À stimuler l’envie de démarrer son entreprise

VICTORIAVILLE. «On le vivait, le rapport le constate. Il y a une baisse majeure pour le démarrage d’entreprises et c’est ce qui vient me chercher le plus», admet Jean-François Girard, directeur général de la Société d’aide au développement des collectivités d’Arthabaska et de L’Érable (SADC) parlant de l’Indice entrepreneurial québécois 2015 intitulé «Entreprendre : partout pareil au Québec?».

Directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), René Thivierge a aussi lu ce rapport réalisé par la Fondation de l’entrepreneurship et présenté par la Caisse de dépôt et placement.

Il partage entièrement le point de vue de M. Girard. Certes, dit-il, à la CDEVR, on reçoit beaucoup de demandes d’information pour démarrer une entreprise, mais peu se concrétisent.

Quelques facteurs pourraient expliquer la baisse «drastique» du nombre de créations de nouvelles entreprises, selon les deux directeurs généraux. Les emplois disponibles sont suffisamment intéressants pour retenir même ceux qui auraient des velléités d’entreprendre.

L’instabilité économique et les difficultés à trouver le financement pour démarrer constitueraient aussi des freins à l’entrepreneuriat. René Thivierge observe d’ailleurs que certains programmes d’aide au démarrage ont disparu de l’horizon gouvernemental au Québec.

Il ajoute que si le fait d’exploiter sa propre affaire comporte des avantages, il rebute aussi certains qui ne veulent pas y consacrer 60 ou 70 heures par semaine. «Les mentors le constatent. Dès qu’ils parlent du nombre d’heures que doivent investir les entrepreneurs, certains reculent.»

Vers une tertiarisation des entreprises

Un autre élément du rapport qui fait tiquer les intervenants économiques concerne le faible taux de répondants souhaitant lancer une entreprise manufacturière. C’est 4% au Québec et 16% au Centre-du-Québec.

Cela traduit bien le tissu économique de la région, note M. Thivierge. La structure économique s’appuie encore ici sur l’entreprise manufacturière. «Et, malgré cette tendance à la tertiarisation des entreprises (services et commerces), comme dit Jean-François, on va continuer de soutenir ce secteur. D’autant qu’il y a des marchés à aller chercher et à récupérer.»

Le DG de la CDEVR parle, entre autres, de la France où la conjoncture serait plus difficile pour les dirigeants d’entreprise ces années-ci. «La lourdeur administrative et fiscale incite des entrepreneurs français à venir ici ou à s’associer avec des entrepreneurs d’ici. La France c’est une belle porte d’entrée pour nous en Europe.»

Il ajoute que la production manufacturière constitue un pilier économique pour une région, alors que chaque emploi dans ce secteur génère 2,5 emplois en services.

Des signaux réconfortants

L’Indice entrepreneurial offre, par ailleurs, des signaux réconfortants quant à l’avenir des entreprises d’ici, note M. Girard, alors que le taux de reprise est plutôt élevé dans la région. Il remarque aussi que ceux qui ont envie de partir en affaires veulent le faire chez eux. Et puis, il y a dans la région une meilleure perception des entrepreneurs et de l’entrepreneuriat.

Le Centre-du-Québec entrepreneurial se confronte à certains enjeux, disent encore les intervenants économiques, alors que l’immigration est balbutiante. On aurait besoin tant des nouveaux arrivants investisseurs que des travailleurs, soutient M Thivierge.

Il y a aussi ce pourcentage de plus en plus élevé de jeunes se dirigeant vers les études supérieures qui quittent la région pour l’université…et qui n’y reviennent pas.

Reste que malgré les activités de sensibilisation à l’entrepreneuriat, le soutien au démarrage ou à la transmission d’entreprises, «la population se composera toujours d’environ 10% de gens en affaires et 90% d’employés», souligne Jean-François Girard.

Enfin, et le rapport conclut avec ce constat, l’envie d’entreprendre tenaille les communautés rurales. Ce que l’on a constaté aussi dans Arthabaska, soutient M. Thivierge, avec toutes ces initiatives et la création de services de proximité pour garder la vitalité des communautés rurales. «On a un milieu rural sain dans Arthabaska», dit-il.

À propos du Centre-du-Québec

Avec le Bas-Saint-Laurent, le Centre-du-Québec sont les régions qui concentrent le plus grand nombre de répondants issus de familles en affaires.

Plus qu’ailleurs, le fait d’être aux études est présenté dans la région comme un obstacle à l’entrepreneuriat.

Au Centre-du-Québec, prendre la relève d’une entreprise est la forme privilégiée d’entrée en affaires pour plus de 30% des propriétaires.

Le taux de perception favorable des entrepreneurs et de l’entrepreneuriat atteint 92% au Centre-du-Québec.