Appui au projet éolien : des citoyens déplorent la décision de Victo
La décision du conseil municipal de Victoriaville, lundi soir, de donner officiellement son appui au projet éolien du promoteur Boralex ne passe pas comme lettre à la poste. Des citoyens l’ont fait savoir à la période de questions, demandant aux élus de reconsidérer leur décision et de permettre un référendum.
Cet appui au projet ne constituait pas une surprise, a rappelé le maire Antoine Tardif. « On veut permettre à Boralex d’avancer dans le projet qui représente des retombées économiques et sociales très importantes pour notre ville et notre région. Cela nous permet de contribuer à un projet qui développera de l’énergie verte et renouvelable », a-t-il fait valoir.
La question du référendum est venue rapidement par des citoyens en ligne. À ce sujet, le maire Tardif a expliqué que la Ville n’avait pas à tenir un scrutin référendaire puisqu’elle a suivi rigoureusement toutes les étapes du processus comme elle le fait pour différents changements de règlements. « Pour le projet éolien, on a tenu des séances de consultation, de signature de registre, mais aucune personne ne s’est présentée à cette séance. Tous les citoyens de la zone touchée ont également été informés par voie de dépliant. Cela fait déjà plus d’un an qu’on en parle. On a suivi le cadre réglementaire habituel, voire même plus puisqu’il s’agit d’un dossier qui est amplement discuté dans la région », a-t-il exprimé.
Prenant place au micro, la citoyenne Silvie Lemelin, en faveur des éoliennes, mais à certaines conditions, a-t-elle dit, a déploré l’absence de vrai débat et d’information. « Ce dossier, à mon avis, a été fait avec une trop grande précipitation. Ça s’est fait beaucoup trop vite et aux dépens de l’acceptabilité sociale », a-t-elle soutenu.
À cela, le premier magistrat lui a donné raison. « Je suis d’accord que c’est rapide. Aurait-on aimé avoir plus de temps, très certainement, a-t-il répondu. Mais on ne contrôle pas les échéanciers d’Hydro-Québec. On a travaillé avec les échéanciers qui nous étaient prescrits. »
Par ailleurs, le conseil municipal, a ajouté Antoine Tardif, a entendu le cri d’alarme du gouvernement relativement à une rupture d’ici 2027 au niveau de l’électricité au Québec. « Et à Victoriaville, a-t-il noté, on est très certainement en mode électrification de tous nos bâtiments, du déploiement des bornes. Notre consommation est en augmentation constante. Nous sommes donc à l’aise avec notre décision de soutenir ce projet. »
La résidente de Victoriaville a invité les élus à modifier leur position et à tenir un référendum. « Mais, à défaut, le conseil pourrait-il, à tout le moins, s’abstenir de se prononcer en lieu et place de la population, parce qu’il s’agit clairement d’un projet insuffisamment publicisé, insuffisamment expliqué aux citoyens et clairement pas très débattu. L’information a manqué », a-t-elle lancé.
Le maire de Victo a été clair : « Non, on n’a pas l’intention de reconsidérer notre décision. On a discuté de ce sujet depuis plusieurs mois. On a eu plusieurs échanges entre nous, on a fait appel à différents experts pour nous conseiller. »
De plus, il ne croit pas à une information déficiente. « Il y en a eu de l’information. Les gens ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas été informés. Peut-être que la décision prise dans la région ne vous plaît pas, mais de dire que le processus démocratique a été bafoué ou qu’il n’y a pas eu suffisamment d’informations, je ne suis pas d’accord », a-t-il fait savoir.
Un autre citoyenne, Johanne Allard, pour sa part, a souligné la division que suscite le projet et a fait valoir que les citoyens ont besoin de réponses à leurs questions et d’un lieu pour débattre.
Antoine Tardif a rappelé que le dossier fait l’objet de discussions depuis plus d’un an. Depuis, a-t-il dit, des consultations, des séances d’information ont été organisées, un site Web a été mis en place et des dépliants ont été acheminés. « On en a eu des questions et on a répondu au meilleur de nos capacités. Mais, à un moment, on a été élu pour prendre des décisions et respecter le processus démocratique, ce qui a été fait à la lettre à la Ville de Victoriaville. Aujourd’hui en toute confiance, le conseil et moi appuyons le projet. On pense que c’en est un bon et on est très à l’aise avec notre décision », a précisé le maire tout en signalant que les citoyens auront l’occasion, lors des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), de faire part de leurs récriminations.
« Oui, c’est possible d’aller au BAPE, et j’y serai. Cependant, il s’agit d’un organisme consultatif et le gouvernement peut décider d’en faire fi », a fait remarquer Silvie Lemelin avant d’interpeller les élus. « Pourquoi avez-vous si peur d’un référendum si vous êtes si fiers et si confiants? C’est possible de se revirer de bord. Pourquoi s’entêter? Osez présenter le projet en toute transparence à la population qui se prononcera et nous respecterons une décision qui aura réellement été démocratiquement prise par les citoyens », a-t-elle conclu.
« Je prends note de vos commentaires », a confié le maire Tardif, mettant ainsi fin aux discussions.