A-Tribu, une toute nouvelle formation pour outiller les agricultrices

VEC entreprises et communauté, affiliée au Cégep de Victoriaville, a conçu une toute nouvelle formation en ligne s’adressant spécifiquement aux femmes gestionnaires en agriculture afin de développer leurs compétences et habiletés en gestion des ressources humaines.

Nommée A-Tribu, la formation, rendue possible par une aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), découle d’un besoin exprimé par des femmes en agriculture sur qui reposent les tâches d’organisation, de gestion du personnel et d’accueil de travailleurs étrangers temporaires. « Les femmes disaient que tout cela leur tombait un peu sur les épaules, se sentaient peu outillées et soutenaient avoir besoin de conseils », souligne Isabelle Paré, conseillère aux entreprises chez Vec entreprise et communauté.

D’autant que les agricultrices vivent une réalité qui leur est propre puisqu’elles évoluent dans un environnement familial : les enfants, l’associé souvent un membre de la famille en plus de la présence d’employés, tout cela requiert une bonne gestion des ressources humaines.

Un projet de formation a donc été élaboré, présenté et accepté. Et puis, Isabelle Paré a déniché la personne toute désignée pour dispenser la formation, Valérie Côté, détentrice d’un baccalauréat en relations industrielles, mais aussi copropriétaire, avec son frère, de la ferme laitière familiale RonCot à Saint-Flavien dans Lotbinière. « Je trouvais que c’était la personne idéale pour former les femmes et développer des outils en ressources humaines afin d’aider les agricultrices à démystifier ce qu’est la gestion des ressources humaines en milieu agricole », assure-t-elle.

La formatrice a élaboré tous les contenus de formation et les outils à partir de ce qu’ont exprimé des femmes participant à un groupe de discussion, de ce qu’elles recherchaient et de leurs besoins. Valérie Côté s’est aussi basée sur son propre bagage, sur son expérience professionnelle en ressources humaines, elle qui a déjà œuvré dans une entreprise agroalimentaire. Elle a l’expérience de la ferme familiale, elle est mère de famille et a aussi vécu l’incendie de l’entreprise. « Je peux comprendre la réalité agricole au féminin, je pense », confie-t-elle.

La formation

Le financement obtenu du MAPAQ permet d’offrir la formation à 4 cohortes de 12 participantes. Il s’agit d’une formation en ligne totalisant 36 heures et qui s’échelonnera en deux parties sur près d’une année. On souhaite rejoindre, non seulement les agricultrices du Centre-du-Québec, mais aussi celles d’un peu partout au Québec. Et peu importe le type de production, qu’il s’agisse d’une ferme laitière, d’une entreprise maraîchère ou autres, les enjeux en ressources humaines se rejoignent.

« L’objectif premier, c’est d’échanger ensemble, de se donner des outils, et de se donner confiance comme gestionnaires », indique Valérie Côté, ajoutant que les femmes trop souvent ne se voient pas comme des gestionnaires. « Pourtant, nous sommes des gestionnaires et des entrepreneures avec la grosseur des entreprises, avec l’argent et le nombre d’employés qu’on gère », observe-t-elle. Connaissant fort bien la réalité, la formatrice veut proposer des principes efficaces et applicables facilement en entreprise agricole.

Ainsi, chacun des cours comportera une partie théorique suivie d’échanges. « On va toujours échanger sur notre entreprise, sur ce qu’on est comme leader, comme gestionnaire pour se connaître, car il est important de savoir de quelle façon on communique avec les autres pour savoir quoi faire selon le moment », note-t-elle.

Les intervenantes insistent sur l’importance des échanges entre les participantes. « C’est pour ça que ça s’appelle A-Tribu, fait valoir Isabelle Paré. On veut créer un réseau, un cercle de femmes, on veut les mailler. On veut que ce soit un lieu d’échanges où elles pourront parler de leur pratique, de leurs défis, de leurs échecs. On veut qu’elles échangent entre elles, qu’elles deviennent entre elles comme une tribu devenant meilleure en gestion des ressources humaines en agriculture. »

La formation abordera différents aspects, du leadership à la planification stratégique en passant par la gestion de conflit, la gestion d’une entreprise familiale, les employés difficiles et la communication, entre autres. « On va apprendre à se connaître comme gestionnaire, apprendre à connaître notre entreprise au niveau des ressources humaines et voir ce qu’on peut améliorer.

Et en étant en codéveloppement, si j’ai une problématique précise chez moi, je vais être en mesure d’échanger avec d’autres femmes du milieu agricole et qui vivent probablement la même situation que moi. Ensemble, on va trouver des solutions »,  souligne Valérie Côté.

Certes, le contexte de pénurie de main-d’œuvre pose des défis. « Il n’y a pas de formule magique, il faut vivre avec, précise la formatrice. Mais on doit voir de quelle façon on peut s’adapter pour être performant chez nous. Et l’échange entre les participantes marié avec la théorie, c’est ce qui fera que ce sera efficace rapidement. On pourra appliquer la formation et ce qu’on apprend. »

La formation, fait valoir Isabelle Paré, pourra aussi aider à briser l’isolement. « En agriculture, on est toujours dans le même espace, la ferme, la maison. Parfois, on est trop dedans et on a de la misère à prendre un pas de recul, à aller voir ailleurs d’autres façons de faire ou à demander de l’aide. On veut briser cet isolement et mailler les femmes ensemble. »

Premier groupe

La première cohorte prendra son envol le 15 novembre. Les cours se donneront en avant-midi les mardis, de 9 h 30 à 12 h 30, et se poursuivront jusqu’à la fin janvier pour reprendre, à l’automne, avec les trois derniers cours. L’objectif de cette pause est de laisser aux participantes le temps, durant la période printemps-été, de tester les apprentissages et compétences acquises jusque-là avec la main-d’œuvre de leur entreprise souvent plus nombreuse durant cette période. Les inscriptions se font en ligne à l’adresse vecformation.ca. Un deuxième groupe devrait se mettre en branle au mois de janvier, puis les deux autres plus tard. L’objectif du Cégep, éventuellement, serait de continuer le déploiement de cohortes avec les années.