«Ça sentait le mort!», se plaignaient des locataires depuis trois mois
HABITATION. Branle-bas de combat au 82, rue Perreault à Victoriaville, alors que pompiers et policiers se succèdent depuis le début de la matinée (mardi). Dans ce complexe de 18 logements, on a dû démolir un mur pour en extraire des moules. Au moins une cinquantaine.
Ce méfait aurait été commis en fin de semaine, selon le propriétaire de l’immeuble, Jocelyn Pellerin.
Il n’en est pas à une surprise près. Une semaine auparavant, c’étaient des sardines qu’il découvrait après avoir ouvert un mur.
Pour le propriétaire comme pour les locataires Martin Paradis et Gilles Tourigny la découverte suscite à la fois du dégoût et un certain soulagement. Mais pas pour les mêmes raisons.
Parce que MM. Paradis et Tourigny en ont gros sur le cœur contre leur propriétaire à qui ils reprochent de n’avoir rien fait depuis trois mois pour trouver la source de ces odeurs malodorantes, de ces vers qui rampaient sur le tapis du couloir et jusque dans l’appartement de M. Tourigny. De ces mouches que les locataires tuaient par centaines.
«Finalement, ce n’est pas d’avoir eu le problème qui me met en colère, mais c’est qu’il ne voulait pas le régler», reproche le locataire.
Odeurs putrides, vers et mouches
Depuis trois mois, dit-il, il a tenu registre quotidien de tout ce dont il s’est débarrassé, amassant pour preuves quelques vers et mouches dans une fiole. Il a aussi conservé des traces de ses coups de fil, messages et textos qu’il a adressés au propriétaire.
Selon le locataire de 72 ans, le propriétaire ne répondait pas et ne se souciait pas de ses plaintes. «Ça sentait le mort ici, dit M. Tourigny. Il (le propriétaire) nous a fait savoir qu’on n’avait qu’à mettre du «sent-bon»… et qu’il s’en crissait des mouches.»
À plusieurs reprises au cours des derniers mois, les pompiers de Victoriaville se seraient présentés sur les lieux, sans jamais pouvoir identifier la source des problèmes dénoncés par des locataires.
M. Tourigny raconte que, après une certaine accalmie, les mauvaises odeurs étaient particulièrement prononcées à son retour dans son logement lundi après-midi. Lui et sa conjointe se sont levés en pleine nuit et c’est elle qui aurait découvert les coquillages dans un trou pratiqué dans le mur du couloir mitoyen de leur appartement. Le trou était masqué par un cadre.
«J’étais à l’intérieur de mon logement et je l’ai entendu hurler. Je suis sorti avec le projet de la défendre du bum qui la menaçait. Mais ce n’était pas ça!», raconte M. Tourigny.
De faire face à un agresseur aurait probablement été moins dégoûtant que de découvrir ces ordures dans le mur, laisse entendre le locataire.
Il habite l’immeuble depuis au moins cinq ans et ces trois derniers mois l’ont fatigué et affaibli, soutient-il. «Je me sentirais incapable de déménager, mais je réclame une diminution du prix de mon loyer.»
Le point de vue du proprio
Jocelyn Pellerin ne répond pas à cette demande disant que tout ce dossier pourrait se régler devant le tribunal.
Présent sur les lieux au moment où des ouvriers démolissaient un mur du couloir pour en retirer des dizaines de moules, M. Pellerin a accepté de s’entretenir avec La Nouvelle Union.
Il dément les affirmations selon lesquelles il n’a rien fait à la suite des plaintes formulées par des locataires. Il dit avoir changé le tapis du couloir, cherché d’où pouvaient provenir vers et mouches, fait le tour des appartements.
Propriétaire d’autres habitations multifamiliales, dont celle de la rue Perreault – depuis près d’une quinzaine d’années – il dit n’avoir jamais connu d’affaire semblable. Il a son hypothèse sur les motifs de ces mauvais coups.
Il dit qu’enfin, avec la découverte des sardines, puis des moules, il peut confier l’affaire entre les mains des policiers, ce qu’il n’a jamais pu faire jusqu’ici.
«Ils ne pouvaient faire enquête avec des odeurs seulement. Là, avec des photos et les images qu’ont peut-être pu capter les caméras de surveillance, il y a de quoi ouvrir un dossier.»
L’entrepreneur souhaite que l’enquête permette d’épingler le coupable.
Gilles Tourigny et Martin Paradis soutiennent que beaucoup de locataires ont préféré garder le silence dans cette histoire, craignant les représailles.