on lui demande s’il est inquiet pour la suite des choses, il répond par l’affirmative. «On est tous inquiets, malgré que certaines fromageries roulent bien. Ceux qui sont tous petits et qui démarrent ne passeront pas au travers. Notre seule bouée de sauvetage est la qualité et la valeur de nos produits», a-t-il conclu.