Budget provincial : déception à la FCCQ

Réagissant au budget présenté, mardi, par le ministre des Finances, Éric Girard, le président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, a notamment déploré l’absence de plusieurs mesures structurantes pour soutenir concrètement l’économie.

« Le gouvernement aurait eu avantage à aider davantage les entreprises québécoises pour stimuler la croissance économique. Cela aurait pu se faire en améliorant l’accès aux incitatifs fiscaux et financiers, en stimulant la productivité au travail et en renforçant l’écosystème entrepreneurial », a-t-il soutenu.

Mardi midi, lors du dîner-conférence organisé par la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable (CCIBFE), Charles Milliard a fait valoir l’importance d’un contexte fiscal favorable pour les petites et moyennes entreprises (PME) du Québec afin d’inciter les jeunes et moins jeunes à se lancer en affaires.

« La carte cachée pour augmenter les recettes fiscales du gouvernement, ce sont les entreprises. Si celles-ci génèrent plus de croissance, elles paieront plus d’impôts et embaucheront plus de travailleurs qui aussi paieront des impôts », a-t-il souligné.

Devant les gens d’affaires réunis au restaurant Luxor, le PDG de la FCCQ a fait part de certaines attentes, comme la bonification de la déduction pour les petites entreprises et un crédit d’impôt aux entreprises pour leur permettre d’acquérir de l’équipement. « L’automatisation des opérations constitue une véritable solution à la productivité. Puisqu’il y a pénurie de personnel, on doit donc améliorer la productivité en ayant de meilleurs processus d’affaires. Ce qui signifie investir dans l’innovation, la recherche et développement et l’automatisation », a-t-il confié.

Le pouvoir d’attraction des médias régionaux

Questionné sur ce qui a été fait comme représentation pour le soutien des médias régionaux par Mathieu Allard, éditeur régional des journaux La Nouvelle Union, L’Avenir de l’Érable et Le Courrier Frontenac, Charles Milliard a dit souhaiter des allègements fiscaux pour soutenir les entreprises de presse, des crédits d’impôt « pour s’assurer d’une moins grande pression pour les propriétaires ».

Du même souffle, le PDG de la FCCQ a indiqué que les entreprises et le milieu avaient leur bout de chemin à faire. « Ça marche des deux côtés. Les entreprises doivent y mettre les ressources disponibles. Et les gens doivent lire les journaux, les soutenir, s’abonner s’il y a lieu et il faut des commandites. Il n’appartient pas au gouvernement de maintenir en vie tous les médias du Canada », a signalé Charles Milliard, tout en plaidant sur l’importance des médias et le pouvoir d’attraction qu’ils constituent. « Les gens qui viennent vivre ici veulent savoir ce qui s’y passe. Les médias locaux, ce sont eux qui parlent de ce qui se passe dans le milieu, qui parlent des équipes sportives, de ce qui se passe dans les conseils municipaux. Oui, des mesures doivent faire en sorte que, financièrement et fiscalement, les propriétaires aient encore envie de continuer. Mais je vous invite aussi à les soutenir et à les consommer », a-t-il lancé.

Reprenant la parole, Mathieu Allard a dit comprendre les allègements fiscaux et les crédits d’impôt aux propriétaires. « Mais sur le terrain, ce qui aiderait véritablement, c’est le placement de publicité des sociétés d’État comme Loto-Québec et la Société des alcools du Québec qui sont carrément absents. Il n’y a aucune raison que Loto-Québec ne s’affiche pas dans le journal chaque semaine. Si tel était le cas, ça donnerait quatre pages de plus de rédaction », a soutenu l’éditeur régional.

« Bon point », a répondu M. Milliard.

Inquiet pour la restauration

Le président-directeur général de la FCCQ a aussi fait part, lors de son arrêt à Victoriaville, de son inquiétude face au secteur de la restauration. « Un restaurant qui ferme en région, cela fait une différence sur le tissu. Ce n’est pas vrai que les restaurants ne sont pas importants », a-t-il signalé tout en souhaitant de l’aide pour ce secteur d’activité.

Propriétaire du restaurant Le Luxor, Martin Garneau s’est demandé où se trouvaient les travailleurs québécois et pourquoi on fait état largement des travailleurs étrangers.

« Ils existent, ils sont toujours là les travailleurs québécois, mais les médias parlent beaucoup de la main-d’œuvre étrangère », a observé Charles Milliard.

Le PDG de la FCCQ s’est même dit « tanné » qu’on ne soulève que l’immigration lorsqu’il est question de la pénurie de la main-d’œuvre. « C’est une solution parmi d’autres options », a-t-il fait remarquer.

La mise en place d’incitatifs fiscaux pour favoriser le retour de travailleurs expérimentés de 62 ans et plus sur le marché du travail fait partie des solutions, selon lui. « Leur présence au travail, ne serait-ce qu’une ou deux journées par semaine ferait une différence. En restauration, ça pourrait notamment permettre d’éviter une diminution des heures d’ouverture et un burn-out du propriétaire », a-t-il dit.

La requalification des travailleurs et l’embauche des personnes éloignées du marché du travail, comme les personnes en situation de handicap, les autochtones et les personnes aux prises avec un casier judiciaire représentent aussi d’autres avenues. « Des gens prêts à travailler, mais qui sont victimes de préjugés, d’une méconnaissance de leur réalité ou d’un manque d’envie de comprendre leur réalité », a-t-il exprimé.

Des personnes avec un casier judiciaire, il y en a 750 000 au Québec, a-t-il précisé. « Et le taux d’emploi chez les autochtones est de 15% à 20% moins élevé. Ce n’est pas normal », a-t-il fait valoir.