20 millions $ pour restaurer le réservoir Beaudet
C’est un projet dont les coûts sont estimés à près de 20 millions $ qu’a présenté la Ville de Victoriaville à la consultation publique portant sur la restauration du réservoir Beaudet. Les travaux consisteraient à construire une réserve d’eau brute à même le réservoir et à en draguer une partie.
Outre ces travaux qui se dérouleraient entre 2019 et 2020, le projet prévoit aussi une facture annuelle de quelque 600 000 $ pour du dragage d’entretien.
Une trentaine de personnes ont assisté à la présentation de l’étude d’impact sur l’environnement. Ce sont surtout Serge Cyr, directeur du service de l’environnement de la Ville et Yves Comtois, directeur de projet en environnement chez SNC Lavalin, qui ont expliqué le projet et répondu aux nombreuses questions des citoyens.
Le contexte
Serge Cyr a campé le contexte en rappelant que le réservoir Beaudet avait été aménagé en 1976-1977 et qu’au fil des années, l’accumulation de sédiments provenant du bassin versant rendait son eau «café au lait» de plus en plus difficile à traiter.
Il a répété qu’il se déversait chaque année l’équivalent de 1600 camions dix roues de sédiments. En 40 ans, le réservoir a perdu de sa capacité, lui qui alimente en eau la moitié de la population de Victoriaville et toute la population lorsque des pannes d’électricité paralysent les pompes des deux autres puits.
Les solutions envisagées sont le fruit de cinq ans de travail et de recherches a précisé M. Cyr. Oui, a-t-il répondu, il faut des interventions en amont pour freiner l’apport en sédiments. Il y en aura, mais elles ne pourront que réduire de 25% leur déversement. Il en coûterait énormément plus cher pour construire un bassin de décantation en amont du réservoir.
Digue et dragage
Ce projet d’ériger une digue à même le «lac» du côté de la Grande-Ligne vise à constituer une réserve d’eau brute de 30 000 mètres carrés d’où l’usine de filtration pourrait pomper l’eau pendant les jours de fortes pluies alors qu’il a forte turbidité dans le bassin. Pour cela, il faudrait ajouter deux nouvelles prises d’eau.
Le dragage du réservoir s’impose et le projet prévoit qu’il s’effectuerait dans une certaine zone à l’aide d’une drague hydraulique que la Ville se procurerait pour 2 millions $ (le prix étant compris dans les 20 millions $). Les sédiments de ce dragage initial seraient déposés à deux endroits différents, dans une zone tout près du stationnement et dans une autre destinée à devenir milieu humide de l’autre côté du barrage.
Des inquiétudes
Certains se sont inquiétés tout haut que les travaux perturbent les habitats fauniques et que la plus grande zone de disposition (de l’autre côté du barrage) ne compense pas les pertes. On craint que les travaux ne ternissent ce «bijou» qu’est le réservoir, un paradis pour de nombreuses espèces d’oiseaux.
La biologiste Christine Martineau de SNC Lavalin a indiqué que les travaux s’effectueraient en tenant compte des périodes de fraie et des deux grands moments dans l’année où les oies des neiges se déposent sur le lac.
D’autres se demandent pourquoi les opérations de dragage ne s’étendent pas sur une plus grande zone alors qu’à certains endroits, en août, le «lac» n’a pas belle apparence.
Pourrait-on envisager de redonner une surface pour la planche à voile?, a demandé l’un. Pourrait-on un jour imaginer qu’on puisse s’y baigner, a demandé une autre. Là-dessus, Serge Cyr est formel, il serait pratiquement impossible d’autoriser la baignade alors que le taux de coliformes est souvent trop élevé.
Comment payer?
Qui paiera la facture. Mes taxes augmenteront-elles?, s’est inquiété un résident non desservi.
À cela, le maire André Bellavance a répondu qu’il était trop tôt pour savoir comment se distribuera la facture et que des négociations étaient en cours avec les gouvernements. La Ville cherchera des subventions, les programmes actuels n’en offrant que pour les usines de traitement, pas pour les sources d’eau potable. «Il n’est pas dans notre intention d’ajouter au fardeau fiscal», a souligné le maire.
Une montagne de sédiments?
D’autres s’inquiètent de la nature des sédiments qu’on déposera en bordure du réservoir. Selon les premières analyses, elles ne seraient pas problématiques, a indiqué Yves Comtois.
Et les sédiments dragués annuellement, on les mettra où, faudra-t-il constituer un deuxième mont Arthabaska?, a demandé un autre citoyen. Serge Cyr a répondu que plein de lieux (agricoles) pouvaient accueillir ces sédiments.
Le réservoir Beaudet constitue-t-il un cas particulier? Yves Comtois a répondu qu’au plan technique, il ne constituait pas un cas compliqué, que le projet de restauration était justifié au plan environnemental. Il a ajouté que ce réservoir au cœur de la ville comportait par ailleurs un atout récréatif. «Il y aura des effets négatifs, mais acceptables.»
L’étude d’impact devrait être entièrement ficelée à la fin de décembre. Il fera l’objet d’une évaluation par le ministère de l’Environnement au cours de l’hiver et du printemps 2017. Éventuellement, il pourrait faire l’objet d’audiences du BAPE.