Avec vue sur mer… on la crée à Warwick

ENTREPRENEURIAT. «La vue sur mer, ou on la voit ou on ne la voit pas. Nous on la voit très bien», a déclaré Judith Boulanger, qui, avec son conjoint Carl Lacharité accueillaient l’Association des gens d’affaires de Warwick dans leur nouveau bistro-boutique qu’ils appellent «Avec vue sur mer».

Il y a à la fois de l’ironie, de la fantaisie et de l’audace pour ainsi désigner un établissement ayant vue… sur la vaste intersection des routes 116 et de Saint-Albert.

Mais il y a aussi l’évocation d’un souvenir d’enfance de Judith Boulanger qui se délecte encore de ces moments où, à vélo, elle se rendait avec son parrain dans une bakery@$p> du Maine pour acheter des viennoiseries pour le déjeuner de toute la famille.

Ce sont ces «bouchées de bonheur», ce «moment de grâce» qu’elle et Carl veulent offrir dans cet établissement qu’ils ont créé à leur image dans ce qui était le restaurant Le Gourmantier. L’ancien propriétaire du resto, Louis-Pierre Pépin, y demeure présent à sa façon, lui qui se concentre à pétrir son P-Pain.

Ouvert en juin, Avec vue sur mer exploite tous les volets du bistro, a expliqué le copropriétaire : le café, le débit d’alcool, la restauration. On y sert des déjeuners, des dîners. Et on prépare des mets qu’on peut emporter pour le souper. Les plats sont cuisinés comme à la maison.

Par les objets vendus en boutique, le couple témoigne à la fois de son affection pour Warwick, de ses goûts, intérêts et coups de cœur. Des coups de cœur pour ce qui se crée ici et se manufacture ailleurs comme ces fameuses gougounes brésiliennes.

Tous les samedis depuis juin et jusqu’en octobre, les copropriétaires accueillent, pour un petit marché, des producteurs agroalimentaires dans leur cour.

Judith Boulanger est bien connue à Warwick, petite-fille de Roland Boulanger, fondateur de l’entreprise Boulanger où elle a conservé des fonctions. Originaire de Drummondville, Carl Lacharité a aussi gardé son travail à la Fédération des télévisions communautaires. Poète, il écrit et se produit au Québec, au Mexique, au Brésil, en France, en Belgique et en Haïti en décembre prochain. On comprend mieux pourquoi la boutique a son petit rayon de livres.

Les copropriétaires ne révèlent pas la taille des investissements consentis pour effectuer le lifting du bâtiment qui, depuis la fin des années 1960, a toujours abrité des restos (Le Villageois, le Café Show notamment). Ils ont toutefois créé trois nouveaux emplois, recrutant Josée Trépanier, Kim Bonin et Rose-Marie Gauthier.

Après quelques mois d’exploitation, Judith et Carl ajustent leur offre à la demande. «On a compris cet été que Warwick n’était pas une région touristique», note la jeune entrepreneure de 35 ans. C’est quand les gens travaillent que la clientèle se fait plus importante.

Et à la seule offre du croissant et du café pour le déjeuner, il a fallu ajouter l’œuf. «Mais pas un œuf sur la plaque, mais un oeuf qu’on a jazzé en le mettant au four. On veut faire les choses à notre façon. Si on se lance dans la poutine, elle sera forcément différente d’ailleurs. On veut rester qui on est. On voulait créer notre entreprise, pas devenir des franchisés de grandes chaînes», explique Judith.

Présent à l’inauguration, le maire de Warwick Diego Scalzo voit dans le nouvel établissement l’expression d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, content que des jeunes gens d’ici choisissent d’investir et de croire au potentiel de la communauté warwickoise.

Le concept du bistro-boutique est original, son nom accrocheur et son emplacement fort stratégique, a-t-il ajouté. Le maire Scalzo dit encore que les gens d’affaires de Warwick sont très autonomes, faisant allusion au fait qu’elles démarrent avec leurs propres moyens, ce qui les rend plus fortes.