À 98 ans, Alfred Mailloux roule «en toute autonomie»

PORTRAIT. On rencontre toutes sortes de gens lorsqu’on roule sur le Parc linéaire des Bois-Francs. Des cyclotouristes avec leurs sacoches, des gens à bord d’un triporteur «musical», des athlètes qui s’entraînent, papa et fiston en tandem, des fillettes au casque rose chevauchant leur petit vélo tout aussi rose. Et Alfred Mailloux!

Disons-le d’emblée… M. Mailloux a 98 ans.

On a rencontré ce fidèle usager du Parc linéaire à la halte DeBilly, entre Princeville et Victoriaville.

C’est d’abord sa monture qui attire l’attention… et qui lui fait dire qu’il roule «en toute autonomie».

Il y a sept ans, son gendre lui a patenté un «bicycle électrique» avec boîte de contrôle et six batteries de 12 volts chacune. «Avec 36 volts, je peux faire jusqu’à 70 kilomètres», dit M. Mailloux.

Tous les jours, il surveille la météo et, lorsqu’elle s’annonce clémente, le Princevillois enfourche son tricycle autour de 13 h 20, emprunte le Parc linéaire, s’attarde pour jaser avec des copains à la halte DeBilly, poursuit sa route jusqu’à la Vélogare de Victoriaville et fait le tour du réservoir Beaudet et revient chez lui. Sans la jase avec les copains, c’est une randonnée de 35 kilomètres en deux heures, à une vitesse de croisière de 16 kilomètres/heure. Il pédale… à l’aller jusqu’au pont DeBilly.

Il effectue toujours le même circuit. Pour le plaisir de la rencontre des copains «beaucoup plus jeunes que moi», des gars avec qui il a travaillé à l’abattoir de Princeville (Legrade, Coop fédérée) pendant 32 ans. Et pour le paysage qu’il ne cesse de trouver beau, lui qui se décrit comme un gars de la nature, ayant chassé pendant presque toute sa vie.

«J’ai toujours fait du bicycle, dit M. Mailloux, depuis l’âge de 9 ans. Je n’ai jamais arrêté.» Il se souvient de son premier, un tricycle que son grand-père lui avait offert. «Je l’ai usé.» Celui-là est son sixième bicycle.

Les gens l’abordent parfois, pour la singularité de sa monture… et, invariablement, finissent par lui demander son âge. Il enlève ses gants, sort son portefeuille et exhibe… son permis de conduire afin de prouver qu’il est bien né le 24 juin 1918.

Mais non, son permis de conduire des voitures n’est plus valide. Depuis cinq ans. Sa vue baisse et ses réflexes sont moins bons, admet-il. Reste qu’il est vif d’esprit et observateur. «Des freins à disques?», remarque-t-il sur le vélo d’un cycliste.

Originaire de Montréal, Alfred Mailloux a perdu sa mère alors qu’il n’avait que deux ans et demi. Son grand-père maternel, résidant à Princeville, Honoré Deschambault, l’a recueilli.

M. Mailloux a toujours vécu à Princeville. Il a travaillé à la manufacture de meubles Princeville Chair pendant 15 ans, avant de se retrouver à l’abattoir d’où il a retraité il y a 35 ans parce que ses hanches le faisaient souffrir. Il en a d’ailleurs de «nouvelles» depuis les années 1980.

Marié pendant 63 ans à Annette Bergeron (décédée en 2005), il a eu une fille qui lui a donné quatre petits-enfants. Avec elle, il habite une maison qu’on pourrait qualifier de bigénérationnelle.

Il a été bénévole à l’église, «quêtant les bancs» pendant vingt ans et a couché sur papier beaucoup d’informations sur le patrimoine princevillois.

Si l’été, il pédale sur le Parc linéaire, l’hiver il s’installe à l’intérieur sur son rameur. «Pour ne pas paralyser!», dit-il en riant.

Vise-t-il le centenaire? «Je vis ça du jour au jour !», répond-il.