Agrile du frêne : Victo en est épargnée… pour l’instant
Depuis trois ans, la Ville de Victoriaville s’est mise en mode surveillance de l’agrile du frêne. Il s’agit d’un insecte ravageur qui connaît une progression au Québec depuis 2008. «Victoriaville est épargnée… pour l’instant. Parce qu’il est certain qu’il va arriver ici. On ne sait juste pas quand», affirme Carline Ghazal, coordonnatrice au développement durable à la Ville de Victoriaville.
Chaque année depuis trois ans, la Ville installe des pièges à la cime de cinq ou six frênes municipaux.
Juchés au printemps, ils viennent d’être descendus et il n’y avait pas trace de cette espèce d’insecte pour lequel on n’a pas encore trouvé de prédateur au Québec.
«On espère que d’ici à ce que l’agrile arrive ici, on aura développé un prédateur qui pourrait être un champignon ou une guêpe», indique Mme Ghazal.
Depuis cinq ans, la Ville ne plante plus de frêne sur son territoire afin d’éviter de multiplier les sites potentiels d’infestation. On dénombre 600 frênes sur les 6000 arbres urbains à Victoriaville. C’est sans compter les frênes de ses grands parcs et ceux des terrains privés.
Même si elle épargnée, la Ville de Victoriaville veut tout de même, à ce moment-ci, sensibiliser ses résidents afin de mener un combat préventif.
Gare au bois de chauffage
Ces temps-ci, parce que la saison du bois de chauffage bat son plein. Et que le bois de chauffage pourrait être le vecteur par lequel on «importe» l’agrile dévastateur. «On invite les gens à acheter et à brûler localement», note Mme Ghazal.
L’agrile, un minuscule insecte, sévit surtout dans la région de Montréal et en Montérégie. «Et s’il a pu survivre à un long voyage en bateau en provenance de l’Asie, on peut imaginer à quel point un petit voyage en remorque sur la 20 ne lui ferait pas de mal», dit encore la coordonnatrice.
Les établissements vendant des poêles à bois recevront de l’information et un grand panneau sera installé à l’entrée de la Ville (route 122) pour rappeler cette consigne, la même qui, au printemps, informait les campeurs.
Une fois coupé, il est difficile d’identifier ce qu’est un frêne. Le bois pourrait transporter l’insecte lui-même ou ses larves.
Enregistrer son frêne
La Ville invite également les résidents à enregistrer leur frêne à http://www.victoriaville.ca/page/509/les-arbres.aspx#agrileFrene. C’est aussi à cette adresse qu’elle offre de l’information pour reconnaître l’arbre, l’insecte, les signes d’une éventuelle infestation commençant toujours par le sommet, effeuillant graduellement l’arbre.
Cet inventaire serait utile à la Ville si, dans ses propres frênes, elle dépistait l’insecte. Elle pourrait alors, rapidement, informer les propriétaires du voisinage afin de circonscrire la propagation.
Lorsqu’ils ont à couper des branches, les élagueurs ont commencé à écorcer les frênes pour repérer d’éventuelles larves.
Pour l’instant, explique encore Mme Ghazal, il n’existe pas vraiment de moyen sûr pour éradiquer l’insecte qui, rapidement, peut tuer le frêne, toutes les variétés de cette essence d’arbre. Il existe un produit (Triazin) que l’on peut injecter sous l’écorce de l’arbre. Plus l’arbre est gros, plus il faut d’injections. «L’opération peut être coûteuse et le résultat n’est pas toujours garanti.»
La Ville veut se doter d’une stratégie en cas d’«attaque».
«On aura des décisions à prendre lorsque l’agrile s’amènera ici, dit encore Carline Ghazal… l’attendant du côté de la 122, Drummondville étant aussi aux aguets, elle qui, plus près de la Montérégie, installe une quarantaine de pièges.
Le nerf de la guerre reste toujours l’argent. «Faudra voir de quel budget on dispose lorsque le temps sera venu.»
Tenter de traiter ou bûcher? Il y a de ces paysages de Victoriaville qui seraient désolants s’il fallait abattre les frênes infestés, comme cette rangée en bordure de la rue Fortier, ceux du terre-plein du boulevard Jutras Ouest ou, pire, les beaux grands arbres du parc Bois-Francs non loin de l’école Monseigneur-Milot.
Des dépliants explicatifs papier sont disponibles dans les édifices municipaux.