Une part de Victoriaville dans l’électrification des transports du Québec

Posi+ participera au projet d’intégration d’équipements et de technologies sur véhicules lourds électriques spécialisés, évalué à 15,8 M $. Le gouvernement du Québec fournira la moitié des sommes, par son Fonds vert. Pour les 180 travailleurs de Victoriaville, il s’agira d’une occasion de construire le futur.

Une ambulance, un camion de transport de marchandises, un camion atelier, un camion de transport de matières résiduelles et deux camions à nacelle, tous à motorisation électrique, verront le jour au Québec. L’objectif du projet annoncé vendredi (22 novembre) s’avère de mobiliser différents joueurs dans la production et le développement d’équipements spécialisés et de technologies pour véhicules lourds autour de La Compagnie Électrique Lion, afin de déployer les premiers véhicules lourds électriques spécialisés parfaitement intégrés. Posi+ se chargera de la conception et de la fabrication des nacelles.

Ce n’est pas d’hier que l’entreprise victoriavilloise joue un rôle essentiel dans l’univers des élévateurs à nacelle au Canada. En 1981, lorsque Bertrand Poudrier fonde son entreprise, il souhaite proposer des élévateurs à nacelle adaptés aux températures hivernales. Déjà, il connaît bien ces appareils, car il en faisait l’entretien chez Poudrier et frères. Un partenariat avec le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) favorisera la concrétisation de son ambition. «Au départ, on faisait un modèle très spécifique, qu’on appelait la 192. Au fil des années, on a développé une gamme plus étoffée et on a conquis d’autres marchés», raconte son fils, Dany Poudrier, directeur général de Posi+. Après les réseaux électriques, l’arrivée de la fibre optique mène les troupes à concevoir des élévateurs télescopiques non isolés destinés au secteur des télécommunications. Pour compléter son offre, Posi+ ajoute une gamme de grues tarières et une autre de manipulateurs de tourets. Ainsi, l’entreprise propose tous les outils nécessaires à l’installation des lignes électriques.

Profitant de son propre centre de distribution en Ontario, tous les marchés apparaissent désormais accessibles pour sa production. «On est très fort au Canada, notamment avec les sociétés d’hydroélectricité provinciales, comme Hydro-Québec et Hydro One. On est bien implanté dans les télécommunications aux États-Unis et on prend de l’expansion à travers le monde, comme en Europe, où l’on a un partenaire», note le directeur général. Pourquoi un tel succès pour le fabricant victoriavillois? Les compagnies compétitrices s’avèrent principalement américaines et titrées en bourse. Par conséquent, on y souhaite des rendements rapides. «Ils bâtissent des unités dont la durée de vie est plus courte. C’est moins robuste. Nous, on est plus haut de gamme dans le marché et on recherche des clients qui veulent conserver leurs unités plus longtemps», expose Dany Poudrier.

Longueur d’avance

Électrique Lion jouit d’une reconnaissance dans le domaine des autobus scolaires électriques. À présent, elle espère étendre son savoir-faire en électrification des transports en visant les véhicules lourds spécialisés. Pour y arriver, l’entreprise a rallié les différents chefs de file du secteur, dont Boivin Évolution, MAXIMETAL, Fourgons Transit, Demers Ambulances, PRAN et Posi+. Ce dernier reste le seul manufacturier canadien d’élévateurs à nacelle, explique M. Poudrier au sujet de leur participation pour l’ajout de leur technologie à deux camions de types dix roues et six roues. Pour Lion, il semble que la compagnie victoriavilloise constituait une valeur sûre pour la conception d’élévateurs à nacelle 100% électrique.

Déjà, Posi+ détient une expertise avec l’usage de batteries. Or, le défi ici consiste à conformer la nacelle aux deux véhicules de Lion. «Il faut amener un peu plus de technologies de notre côté pour que cette intégration soit transparente pour le client.» Comme chaque fois, les batteries doivent s’intégrer à la structure, sans enlever d’espace de travail. «Pour nous, l’innovation demeure dans l’aménagement.» Le besoin du client s’impose comme ligne directrice. Dany Poudrier pense que ce projet leur donnera une longueur d’avance sur les autres manufacturiers, qui arriveront avec des offres standardisées.

Tout à faire

Maintenant que le gouvernement du Québec a annoncé une participation de 7,9 M $, le projet peut se matérialiser. Tout est à faire. «Le but, c’est d’avoir un premier véhicule à montrer d’ici un an», de dire M. Poudrier. La contribution des entreprises qui y collaborent monte aussi à 7,9 M $.

Oui, le Québec veut avancer dans l’électrification des transports. Chez Posi+, les 180 employés de Victoriaville toucheront, à une étape ou l’autre, au projet. On pressent une fierté partagée. «On croit beaucoup au développement durable. Ça fait longtemps qu’on fait de la récupération de pièces mécaniques. D’ailleurs, on encourage nos clients à reconditionner leur élévateur lorsque leur camion est en fin de vie. Nos équipements peuvent faire deux ou trois véhicules avant d’être remisés», évalue l’homme d’affaires. L’autonomie des premiers produits pourrait apparaître limitée, puisque la capacité des batteries évolue constamment. Mais Dany Poudrier reste confiant en ce projet qu’il juge porteur d’avenir. «Plus ça va aller, plus ça sera intéressant pour les acheteurs. Pour l’instant, ce sera un véhicule utilisé facilement dans les villes», pense-t-il.

Lion constitue un nouveau partenaire pour Posi+. L’avantage, c’est que les véhicules électriques que cette compagnie développe s’avèrent adaptés à notre milieu. «Nous, on veut proposer quelque chose qui sera intégré et attrayant pour le client tout de suite. Il ne doit pas perdre de bénéfices à se tourner vers l’électrique. On souhaite qu’il en voit le bien-fondé, comme l’absence de bruit et la possibilité de se parler pendant les opérations.»

Bien sûr, la Compagnie Électrique Lion pourra vendre éventuellement ses produits aux compétiteurs de Posi+. Or, en étant le premier à se lancer, on imagine des marchés intéressants s’ouvrir, comme celui de la Californie. «Ils sont déjà à l’avant-garde pour ce qui est des véhicules électriques. Pour nous, ce projet créera aussi des portes d’entrée chez de grandes compagnies qui sont difficiles d’accès présentement», envisage Dany Poudrier.