«Arrogance», «mépris», «démagogie»

VICTORIAVILLE. Que le ministre Gaétan Barrette résume la demande d’un CISSS pour le Centre-du-Québec à une «bataille d’élus locaux pour des raisons électorales» a mis en colère le maire de Victoriaville, Alain Rayes. «C’est la deuxième fois que le ministre nous répond via les médias. C’est bas et méprisant envers nos citoyens et notre région. On n’est plus dans des questions de santé, mais de populisme et de démagogie», a déclaré le maire.

Quelques minutes après la conférence de presse tenue à Québec en compagnie du maire de Drummondville et de trois députés de la Coalition avenir Québec, Alain Rayes lisait la réponse du ministre Barrette à leur requête d’implanter un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) au Centre-du-Québec.

Sous la plume de Marc-André Gagnon du Journal de Québec il pouvait lire que le ministre n’avait pas l’intention de défaire ce qui fonctionnait bien, maintenant son projet de ne créer qu’un CISSS pour la Mauricie et le Centre-du-Québec.

Ce qui a fâché le maire Rayes, c’est de lire que le ministre ravalait la demande au niveau d’une «bataille locale d’élus pour des raisons électorales dont un des individus s’en va en politique fédérale», visant le maire de Victoriaville que la rumeur a déjà apparenté au Parti conservateur.

Cette réponse de Gaétan Barrette témoigne à la fois de l’attitude et du personnage, selon Alain Rayes. «Il joue au matamore. Jamais il ne se comporterait avec autant d’arrogance si son gouvernement était minoritaire», le maire disant que les autres partis politiques appuyaient la demande centricoise.

Toujours selon le maire, le ministre Barrette manque de respect non seulement envers le travail et l’énergie des élus, mais à l’égard des citoyens de la région, ainsi que des groupes qui appuient la démarche des maires. Vrai, dit-il, qu’on n’a pas entendu d’autre organisme que les chambres de commerce se prononcer en faveur d’un CISSS propre au Centre-du-Québec. «On a l’appui de groupes communautaires», affirme le maire, ajoutant que les gens ont peur que le ministre mette dans la balance le projet d’agrandissement de l’hôpital.

Le maire Rayes poursuit en disant que l’arrogance du ministre Barrette masque son absence d’arguments en faveur d’un seul CISSS implanté à Trois-Rivières. «Il a toujours dévié la discussion. Jamais, il n’a fait la démonstration qu’on aurait de meilleurs services avec un CISSS à Trois-Rivières. Pas plus qu’il n’a su nous démontrer qu’on serait pénalisé si on avait un CISSS au Centre-du-Québec. Qu’il mette le centre nerveux du CISSS à Bécancour, Drummondville ou Victoriaville et on verra comment réagira la Mauricie.»

Le maire de Victoriaville dit que la demande d’une structure propre au Centre-du-Québec ne remet pas en cause le projet de réforme du ministre de la Santé. «On n’est pas des enfants gâtés, on ne demande pas plus d’argent.»

Le ministre est «puissant?» certes, mais le maire ne perd pas espoir qu’il révise sa position, misant sur l’intervention du premier ministre Philippe Couillard qu’il espère toujours rencontrer, ayant pris le corridor politique et diplomatique pour demander cet entretien. «Est-ce qu’il cautionne l’attitude et les propos de son ministre?», demande M. Rayes précisant qu’en tant que vice-président de l’Union des municipalités du Québec, il pourra lui poser la question dès qu’il le croisera.

Puisque la prochaine session parlementaire ne commence que le 10 février, M. Rayes estime que rien n’est perdu, le projet de loi 10 sur la gouvernance du réseau de la santé ne pouvant être adopté auparavant.