Urgence d’agir : le mouvement Mères au Front invite à la mobilisation

« Pour la fête des Mères, cette année, nous, en tant que mamans, on n’en veut pas de fleurs et du chocolat. Ce qu’on veut, c’est du courage politique. On veut que ça change. Du courage politique à la hauteur des exigences environnementales, car actuellement on est en train de détruire la planète », lancent Marie-Claude Goudreault et Johanne Saucier du mouvement Mères au front Arthabaska-Érable.

Parce qu’il y a urgence d’agir, le mouvement invite toute la population à participer, le dimanche 8 mai à Québec, à la marche Du pain et des forêts pour nos enfants. « Un événement rassembleur, politique et poétique. Ce sera un bel événement, touchant et puissant. On invite tous les citoyens et citoyennes à se joindre à nous, car c’est l’affaire de tous! C’est ensemble qu’on va y arriver, en fait », plaide Johanne Saucier.

Pour ce grand rassemblement, Mères au front fait équipe avec le mouvement Ma place au travail. « C’est un mouvement né en 2021 en raison du très gros problème de manque de places en garderie. Ce problème augmente et empêche plusieurs femmes d’aller travailler, ce qui affaiblit tout le pouvoir économique des femmes », observe Marie-Claude Goudreault, agente de développement à la Maison des femmes des Bois-Francs.

L’une des demandes invite d’ailleurs le gouvernement Legault à reconnaître légalement le droit des tout-petits à recevoir un service éducatif à l’enfance afin que chaque parent qui le désire puisse s’assurer d’une place de qualité abordable pour ses enfants.

L’autre demande concerne l’urgence climatique. Les deux organisations réclament du gouvernement une loi-cadre pour l’obliger à passer toutes ses décisions au crible de leurs impacts sur l’environnement et l’équité sociale. « Le gouvernement provincial n’écoute pas le cri d’alarme des scientifiques. C’est le constat qu’on en fait. Ce qu’on veut, c’est que le gouvernement en fasse plus et plus vite, insiste Johanne Saucier. On demande du courage politique, en fait. On sait que ça en demande. »

Si rien ne change, ajoute-t-elle, on se retrouvera rapidement comme dans un film d’horreur. « C’est dramatique. Ça presse, clame-t-elle, d’où l’importance que le gouvernement fasse plus et plus vite. Il n’est pas normal qu’un gouvernement accepte qu’une entreprise minière déverse ses déchets dans des lacs. Ce n’est pas normal, non plus, un troisième lien pour aller chercher des votes. »

Les deux femmes se désolent aussi de l’acceptation par le fédéral du projet pétrolier Bay du Nord. « Les lobbys sont puissants, rappelle Johanne Saucier. L’argent mène le monde, c’est compliqué. »

Transport gratuit pour Québec

Le mouvement Mères au front Arthabaska-Érable organise un transport gratuit, en collaboration avec la Maison des femmes des Bois-Francs et l’organisation nationale de Mères au front, en vue de la marche à Québec. Les intéressés doivent s’inscrire d’ici le 5 mai en consultant les pages Facebook de Mères au front et de la Maison des femmes des Bois-Francs. On peut aussi contacter la Maison des femmes au 819 758-3384.

L’autobus, avec 40 places disponibles, quittera Victoriaville à 9 h pour s’arrêter à Plessisville vers 9 h 30 en vue d’une arrivée dans la Vieille Capitale aux environs de 11 h. Les gens auront le temps de dîner. Ils doivent apporter leur lunch.

La marche d’un kilomètre se mettra en branle dès midi au Parc du musée à destination du parlement où se tiendront des discours et des prestations. Plusieurs personnalités y prendront part, dont Anaïs Barbeau-Lavalette, Brigitte Poupart, Laure Waridel, Françoise David, Jessica Barker, les sœurs Boulay et Danielle Proulx.

« Vous pouvez emmener la famille, les enfants, les conjoints. C’est gratuit, on veut qu’il y ait le plus de monde possible, lance Marie-Claude Goudreault. On invite aussi l’ensemble de la population à covoiturer pour venir participer à cette marche à Québec. »

Mères au front, tient-elle à préciser, se veut un mouvement très inclusif. Aussi doit-on parler de Mères au front et alliés. « Parce qu’on parle également des femmes qui ne sont pas mères, des hommes, de toutes les autres personnes qui ont une identité autre que femme ou homme, des adolescents, des enfants aussi, car on se bat pour leur futur. C’est pour eux qu’on est au front. Nous sommes vraiment mères et alliés au front », explique Marie-Claude Goudreault.

La situation actuelle, observe-t-elle, crée de plus en plus d’écoanxiété. « Plusieurs mamans ont mis au monde des enfants et se demandent s’ils vont survivre, s’ils vont avoir le goût d’avoir des enfants ou même d’avoir la possibilité de se rendre jusque-là. Moi, affirme Marie-Claude, je ne veux pas, rendue à 70 ans, devoir dire à mes enfants que je n’ai rien fait. Je pourrai dire maman a tout fait pour votre futur. »

« Une maman, renchérit Johanne Saucier, me confiait récemment l’inquiétude suscitée chez ses enfants après leur avoir parlé de la situation. C’est très délicat de parler de cet avenir qui attend nos enfants. En même temps, il faut en parler avec espoir, car c’est pour ça qu’on est là, c’est parce qu’on y croit ou du moins, il faut y croire. On ne peut rester insensible et les bras croisés sans rien faire. Nous devons bouger et nous rassembler avec l’amour comme arme de construction massive. »

Ainsi, la participation du plus grand nombre à cette marche très significative de Québec constitue, selon les Mères au front, « le plus beau cadeau de fête des Mères qu’on peut s’offrir en tant que familles, mères et société ». « Il est important de sensibiliser le gouvernement, de lui rappeler que les actions doivent être posées dès maintenant. Sinon c’est la maison qui brûle avec nos enfants pour reprendre le slogan de l’an dernier et ce n’est pas ce qu’on veut », confie Johanne Saucier.

Voilà pourquoi des mères au front comme Marie-Claude et Johanne poursuivront le combat. « Nous bercerons d’un bras et brandirons l’autre. L’amour de nos enfants est notre arme de construction massive pour la suite du monde. Nous sommes mères au front », expriment-elles en conclusion.