350 millions $ pour les producteurs de lait et de fromage
Ottawa réserve 350 millions $ aux producteurs de lait et de fromage pour les aider à supporter l’impact sur leurs industries de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (UE).
Le ministre fédéral de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, a annoncé deux programmes, jeudi matin.
Un programme d’investissement dans les fermes laitières offrira 250 millions $ sur cinq ans. Les producteurs de lait devront utiliser l’argent pour moderniser leurs équipements et accroître leur productivité.
L’autre programme — le Fonds d’investissement dans la transformation des produits laitiers — allouera 100 millions $ sur quatre ans pour que les producteurs de fromage, aussi, modernisent leurs opérations et pour les encourager à diversifier leurs gammes de produits.
Ces sommes seront injectées dès que la version provisoire de l’Accord économique commercial et global (AECG) Canada-UE entrera en vigueur, c’est-à-dire lorsque les Parlements européen et canadien l’auront ratifié. Cela devrait se produire en 2017.
En conférence de presse, le ministre MacAulay et son secrétaire parlementaire, Jean-Claude Poissant, ont préféré insister sur l’importance, pour les producteurs, d’innover et de se moderniser plutôt que de parler des pertes qu’ils encaisseront.
À la Fédération des producteurs de lait du Québec, on est catégorique : l’entrée en vigueur du traité de libre-échange se traduira par des «pertes permanentes» annuelles de 150 millions $ pour l’industrie laitière et 150 de millions $ pour l’industrie fromagère.
La timidité du gouvernement libéral à reconnaître les conséquences financières de l’arrivée prochaine, sur le marché québécois, de quelque 17 700 tonnes de fromage européen a donc particulièrement irrité le président du regroupement de producteurs, Bruno Letendre.
«Ils parlent de compétitivité, là. Ça, ça me choque un peu. Moi, j’en ai un robot, chez nous. Ça ne coûte pas moins cher faire le lait. Les vaches ne donnent pas plus de lait et ne mangent pas moins de moulée. Ça ne marche pas de même», a-t-il tranché d’un ton vigoureux.
«Le marché européen, il est contaminé par les subventions. Et là, parce qu’on va avoir à peu près 5000 $ par ferme pendant cinq ans, on (serait en mesure de) compétitionner le budget européen? C’est très décevant», a enchaîné M. Letendre.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a abondé dans le même sens.
La porte-parole du parti en matière d’agriculture, Ruth Ellen Brosseau, a déclaré par voie de communiqué que le montant prévu «est loin de réellement compenser les pertes permanentes que les producteurs subiront».